L’Opep suscite l’indignation à quelques jours de la clôture de la COP28 // Photographie : Darcey Beau / Unsplash

Alors que la COP28 est sur le point de se terminer à Dubaï, l’Opep (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole) a suscité l’indignation mondiale. Le secrétaire général de l’Opep a demandé à ses membres de « rejeter proactivement tout accord ciblant les énergies fossiles ».

L’Opep suscite l’indignation à la COP28

À Dubaï, la COP28 prendra fin le 12 décembre prochain. Il ne reste désormais plus que quelques heures pour fixer de nouveaux objectifs et trouver un accord qui pourrait permettre au monde d’abandonner progressivement le charbon, le gaz et le pétrole. C’est l’essence même de ces grandes messes du climat. C’est pourtant dans ce contexte que l’Opep a appelé ses membres à « tout faire pour rejeter un accord sur la sortie des énergies fossiles ». Des propos tenus par Haitham Al-Ghais, le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui ont suscité l’indignation et la colère.

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Cette demande invraisemblable formulée aux 23 pays membres de l’Opep a produit une onde de choc à la COP28 de Dubaï. De nombreux pays ont réagi. C’est notamment le cas de la France. Notre ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a dit être « stupéfaite et en colère à propos des déclarations de l’Opep ». Elle a tenu à rappeler que les énergies fossiles sont responsables « de plus de 75 % des émissions de CO2 et qu’il faut en sortir si on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ».

L’Europe est à l’unisson contre les déclarations de l’Opep

La ministre française a précisé qu’elle comptait « sur la présidence de la COP pour ne pas se laisser impressionner par ces déclarations et pour porter un accord qui affirme un objectif clair de sortie des énergies fossiles ». Même réaction du côté de l’Espagne avec la ministre espagnole de la Transition écologique qui parle d’une position « répugnante ».

Après les propos à la limite du déni climatique tenus par le président de la COP28, Sultan al-Jaber, l’Europe est à l’unisson : le commissaire européen en charge du climat, Wopke Hoekstra, a également fait connaître son mécontentement. Tout en restant très diplomatique, il a estimé qu’il était temps « que chacun avance au-delà de ses intérêts personnels ».

Certains voient dans ce courrier un signe positif, celui de la fébrilité du secteur pétrolier. C’est le cas d’Alden Meyer, membre du think tank E3G. Selon lui, « s’ils n’étaient pas angoissés par l’idée qu’on arrive à quelque chose, ils n’auraient pas sorti une telle lettre ». Ayed Al-Qahtani, un représentant de l’Opep a défendu la position de son secrétaire général. Selon lui, « l’accord de Paris parle de réduire les émissions, plutôt que de choisir certaines sources d’énergie ».

Le secteur pétrolier serait-il en train de perdre le contrôle ?

Il est convaincu que les pays exportateurs de pétrole sont en train de perdre le contrôle. Dans la lettre rédigée par le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, on peut lire ceci : « il semble que la pression excessive et disproportionnée exercée sur les combustibles fossiles pourrait atteindre un point de basculement aux conséquences irréversibles, car le projet de décision contient encore des dispositions sur l’élimination progressive des combustibles fossiles ». La lettre a également été envoyée à une dizaine de pays associés à l’Opep : l’Azerbaïdjan, la Malaisie, le Mexique ou encore la Russie.

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Le dirigeant pétrolier koweïtien assure que les pays membres « prennent au sérieux le changement climatique », mais qu’il serait inacceptable que « des campagnes aux motivations politiques mettent en danger la prospérité et l’avenir de nos peuples ». Pour Greenpeace, « la réaction de l’Opep montre qu’ils ont peur des appels croissants à la sortie des énergies fossiles ». Shady Khalil, responsable de l’ONG dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, précise que « cette tentative délibérée de l’industrie pétrolière d’entraver une action climatique cruciale montre qu’elle ressent la pression monter ».