Pour de multiples raisons, il ne faut pas espérer une baisse des prix des voitures électriques l’année prochaine.
Depuis cette année, plus d’une voiture vendue en France sur dix est 100 % électrique. Au total, près de 200.000 véhicules avec ce type de motorisation vont être livrés en 2022 dans l’Hexagone. La voiture électrique a donc cette fois bien entamé sa phase de démocratisation.
Logiquement, quand un produit commence à se démocratiser, il finit par voir son prix baisser, grâce notamment à des coûts de production par unité produite qui diminuent. Et c’est bien la promesse de nombreux constructeurs automobiles, du moins les généralistes, qui ont pour objectif d’atteindre d’ici quelques années une parité entre le thermique et l’électrique, sans que ce dernier soit subventionné par les Etats.
Mais en ce moment, les prix des voitures électriques ne baissent pas, c’est même tout le contraire : en 2022, ils se sont envolés ! Notre exemple le plus révélateur est la Dacia Spring, qui coûtait 17.390 € en début d’année, et est affichée maintenant à partir de 20.800 € (hors bonus).
Les prix des batteries repartent à la hausse
L’automobile n’échappe pas à l’inflation. Les coûts de fabrication se sont envolés pour les constructeurs. Cela a commencé dès 2020, avec le Covid. La crise sanitaire a engendré une crise économique, qui a fait flamber les prix du transport, des matières premières et des composants électroniques. La guerre en Ukraine a ajouté à ce cocktail déjà pas fameux une explosion des prix de l’énergie.
La voiture électrique est même doublement pénalisée par cette situation. Car elle contient un élément essentiel : sa batterie. Elle représente encore environ un tiers du coût total d’un véhicule électrique. Or, son prix a augmenté en 2022, comme vient de le confirmer l’étude annuelle de BloombergNEF (BNEF). Ce dernier souligne que c’est la première fois en dix ans que les prix repartent à la hausse, avec + 7 % cette année, soit 151 $/kWh.
Pour préserver la rentabilité de leur véhicule, les marques n’ont donc pas fait de cadeau aux clients et ont répercuté cette hausse. Tesla avait par exemple revu à plusieurs reprises le prix de la Model 3 au printemps.
Le problème est que selon BNEF, le prix des batteries ne baissera pas encore en 2023. Il devrait au mieux se stabiliser, il ne faut donc pas s’attendre à une baisse du prix de vente des véhicules électriques l’année prochaine. Des hausses sont même encore à attendre. Renault n’a pas attendu la nouvelle année, il a augmenté fortement le prix de ses électriques au 1er décembre, notamment celui de la Zoé.
L’aubaine d’un bonus augmenté
Celle-ci est d’ailleurs un autre exemple frappant pour nous. Son prix avait baissé en janvier, en réaction à l’arrivée de la Mégane électrique. Symbole d’une nouvelle génération de voiture branchée, et donc d’un pas de plus vers la démocratisation de cette motorisation, la compacte adoptait l’ancien prix de base de la citadine. Début 2022, celui-ci avait reculé d’environ 3.000 €… mais ces 3.000 € ont été repris au cours de l’année.
Renault ne cherche pas à rendre la Zoé plus accessible au fil des années, alors que le modèle va fêter ses dix ans. Certes, depuis ses débuts, la voiture a été améliorée, avec notamment une capacité de batterie plus que doublée. Mais en 2013, selon BNEF, le coût moyen de la batterie lithium-ion était de 732 $/kWh ! Et la base commence à être bien amortie, les coûts de production ont forcément baissé avec l’envolée des cadences.
On peut y voir plusieurs raisons, qui peuvent s’appliquer à l’ensemble des véhicules électriques. Déjà, la production continue d’être perturbée par la pénurie de composants électroniques et les marques ne voient pas un retour à la normale avant fin 2023 maintenant. Inutile de brader les véhicules alors que l’offre ne suit pas la demande.
Ensuite, même si les coûts de production diminuent grâce aux volumes, les marques doivent amortir les énormes investissements de l’électrique. On pense aussi à un effet d’alignement avec la concurrence. Pourquoi baisser le prix de la Zoé si la Peugeot e-208 ne voit pas son prix reculer ?
Un autre aspect lié au prix peut avoir un effet contradictoire : les aides à l’achat, dont les marques tirent évidemment parties. On vient ainsi de voir Volkswagen profiter d’une évolution des règles du bonus pour revoir à la hausse le prix de l’ID.3 ! D’ailleurs, pour la moitié des ménages, le bonus maximal va augmenter en 2023, passant de 6.000 à 7.000 €. L’occasion d’ajouter encore 1.000 € aux prix catalogue ?
Pour en revenir au prix de la batterie, BNEF voit un retour à la baisse en 2024. Ce qui peut laisser supposer une baisse des prix des véhicules à ce moment là, qui sera accentuée par des volumes toujours plus importants et une concurrence accrue, notamment de la part des marques chinoises.
A moins que l’Etat, et pourquoi pas l’Europe, ne s’engage clairement dans une politique volontariste en terme de transformation « ecoresponsable » du parc automobile, les constructeurs continueront a s’en donner à coeur joie en proposant des chars lourds, chers et à forte valeur ajoutée sur les marchés ! Là où il faudrait être intransigeant avec une réglementation stricte, on laisse faire la main invisible du marché en la couvrant d’un beau gant de velours à 6000 balles en bonus!
Si les bonus et autres avantages possibles étaient réservés à des véhicules remplissant des caractéristiques en terme d’accessibilité, de durabilité, de poids et de consommation bien précises, on aurait alors les conditions propices pour faire émerger une nouvelle catégorie de constructeurs automobiles capables de s’engager dans une transformation réelle de leur business model et la mise en perspective d’une distinction nette entre les constructeurs décidés à ne rien changer à leur approche (stratégiquement axés sur les véhicules haut-de-gamme) et ceux souhaitant avoir pour moteur le progrès de nos sociétés modernes !
Au rythme que sa va, l’interdiction du thermique en 2035 va être remis à plus tard …
Le prix des voitures, électriques ou pas d’ailleurs, ne baissera peut-être pas, mais avec une politique de salaires stagnants, soit les particuliers feront l’effort de renouveler leur véhicule au détriment des autres secteurs d’activité (immobilier, loisir, alimentation…),
soit, et c’est plus probable, le marché de l’automobile continuera sa décroissance.
Tant que les constructeurs se mettront le bonus écologique dans la poche…
Une industrie manufacturière c’est fondamentalement :
Il suffit de regarder les courbes de valeur des deux premiers postes et de s’informer sur l’actualité géo-stratégique pour comprendre que les prix ne baisseront pas en 2023, ni en 2024 ni probablement plus tard. On observera tout au mieux un plateau ou un ralentissement de l’inflation. D’ici là un bonne partie de l’industrie manufacturière européenne (fabrication dans l’UE) risque d’avoir disparue, faute d’énergie à un prix compétitif.
Nous vivons une époque mouvementée !!
« D’ailleurs, pour la moitié des ménages, le bonus maximal va augmenter en 2023, passant de 6.000 à 7.000 €. L’occasion d’ajouter encore 1.000 € aux prix catalogue ? »…clairement NON ! Vu que ce bonus va s’adresser à des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter une voiture neuve et certainement pas, une voiture à plus de 40 k€ !!
C’est rigolo de vivre dans un monde où le prix des chose dépend de leurs coûts.
L’inflation, les pénuries, les guerres…. elles ont bon dos.
Personnellement je me poserais plutôt la question : pourquoi baisser le prix d’un produit dont le carnet de commande est plein ? C’est quand on arrive pas à vendre qu’on baisse le prix… quand on arrive pas à livrer, on peut l’augmenter.
les prix augmentent, c est normal ,c est la crise, il faut bien préserver ( entendez par la augmenter ) la marge des actionnaires ….
C’est bien sur la faute à l’Ukraine ( qui au passage n’a rien demandé ) , les pénuries de composants ( merci le Covid qui a fermé l’usine du monde quelques mois ) , mais personne ne parle de la vraie cause … a force de jouer à flux tendu , la politique 0 stock , et construire au moins cher, on récolte ce que l on sème .
pendant ce temps là, les chinois redémarrent leurs usines et son prêts a inonder l’Europe … certes la production n est pas à100% au niveau du premium europeen ( et encore) , mais a 5 a 8000€ de moins, la concession est vite faite .
Ce qui est assez clair c’est qu’on va vers une baisse des prix de la Tesla Model 3.
Il y a eu une forte hausse en mars sur celle-ci pour mater un carnet de commandes qui partait en live face à une production à l’arrêt. Depuis, la Model 3 est comparativement devenue inaccessible en Europe, par rapport à ce qu’elle était en 2021.
Mais ceci va changer. Le carnet de commandes de début 2022 va se dégonfler et s’épuiser, et Tesla va sortir sa botte secrète plus trop secrète tellement elle est connue maintenant.
Je veux parler de l’optimisation de la production à l’aide des Méga-Castings, ces énormes pièces moulées en quelques secondes qui font faire des bonds à la productivité.
Le refresh de la Model 3 pour 2023 a déjà fuité, on ne sait pas encore en quoi il consiste, mais l’optimisation de la production fait sens.
Il y aura donc à nouveau une chute fracassante des prix de la Model 3 en 2023 comme il y en avait eu une en 2021, qui rétablira la hiérarchie des prix entre le Model 3 et Model Y.
Elle va sans doute arriver en Février-Mars 2023.
une comparaison d’évolution de prix, avec les thermiques serait intéressante ?
merci
Rien n’est moins sûre!
C’est très bien, on va donc enfin voir arriver des véhicules qui n’ont pas besoin de grosses batteries pour aller loin ! (comprendre « véritablement efficients »). Non je plaisante, on va continuer d’acheter des armoires normandes de 2 tonnes
3000€ d’augmentation sur une Spring (ce n’est qu’un exemple, mais cité dans l’article), soit 17%, alors que le coût des batteries aurait pris 7%. Elle a bon dos l’inflation.
Le bonus va augmenter de 1000€ pour les 50% de ménages modestes. Mais ces 50% représentent combien de l’achat de VE neuf ? 5%? 10%? Si le bonus baisse de 1000€ pour les autres (particuliers aisés et entreprises), l’effet global sur le marché sera une baisse du bonus de quasi 1000€…
« plus d’une voiture vendue en France sur dix est 100 % électrique. »
Non. C’est plutôt « une voiture neuve sur 10″.
« près de 200.000 véhicules ….. vont être livrés en 2022 dans l’Hexagone. La voiture électrique a donc cette fois bien entamé sa phase de démocratisation. »
Démocratisation : action de mettre à la portée de tous.
200.000 sur 10.000.000 de ventes + voitures à 30.000€ minimum donc très chères = pas de démocratisation, un tout début très timide si vous voulez.
« La crise sanitaire a engendré une crise économique, qui a fait flamber les prix du transport, des matières premières et des composants électroniques. La guerre en Ukraine a ajouté à ce cocktail déjà pas fameux une explosion des prix de l’énergie. »
Je ne ferais pas de lien aussi direct.
D’ailleurs on pourrait se dire bêtement qu’après crise Covid les prix pourraient descendre ; ce n’est pas le cas.
Transports, matières 1ères, sont liés au prix de l’énergie. Si quelqu’un décide d’augmenter le prix de l’énergie alors à peu près tout est impacté, Covid ou pas Covid.
Composants : c’est surtout une pénurie. Il suffit que la fabrication soit concentrée dans une zone qui privilégie certains clients et… pénurie pour les autres. D’ailleurs cela risque bien de se passer sur d’autres types de produits dans les 20 ans qui viennent.
La guerre… est un prétexte. Le gaz Européen vient majoritairement de Russie qui décide ce qu’elle veut en terme de prix quels que soient ses volumes de production, guerre ou pas.
Regardez le prix de l’électricité qui est indexé sur la dernière unité de production. En ce moment c’est le gaz. Grosso-modo, la Russie décide du prix de l’électricité en France. Cela peut changer en changeant la règle. Encore une fois, pas de guerre ni de Covid là dedans.
C’est quand meme dingue que tous les médias n’ont plus que ce schema d’article (pourquoi X on vous explique Y).