Un rapport estime que les incitations fiscales à l’électrification des voitures sont insuffisantes en France. La solution serait de fortement taxer tout ce qui n’est pas électrique !

Dans son dernier rapport, Transport & Environment (T&E), un collectif d’une cinquantaine d’ONG européennes, épingle la fiscalité française en matière d’automobile. Selon les mots de T&E, cette fiscalité “est inadaptée aux enjeux climatiques actuels et freine la transition du marché automobile vers l’électrique”.

D’un côté, T&E souligne qu’entre 2015 et 2022, la France est passée de la 5e place à la 13e place européenne pour la part des voitures électriques dans le total des ventes de véhicules particuliers neufs. De l’autre, le collectif estime que les véhicules thermiques échappent trop au malus. Ainsi selon T&E, les voitures polluantes “sont exonérées du principe de pollueur-payeur” et si la France a su mettre en place très vite “les bons instruments fiscaux”, avec bonus/malus ou prime à la casse, elle “n’exploite pas suffisamment leur potentiel incitatif”.

Les Français évitent déjà les modèles trop polluants

Pour affirmer cela, le collectif souligne que deux tiers des véhicules thermiques vendus en 2021 n’étaient pas touchés par un malus. Et que “seuls 3 % des véhicules thermiques neufs achetés en 2021 étaient concernés par un malus de plus de 1 000 €”. On fait dire ce qu’on veut aux chiffres.

Car face à eux, on peut penser que la fiscalité est déjà incitative, puisque les Français fuient les modèles fortement malussés ! Les voitures les plus polluantes sont bien taxées en France, mais les Français ont cette fois appris à les éviter (et les constructeurs à ne plus les vendre). Pareil pour les entreprises avec la TVS qui pousse à l’achat d’électriques et d’hybrides.

Clairement, le modèle polluant fortement taxé est le plus souvent un produit plaisir, son acheteur assume donc la taxe et est bien soumis au principe de pollueur-payeur. Sans compter que le Français qui achète une auto essence non malussée paie d’autres taxes, à commencer par la carte-grise puis bien sûr le carburant.

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Outre le renforcement du malus sur le thermique, le collectif demande ainsi la fin de la prime à la casse sur toutes les thermiques, cette aide existant encore pour les ménages modestes. Et il dézingue à nouveau l’hybride rechargeable, car “en conditions réelles, ces voitures émettent trois à cinq fois plus de CO2 que les mesures officielles”. Il faut donc mettre fin aux aides sur les plug-in.

En clair, l’unique solution est le tout électrique. Evidemment, à Automobile Propre, on aime les véhicules électrifiés, mais on aime moins ces postures radicales qui, si elles sont prises dans un but environnemental, oublient toute dimension sociale. A la place “de mieux exploiter le potentiel incitatif de notre système fiscal”, on se demande si le mot plus approprié pour T&E ne serait pas le potentiel punitif.

La fin du thermique est déjà actée

Car, dans Le Parisien, Léo Larivière pointe par exemple le cas de la 208 essence, un des modèles les plus vendus en France, qui n’a aucun malus, ce qui n’est pas normal selon lui. En clair, tout ce qui devrait être thermique devrait être fortement malussé. L’acheteur d’une petite 208 essence de 75 ch est un pollueur-payeur ! Un traitement de choc qui existe en Norvège, où 80 % des autos vendues en 2022 sont déjà électriques.

Et tant pis si la e-208 reste plus onéreuse, même grâce aux aides à l’achat. On note d’ailleurs que dans le communiqué qui résume le rapport, T&E ne fait pas état des nombreuses aides pour les véhicules électriques en France, le pays sachant se montrer très généreux. Le bonus va être renforcé à 7.000 € pour la moitié des ménages en 2023, alors qu’il devait baisser à 5.000 €.

Vu le sujet explosif des carburants, on voit mal arriver la mise en place d’un malus assassin sur des citadines thermiques… qui de toute façon sont déjà vouées à disparaître en Europe, le Vieux Continent comptant passer au tout électrique en 2035, une échéance visiblement trop lointaine pour T&E. De grandes marques seront même 100 % électrique dès 2030, par exemple Ford, Peugeot ou Renault. Il ne semble donc guère utile de trop agiter le bâton.