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Quand on s’intéresse au développement du marché de la voiture électrique, il est rare que l’Australie soit citée comme une référence. Et pour cause, le pays des kangourous est loin d’être le meilleur élève dans cette catégorie de motorisation. Nous avons pris la route de Perth à Melbourne (environ 5 000 km), l’occasion de constater de nos propres yeux les lacunes en matière d’infrastructures de recharge. Si Tesla est toujours en tête des ventes, on sent bien que BYD (2e marque sur les voitures électriques) est en embuscade. On vous raconte ce qu’on a vu.
Les Australiens ont la culture du roadtrip. C’est indéniablement le pays du camping et de la caravane. Il faut dire qu’il y a de quoi s’amuser tout au long de la Highway 1, cette route de 14 500 km qui permet de faire le tour du territoire. Un périple exceptionnel pour ses paysages, mais qui semble encore inaccessible aux électromobilistes. En effet, la voiture électrique est loin d’être la norme sur les routes australiennes.
Mais ce n’est pas (que) la faute des consommateurs. Le problème vient surtout du manque d’infrastructures de recharge. La plupart des études réalisées en Australie ont d’ailleurs montré que « la disponibilité des bornes de recharge publiques était l’une des principales préoccupations des automobilistes qui réfléchissaient à l’achat d’un véhicule électrique, juste après le prix d’achat ». Le pays ne compte que 1 600 chargeurs rapides.
Pour notre aventure de Perth à Melbourne, impossible d’envisager l’électrique. Certains diront que tout est possible. Mais cette fois-ci, l’idée n’était ni de réaliser un record inutile, ni de se mettre en difficulté. Juste un roadtrip en famille. L’occasion parfaite pour faire un état des lieux du marché automobile en Australie. C’est donc avec un camping-car diesel, un peu honteux, je dois l’avouer, que nous avons pris la route.
Lors de notre arrivée à Perth, la capitale du Western Australia, ce fût plutôt une bonne surprise. On repère des premières voitures électriques sur les routes, il y a des bornes de recharge et même des Superchargeurs Tesla. On commence presque à regretter le choix du diesel pour notre roadtrip. Mais il suffit de faire quelques kilomètres vers le Sud pour se rendre compte que la situation est très différente en dehors des grandes villes.
Nous prenons la route en direction de Hamelin Bay, la pointe Sud-Ouest de l’Australie. Un trajet de 320 km durant lequel nous avons aperçu un seul véhicule électrique : une Tesla Model 3. Il y a quelques stations de recharge, certaines sont toutefois en cours de réparation, mais assez peu dépassent les 50 kW de puissance. Autant dire qu’il faut anticiper avant de prendre la route. Pas de chargeurs de 300 kW ou plus à l’horizon.
Et plus on roule, plus les choses se compliquent pour les électromobilistes. Petite précision : la grande majorité des routes sont limitées à 110 km/h, la consommation est donc légèrement inférieure à nos autoroutes françaises. Il est temps pour nous de prendre la direction de l’Est. Entre Augusta et Cité d’Albany (415 km), il n’y a qu’une seule borne de recharge. Arrêt obligatoire quand on roule en électrique ! Mieux vaut ne pas la rater.
C’est à peu près le même constat entre Albany et Esperance (480 km), avec seulement deux bornes disponibles. Aucune voiture électrique aperçue depuis plusieurs jours. La dernière était une BYD Seal à Margaret River, une petite ville résidentielle très charmante. L’entrée du Nullarbor n’est plus très loin. À partir de là, il faut imaginer un désert de 1 250 km, où seuls quelques dromadaires, dingos et serpents (sur)vivent.
La dernière recharge possible doit se faire à Norseman. Ensuite, il faudra attendre 650 km et le petit village de Mundrabilla pour espérer pouvoir se brancher en 50 kW. Enfin, en théorie. Le chargeur était hors service lors de notre passage. Il faut être honnête, cette portion est quasiment inenvisageable en voiture électrique. La rareté des chargeurs et leur indisponibilité rend la traversée du Nullarbor très risquée pour les électromobilistes.
Entre Mundrabilla et Ceduna, la ville à partir de laquelle s’arrête officiellement la plaine désertique, il y a 580 km et un seul chargeur en 50 kW à Yalata. Il était indiqué sur la carte, mais impossible de le trouver. Seule option : profiter des prises simples dans les quelques ranchs qui se trouvent sur la route. Mais il ne faut pas espérer beaucoup plus de 3,7 kW. Pour dire les choses autrement, une nuit de recharge ne suffirait pas.
Une fois le désert passé, il faut encore parcourir 780 km pour arriver à Adélaïde, la première « grande ville ». Avant cela, les bornes de recharge sont encore très rares. Il y a peut-être une station tous les 200/250 km. Plus on se rapproche de la capitale du South Australia, plus on croise des voitures électriques. Toujours beaucoup de Tesla, mais il y a aussi un certain nombre de Kia EV6 et EV9, BMW i4, des chinoises et des Polestar.
À lire aussiUne ville comme Adélaïde est comparable aux grandes villes européennes ou américaines en termes d’infrastructures de recharge. Aucun problème pour se brancher. J’ai eu l’occasion de discuter avec plusieurs habitants de la ville qui me confirment leur intérêt pour l’électrique. Mais, sans surprise, ils reconnaissent les lacunes de leur pays dans le domaine de la recharge. Le gros pick-up diesel règne encore en maître absolu.
D’Adélaïde à Melbourne, un trajet de 730 km, il y a un peu plus de densité et l’aventure peut s’envisager en électrique. Une fois arrivés à destination, on fait le même constat : beaucoup de voitures propres en circulation. Cela me conforte dans l’idée que ce n’est pas une question de volonté des acheteurs, mais bien un problème politique. N’oublions pas que l’Australie est un pays de charbon. Enfin, c’est aussi un grand producteur de lithium.
Pour situer l’Australie par rapport à l’Europe, voici quelques chiffres. En tout, 91 292 véhicules 100 % électriques se sont vendus en 2024 dans le pays des kangourous, sur un marché total de 1 220 607 d’automobiles (soit 7,5 %). C’est moins qu’en France (290 611 électriques pour 1 718 416 immatriculations). Un score équivalent à celui du Danemark : 89 199 unités, mais sur un marché global de seulement 173 057 voitures.
Rappelons toutefois qu’il n’y a « que » 27 millions d’habitants en Australie. C’est donc un « petit » pays si on raisonne en nombre d’habitants. Et d’après vous, quelles sont les voitures électriques qui séduisent le plus les Australiens ? Voici le top 10 : Tesla Model Y (21 253), Tesla Model 3 (17,094), MG4 (6 934), BYD Seal (6 393), BYD Atto 3 (5 751), BMW iX1 (2 618), Volvo EX30 (2 129), BYD Dolphin (2 116), BMW i4 (2 062) et Kia EV6 (1 785).
À lire aussiEn volume global, BYD arrive deuxième, derrière Tesla. On a pu constater la percée du géant chinois dans les grandes villes traversées au cours de notre périple. Il y a fort à parier que la firme de Shenzhen dépasse son rival américain dès 2025. Le pays a en tout cas une belle marge de progression, mais à moins de mettre le paquet sur les bornes de recharge, on voit mal comment les habitants des « zones grises » pourraient sauter le pas.
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