Une institution qui souffle à l’oreille de la Première Ministre suggère de réserver le bonus aux petites voitures électriques et aux ménages modestes, et propose de taxer les plus grosses autos électriques !

France Stratégie, qui se décrit comme « une institution autonome placée auprès du Premier ministre », a publié un rapport dédié aux aides à l’achat accordées pour le véhicule électrique. Avec en conclusion des propositions sur des conditions d’attribution du bonus plus sévères qui pourraient bien être reprises par le gouvernement… du moins dans quelques années.

L’exécutif avait bien prévu de réduire petit à petit l’aide. Fin 2019, pour donner de la visibilité à la filière, il avait fixé une trajectoire sur plusieurs années, avec 1.000 € de baisse du bonus maximal par an. Selon ce plan, le bonus n’aurait été que de 4.000 € en 2022. Mais le Covid 19 est venu tout bousculer. Après le premier confinement, le bonus est même reparti à la hausse afin d’aider les constructeurs à se relancer. Certes, la baisse a ensuite été réenclenchée, mais avec un décalage. 

Et le décalage a été accentué par d’autres facteurs, qui poussent le gouvernement à temporiser. Il y a les difficultés industrielles, avec la pénurie de composants électroniques, les promesses écologiques de la campagne électorale et les soucis de pouvoir d’achat, avec l’envolée des prix des carburants fossiles. Sur ce point, l’exécutif voit l’électrique comme la solution pour faire fondre les coûts à l’usage d’une voiture.

Selon les calculs de France Stratégie, à l’usage, le coût d’un électrique est inférieur de 1.200 € par an à celui d’un thermique. Reste que le coût à l’achat est toujours très élevé. France Stratégie estime l’écart moyen de prix au catalogue de 16.000 € pour les citadines, 10.000 € pour les SUV compacts. D’où l’importance des aides, qui permettent de réduire les écarts.

Autre atout pris en compte dans l’étude : la voiture électrique va avoir une meilleure valeur de revente que son équivalent thermique. France Stratégie souligne toutefois le coût élevé de la tonne de carbone évitée. En clair, faire économiser les rejets de CO2 sur le cycle de vie du véhicule, cela coûte beaucoup d’argent public.

Jugeant le système actuel pas vraiment efficace, France Stratégie fait donc des propositions, avec notamment un ciblage plus précis des véhicules “bonussés”, avec un barème en fonction du poids et de la taille du modèle, afin d’inciter à l’achat de véhicules plus petits et plus légers. Ce qui réduit ainsi l’impact carbone du véhicule acheté et favorise des modèles qui demandent moins de ressources pour leur production. D’ailleurs, à l’inverse, France Stratégie suggère de mieux taxer les véhicules selon leur poids, et d’étendre ce malus poids aux grands modèles électriques !

France Stratégie invite aussi les marques européennes à s’intéresser à nouveau au segment des petites voitures, afin de ne pas oublier les ménages modestes dans la transition écologique, des ménages écartés du marché du neuf par une course à la montée en gamme. Le montant du meilleur bonus pourrait d’ailleurs être réservé à des véhicules moins chers. C’est jusqu’à 47.000 € en ce moment, un seuil que France Stratégie juge trop haut.

Sous ce seuil, tout le monde profite du bonus maximal. Mais dans le rapport, il y a aussi l’idée de mieux diriger les aides vers les ménages qui en ont besoin, avec donc un critère de revenus. Une idée que le gouvernement va reprendre en 2023 pour accorder le nouveau bonus de 7.000 €. Une première étape de distinction en fonction des revenus, qui pourrait à court terme exclure du bonus les plus aisés.

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