Le texte législatif autorisant la conversion des véhicules thermiques en électriques n’est pas encore adopté que le carnet de commandes de l’entreprise vendéenne e-Néo se couvre de projets dont beaucoup sont encore confidentiels.
2.500 m2
Installé aux Brouzils, e-Néo dispose d’un vaste bâtiment comprenant 1.400 m2 d’atelier, 300 m2 de bureau, et une mezzanine de stockage de 800 m2.
Les murs reposent sur un terrain d’un hectare environ, à l’écart du centre et des regards : un point important lorsqu’il s’agit de travailler avec discrétion sur des véhicules qui seront ensuite jetés sous les yeux des automobilistes ou d’un public, quel qu’il soit.
« Nous avons pu obtenir ce site sous la forme d’un crédit bail immobilier, grâce à la communauté de communes du Pays-de-Saint-Fulgent-les-Essarts », commente Jérémy Cantin qui nous accueille avec un bon café bien apprécié.
Il y a Buggy…
Principalement destiné à la transformation en électriques de véhicules ayant déjà connu une première vie avec une motorisation essence ou diesel, le site a lui-même fait l’objet d’une conversion.
« C’était les chaussures Couillaud qui étaient installées là auparavant », nous confie Jérémy Cantin. Une révélation qui prête à sourire, puisque le chausseur diffusait la marque Buggy alors qu’e-Néo fabrique des buggies électriques ici.
« Le bâtiment bénéficie d’une isolation double peau. Chauffage par aérothermie pour les bureaux et au gaz naturel pour l’atelier », précise le fondateur dirigeant d’e-Néo.
…et buggies
Depuis l’ElectroCox réalisée après 18 mois de réflexion et 9 autres de construction, différentes déclinaisons ont été imaginées par e-Néo, dont on trouve des traces lors de notre visite, vendredi 27 décembre 2019.
Dans un coin, l’un des buggies conçu et utilisé pour le rallye Aïcha des gazelles. Un nouveau moteur électrique encore dans son carton et des pièces mécaniques neuves sont posés autour de lui.
« Nous sommes en train de revoir le train avant pour davantage de débattement, de stabilité, de précision, de souplesse, de robustesse et de mordant au freinage », explique le dirigeant d’e-Néo.
2 et 4 places
Si la version 2 places du buggy fabriqué par l’entreprise vendéenne existe depuis plusieurs mois, Jérémy Cantin et son équipe travaillent actuellement sur le modèle à 4 assises. En témoigne cette coque rouge façon Meyers Manx Monster.
« Ce buggy a une vocation plus routière que le précédent tout en conservant un côté baroudeur. Il sera destiné aux loueurs de véhicules dans les îles et le longs des côtes », envisage notre interlocuteur.
Des châssis neufs de Volkswagen coccinelles s’alignent sur le sol de la Mezzanine de e-Néo. Ils serviront de bases porteuses aux futurs buggies fabriqués assemblés sur place.
Activités diversifiées
Sous les néons de la charpente métallique, les véhicules en attente ne subiront pas tous le même traitement. Dans un coin, une grappe de quadricycles chinois aux allures de Twizy, mais avec de vraies portes. Un modèle que l’on retrouve en location en Alsace chez Didier Dubicki – ACC Automobiles – que nous avons récemment interviewé.
« Pour un importateur, nous assurons ici une prestation particulière : réception des engins électriques venus de Chine, déballage, mise en service avec branchement de la batterie, contrôle du fonctionnement. Nous sommes en pleine accélération sur cette activité avec un volume actuel de 120 véhicules traités à l’année », détaille Jérémy Cantin.
Conversions en cours
Dans le vaste bâtiment, plus d’une dizaine de véhicules, la plupart du temps anciens, depuis les années 1930 à la décennie 80, sont en cours de conversion chez e-Néo. Dans les mois à venir, nous présenterons l’histoire de leurs futures nouvelles vies, dotés d’un groupe motopropulseur électrique.
Une clientèle très large s’intéresse au rétrofit branché, depuis le professionnel qui fait transformer un Volkswagen Transporteur T3 pour un projet bien défini, jusqu’au particulier qui veut redonner par passion une existence à une Chevrolet Bel Air de 1954 dans un état particulièrement fatigué et venue de New York (Etats-Unis).
B2B
L’entreprise e-Néo ne travaillera pas directement avec les particuliers, mais avec les garages et les professionnels. Il y a cependant un petit contournement possible, en passant par Brouzils Auto par exemple, également dirigé par Jérémy Cantin, et situé à quelques centaines de mètres de là en comptant large.
Le garage établi depuis déjà longtemps sur la commune se chargera de la préparation et/ ou de la restauration des véhicules. Un rôle que tout autre carrossier-garagiste des environs pourra également assurer, avant de confier l’électrification des engins à e-Néo.
Ce circuit a pour rôle de dynamiser l’économie locale et de conserver une qualité artisanale des conversations pour des voitures, utilitaires et poids lourds qui devront être dans un parfait état à tous les niveaux.
Poids lourds
Egalement chez e-Néo, 2 tracteurs routiers en cours de conversion. Ces Scania G440 et DAF XF 105.460 ont déjà plus de 8 ans et avalé entre 500.000 et 800.000 kilomètres.
Leur vie, en durée et kilométrage, devrait être doublée grâce à un groupe motopropulseur électrique alimenté par une pile à hydrogène, avec une batterie tampon de 50 à 70 kWh de capacité énergétique.
Lors de notre passage, l’un des moteurs électriques était déjà en cours de couplage avec la boîte de vitesses d’origine, et les PAC commandés à Symbio étaient annoncés.
« Pour un camion, conserver la boîte mécanique robotisée prend tout son sens, afin de tirer la charge toujours dans les meilleures conditions », assure Jérémy Cantin.
Modification portable
« Sans compter l’énergie du pack lithium-ion exploitée pour l’air comprimé (pour les freins en particulier) et la direction assistée hydraulique très énergivore, l’autonomie de ces camions sera de 400 kilomètres pour 40 kilos d’hydrogène », estime notre interlocuteur qui se réjouit que la modification soit portable.
« Quand ces tracteurs routiers auront eu leur durée de vie doublée avec le rétrofit, ils pourront servir de banques de pièces détachées pour d’autres exemplaires plus récents des mêmes modèles qui pourront également profiter des groupes motopropulseurs électriques alors encore en état », justifie-t-il.
BTP/Agricole
« Dès que nous maîtriserons chez e-Néo la conversion des poids lourds, nous pourrons faire un copier/coller de la transformation pour d’autres véhicules de gabarits et puissances similaires », assure Jérémy Cantin.
A l’heure où les entreprises du bâtiment se désolent de perdre leur avantage fiscal sur le gazole non routier, face à une offre électrique très peu développée de la part des constructeurs d’engin du BTP, l’entreprise vendéenne est prête à travailler sur des pelleteuses et chargeuses, mais aussi sur des machines agricoles, comme des moissonneuses-batteuses, par exemple.
Automobile Propre et moi-même remercions Jérémy Cantin pour sa confiance et son accueil.
Commentaires
Bravo. Habitant de l'Anjou, longtemps Choletais (à deux pas de la Vendée) j'ai appris comme les Vendéens (et Choletais !) étaient par tradition des personnes à l'imagination fertile, et entreprenantes, appuyées (y-a-t-il un lien?) sur des liens (justement!) sociaux et familiaux simples et solides .
Faire un rétrofit sur un DaF de 800.000 km me paraît bien surprenant surtout si l’on garde la chaîne cinématique.
Ce type de tracteur peut facilement approcher les 2 millions de km s’il n’a pas été matraqué et mal entretenu mais requiert au moins une remise en état de la boîte Astronic. Idem pour le pont et d’autres composants.
A moins que ce ne soit un prototype et il fallait un tracteur pas trop cher pour le développement.
C’est dommage que Le coût de l’operation et l’equation Économique ne soient pas développés.
Partir d’un véhicule neuf aurait plus de sens.
Vdl a déjà électrifié quelques porteurs DaF mais plutôt pour une distribution locale.
La consommation de H2 semble optimiste mais cela dépend du type d’utilisation et de la charge.
Une idée: des fourgons aménagés (sur base de Fiat Ducato) convertis à l'électrique, avec 200-250km autonomie réelle. Trop cher?
Vu le manque de réactivité suffisamment rapide de conversion des garages et constructeurs au VE..., face au réchauffement climatique de plus en plus évident (voir les feux en Australie !§§§!) et au regard des objectifs pas contraignants donc hypocrites des COP..., il paraît nécessaire que :
- les concessionnaires des marques cessent de se plaindre et qu'ils se convertissent tous au rétrofit en transition, afin que ceux des clients qui ont peu de moyens puissent faire faire la transformations de leur ancien véhicule (hors garantie) en VE pas chère et acceptable ;
- ces concessionnaires, retrouvant alors une activité raisonnable modifient les thermiques en électriques en parallèle de la baisse de vente des thermiques, en louant une voiture à leur clientèle le temps de la réparation ;
- que ces rétrofifs soient suffisamment produits en masse pour être à des prix acceptables et pouvant être installés presque sur tout type de véhicule, pour une autonomie de 250 km à 120 km/h sur autoroute, même en hiver (et dans le cas de véhicules assez haut..., les batteries mises sous les sièges arrière afin de profiter de la climatisation intérieure en été et du chauffage véhicule à la prise dans le garage de la maison).
Sinon, il y a une autre modification SIMPLE possible en humidifiant l'admission d'air des thermiques pour réduire les pollutions à l'échappement, en accroissant l'efficacité du mélange en chambre de combustion (autant pour les essences que diesel, autant pour les tracteurs que les camions et engins agricoles - voir dessin) :
- https://safeearthsolutions.wordpress.com/2019/11/19/vehicule-diesel-plus-propre-et-performant-cest-possible/
Convertir des engins de BTP et encore pire des moissonneuses batteuse ça me paraît bien présomptueux. Une batteuse se doit d'être opérationnelle, pas le temps de passer 2 semaines à affiner les réglages du moteur. Quand au coût personne ne va s'amuser à convertir une ancienne machine. Rien que le ravitaillement en hydrogène est problématique.
Modifier un parc de poids lourds existant c'est pareil, il vaut bien mieux prendre 50 tracteurs neufs en leasing plutôt que payer 50 retrofitages hors de prix de sa poche et dont le coût d'exploitation sera très aléatoire. Les retrofits sont bons pour les mordus d'anciennes (et encore pas si mordus que ça car elle n'est plus en état origine) ou des engins de loisir. L'intention de base est louable mais c'est une niche dans la niche. Au moins la communauté de communes et les divers organismes financent.