Les 3 Zoé de Montguyon : L’hôtelier, l’agent immobilier et Julien Beltoise

Il est parfois des hasards sympathiques : A Montguyon (17), 3 Renault Zoé, – une noire, une blanche et une grise, ont l’habitude de se côtoyer dans la même rue, à seulement quelques dizaines de mètres l’une de l’autre.

Zone rurale peu équipée

A environ 60, 90, 85, et 65 kilomètres de distance respective de Bordeaux (33), Royan (17), Périgueux (24) et Angoulême (16), Montguyon est une commune rurale qui compte quelque 1.500 habitants. La densité en bornes de recharge n’y est pas suffisante pour promouvoir localement la mobilité électrique.

Les points les plus proches pour réaliser en accéléré le plein des batteries se trouvent au magasin Leclerc de Coutras (33), à une bonne vingtaine de kilomètres. Ils ne sont d’ailleurs disponibles que depuis décembre dernier, et seulement aux heures d’ouverture. Rien ne laisse supposer qu’on puisse trouver 3 voitures électriques d’un même modèle en stationnement régulier dans une même rue de Montguyon. Une situation plutôt étonnante, sans doute très peu remarquée des habitants.

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Blanche, grise et noire

Impossible de les confondre : la Zoé grise appartient à un hôtelier, la blanche à un agent immobilier installé juste en face, et la noire est à la disposition de Julien Beltoise qui gère le circuit de Haute Saintonge à la Genétouze (17). Tous les 3 ont accepté de présenter aux lecteurs d’Automobile-Propre leur utilisation de la citadine branchée, et les raisons qui les ont poussés à choisir ce modèle.

La Zoé de Julien Beltoise

C’est dans le cadre d’un partenariat avec la direction régionale de Renault que Julien Beltoise dispose d’une Zoé, mais aussi d’un Twizy exploité comme véhicule de service au sein du circuit de Haute Saintonge. Il utilise la citadine branchée principalement pour ses trajets domicile-travail et d’autres petits déplacements, à hauteur d’environ 12.000 kilomètres par an.

« Avec le relief des départementales que j’emprunte régulièrement, l’autonomie de la Zoé tourne autour de 120-130 kilomètres. En revanche, lorsque je me déplace à Libourne, à une vitesse stabilisée raisonnable, j’atteins les 140-150 km », chiffre Julien Beltoise, qui adhère pleinement à la mobilité électrique.

Sport automobile

Est-il besoin de rappeler les liens forts entre la famille Beltoise et la course automobile ? Julien, fils d’un pilote qui a particulièrement enthousiasmé les passionnés de sports automobiles des années 1960 à la fin des années 1970. Et même bien plus tard, à travers ses divers engagements ou ses productions dans la presse spécialisée, au service de l’Etat ou pour la sécurité routière.

Inauguré en 2009, le circuit de Haute Saintonge est son œuvre, réalisé avec la collaboration du Conseil général de la Charente-Maritime. Le site vise depuis le départ différents objectifs, parmi lesquels éduquer à la conduite citoyenne, se faire plaisir à travers les loisirs mécaniques tout en pensant au développement durable, s’essayer aux technologies du futur. C’est d’ailleurs ici que la première piste réservée aux karts électriques a été ouverte en France.

Héritage spirituel

« L’envie de rouler en voiture électrique me vient de mon père, extrêmement raisonnable au volant, et qui a su s’adapter aux évolutions de son temps », témoigne Julien Beltoise. « J’ai baigné dans une certaine philosophie d’économie d’énergie », ajoute-t-il, citant en exemple le réflexe pris très tôt par Jean-Pierre Beltoise de couper le contact à un feu rouge, et les épreuves de sobriété qu’il organisait avec seulement un litre d’essence pour parcourir un maximum de distance.

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La Zoé de l’hôtelier

Elle est grise, la Renault Zoé de Noël Lambert, gérant de l’hôtel-restaurant-bar-presse de la Poste, à Montguyon. Passionné de bécanes sportives, il a créé le Moto club de Haute Saintonge grâce auquel les adhérents peuvent en particulier se faire plaisir sur le circuit de la Genétouze.

Le véhicule électrique, l’hôtelier y a pris goût grâce aux kartings proposés sur le site qu’il pratique depuis l’ouverture, en 2009. Avec 4.200 kilomètres au compteur, environ, sa citadine branchée, achetée en août 2015 comme seconde voiture, est aussi bien utilisée par son épouse que par lui-même, pour le travail comme pour les loisirs.

Des réactions moqueuses

Au club ou au bar, sa Zoé fait parler. « Avec les phares et les clignotants, tu ne dois plus avoir beaucoup d’autonomie », entend-il souvent en moquerie « bon enfant ». C’est que notre interviewé fréquente des milieux très joueurs. Mais il tient bon, et pense reprendre une voiture électrique lorsqu’il s’agira de remplacer à nouveau la deuxième voiture du foyer. Une Zoé ? Pas forcément : rêver d’une Tesla Model S ne fait pas de mal ! En attendant, il se contente des 140 kilomètres d’autonomie qu’il arrive à tirer des batteries, n’hésitant pas à rejoindre Bordeaux ou Angoulême, et à profiter de leurs bornes de recharge.

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La Zoé de l’agent immobilier

En sortant de chez Noël Lambert, difficile de faire autrement que de remarquer l’Office foncier de Saintonge où vous pourrez être reçu par Olivier Charron, s’il vous prenait l’envie d’acheter une maison dans la région. Avec sa Zoé blanche, achetée en novembre 2015, il vous emmènera visiter les biens qui vous auront séduit. Lui aussi partage l’engin avec son épouse. Leur citadine branchée affiche déjà 6.800 kilomètres au compteur. Le premier contact de Olivier Charron avec l’électrique, il le doit à un ami équipé d’une Nissan Leaf. Séduit, il a sacrifié sa vieille Citroën AX diesel pour bénéficier du superbonus gouvernemental, mais a préféré signer chez Renault pour un modèle qu’il estime plus adapté à ses besoins.

Toujours rechargée à la maison

A ce jour, la Zoé de Olivier Charron a toujours été rechargée à son domicile. Se sentant quelque peu limité par l’autonomie, il arrive tout de même à parcourir jusqu’à 170 kilomètres sur une seule charge, en choisissant bien son itinéraire qu’il parcourt alors à 70-80 km/h en mode Eco. S’il devait remplacer la Zoé, ce serait de toute façon par une autre voiture électrique, séduit d’entrée de jeu par la transmission qui se rapproche des boîtes de vitesses automatiques dont il aurait bien du mal à se passer aujourd’hui. Renault Zoé, Nissan Leaf ou autre ? Trop tôt pour le dire ! L’autonomie pourrait bien emporter son choix !

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Une conduite différente ?

Pour Julien Beltoise et Olivier Charron, utiliser au quotidien une voiture électrique signifie forcément de modifier sa façon de se comporter au volant. « Il y a 2 raisons à cela », explique le pilote : « une autonomie limitée et une certaine durée pour faire le plein des batteries, qui imposent toutes les deux de faire attention à la consommation énergétique ». Un réflexe qui le ramène à l’opération « Conduire juste » initiée par son père pour une attitude plus attentive et responsable sur la route.

L’expérience de Olivier Charron confirme ces propos : « Avec mon ancienne voiture thermique, j’avais une conduite rapide. Désormais, j’anticipe mes ralentissements pour récupérer un maximum d’énergie, cherchant à toujours être plus efficace avec un pilotage plus sain et plus souple ».

Un comportement qui évolue

Julien Beltoise reconnaît qu’aux premiers tours de roues « on a envie de tester les performances et les capacités d’accélération des voitures électriques ». Il modère : « Mais passée cette euphorie, on cherche à s’adapter aux spécificités de la chaîne de traction, notamment en exploitant la récupération d’énergie ».

Noël Lambert, lui, vit l’inverse : « Après avoir modifié au début mon style de conduite, je suis revenu à mes anciennes habitudes », témoigne le motard hôtelier, qui bénéficie d’un crédit d’éco-conduite de 98 sur 100 attribué par le système tactile R-Link. « Cet ordinateur de bord est assez bien fait », juge Julien Beltoise, qui estime qu’on peut s’appuyer dessus pour développer sa propre conduite anticipative.

Moins de contraintes

En plus d’apprécier la puissance disponible à bas régime, les accélérations linéaires, et un pilotage agréable du véhicule, Noël Lambert est satisfait de ne plus devoir passer en station-service pour remplir un réservoir, ni d’avoir à gérer les révisions spécifiques aux moteurs thermiques. Julien Beltoise souligne l’absence de nuisances à l’utilisation des véhicules branchés. Toutefois, il précise que, « question incidence sur la planète, les gains sont vraiment intéressants si on s’équipe d’une voiture électrique en se débarrassant d’un modèle thermique ». Acheter un VE qui augmenterait d’une unité la flotte personnelle ou familiale de véhicules est, selon lui, globalement très peu vertueux en définitive pour l’environnement.

Un intérêt relatif de la part du grand public

Si Olivier Charron note que sa clientèle est séduite par le silence d’évolution, les accélérations et le confort de la Zoé, nombre de personnes estiment que les voitures électriques sont « un peu des jouets d’adultes ».

Leurs réticences à s’y intéresser davantage semblent principalement alimentées par une autonomie encore trop juste. Julien Beltoise explique et modère : « L’autonomie des véhicules électriques est limitée par l’énergie contenue dans les batteries, mais aussi par le volume et le poids de celles-ci. Le progrès est cependant bien en marche ! Aujourd’hui, les plus récentes batteries d’un VE d’une marque généraliste affichent une densité énergétique maximum d’environ 100 Wh/kg. En 2017/2018, – et c’est bientôt -, elle s’élèvera jusqu’à 180 Wh/kg chez Chevrolet, Nissan et Renault. Ce qui signifie que dans 2 ans, à poids égal, l’autonomie sera en nette progression, multipliée par 2 ».

Privilégier la recharge normale de nuit

« La rapidité de la recharge connaît une progression à deux chiffres chaque année », rapporte Julien Beltoise. « Le réseau électrique ne pourra pas suivre avec un parc de VE qui augmenterait fortement », prévient-il. Voilà pourquoi il milite pour réserver les « superchargeurs » à des applications spécifiques et pour privilégier la recharge normale chez soi ou dans les parkings, la nuit.

D’autres Zoé alentour

Les 3 Zoé de Montguyon ne sont pas les seules sur le secteur. Olivier Charron en a remarqué une bleue, et une blanche comme la sienne. La première, Julien Beltoise l’a identifiée comme étant celle d’une salarié du circuit, qui passe chaque jour dans la commune. Des Zoé, encore des Zoé ! Il est vrai qu’en milieu rural, Renault est globalement le constructeur le mieux implanté pour livrer et entretenir des voitures électriques !

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Julien Beltoise, Olivier Charron et Noël Lambert pour leur disponibilité, leur réactivité et leur témoignage.