SUV en circulation

C’est avec une courte majorité de 54,55 % de voix que les Parisiens ont validé la proposition de Anne Hidalgo pour une tarification différenciée du stationnement dans la Capitale.

Résultats des urnes

Avant le passage par les urnes, ce dimanche 4 février 2024, afin d’exprimer son opinion concernant le tarif du stationnement pour les SUV à Paris, on pouvait s’attendre à retrouver des chiffres assez similaires à la consultation d’avril 2023 relative à la fin des trottinettes électriques en location libre-service.

Dans les deux cas, en limitant le vote aux Parisiens inscrits sur les listes électorales, c’étaient moins les usagers de ces véhicules qui pouvaient se prononcer que les habitants de la Capitale confrontés aux problèmes qu’ils génèrent. D’où une participation déjà particulièrement faible de 7,46 % il y a dix mois pour les deux-roues de Tier, Lime et Dott, et encore plus basse (5,68 %) au sujet du stationnement des SUV. Seuls 78 121 des 1 374 532 électeurs inscrits ont pris le chemin des isoloirs.

Si l’opposition aux trottinettes électriques avait été très marquée (89,03 %), le oui pour sanctionner la place des SUV prise dans les rues de Paris a été bien plus timide, en ne réunissant que 54,55 % des voix. Il est même très largement minoritaire dans les arrondissements du seizième (18,05 %), septième (25,95 %) et huitième (26,95 %). A l’inverse, le vote sanction a été le plus fort dans le dixième (76,79 %), le vingtième (73,57 %) et le dix-neuvième (73,12 %).

La place des autres usagers

Le nouvel appel aux Parisiens est conforme à la politique de la maire de Paris qui s’active à diminuer dans les rues la place prise par les voitures individuelles. Le programme de Anne Hidalgo est heurté de plein fouet par le phénomène SUV qui représente désormais 40 % des ventes en France. Plus larges et plus hauts, ces modèles sont régulièrement pointés pour les risques qu’ils font courir aux cyclistes et piétons.

Dans une étude publiée le 22 janvier 2024, l’ONG Transport & Environnement (T&E) rapporte que les voitures prennent globalement un centimètre de largeur tous les deux ans et ne sont soumises dans l’Union européenne qu’à une limite en largeur de 2,55 m identique à celle des camions et des autobus. L’organisation cite l’exemple du Land Rover Defender qui a pris en six ans 20,6 cm de large.

Place des SUV dans les rues

Sans compter les rétroviseurs, la moitié environ des véhicules nouvellement immatriculés dépassent 1,80 m, soit la largeur minimale imposée pour les places de stationnement à Paris, Londres et Rome. Il en résulte que dans certaines voies à sens unique répandues en Europe, la place disponible pour un cycliste se retrouve réduite de 130 à 70 cm quand des SUV imposants sont garés de chaque côté avec d’autres circulant sur la chaussée.

A partir du 1er septembre 2024

La réforme de la tarification du stationnement à Paris devrait être appliquée à partir du 1er septembre de la présente année 2024. Fractionnable par tranche de quinze minutes, l’heure de stationnement des visiteurs passerait pour les SUV de 6 à 18 euros dans les arrondissements du premier au onzième, et de 4 à 12 euros dans les autres. Au bout de six heures, les prix déjà prohibitifs, respectivement à 75 et 50 euros pour les deux zones, seraient rehaussés à 225 et 150 euros.

Sont ainsi ciblés les utilisateurs des véhicules thermiques et hybrides, rechargeables ou non, dont le poids est égal ou supérieur à 1,6 tonne. Les modèles électriques ne sont pas pour autant exemptés, mais le seuil de bascule tarifaire est repoussé à 2 tonnes.

Devraient échapper aux futures règles : les résidents parisiens et les professionnels lorsque leurs véhicules sont dans leur zone de stationnement autorisé ; les chauffeurs de taxi dans les stations dédiées ; les artisans, professionnels de santé et ceux éligibles au tarif pro ; les personnes à mobilité réduite titulaires d’une carte mobilité Inclusion – stationnement.

Comment les véhicules en surpoids seront-ils concrètement repérés ? C’est une des contraintes à laquelle la mairie de Paris va devoir trouver une réponse fiable pour mettre en place sa tarification différenciée.