Aux prises avec un manque de semiconducteurs, l’industrie automobile subit des soucis de production de véhicules. Quelle en est l’origine, et cela pourrait-il retarder des livraisons de voitures électriques et hybrides en 2021 ? On fait le point !
Alors que la pandémie de COVID-19 a frappé durement certains constructeurs, un autre problème mondial les touche depuis plusieurs semaines : une pénurie de puces.
Petite puce, grand problème
Pourquoi un si petit composant peut-il compromettre la fabrication entière d’une voiture ? Une puce électronique tient dans la paume d’une main, soit quelques centimètres carrés. En fait, on la trouve partout. Tout appareil électrique ou électronique fonctionne grâce à une puce : climatisation auto, écrans, essuie-glaces, sécurité active, ABS, etc.
Sur chaque voiture, on peut ainsi en trouver des dizaines. Sans une d’entre elles, la voiture pourrait mal fonctionner, voire ne pas pouvoir démarrer du tout. Le cabinet de conseil Deloitte a même estimé que les systèmes basés sur ces puces contribuent jusqu’à 40 % du prix d’une voiture, contre seulement 20 % en 2007.
Une voiture électrique inclut évidemment des puces spécifiques à la gestion du ou des moteurs, de la récupération au freinage, ou de la batterie. Elle est donc autant, si ce n’est plus, sujette à cette dépendance.

Amnon Shashua, PDG Mobileye, avec une carte équipée de puces gérant radars et caméras
Qui est coupable ?
Dans le monde du semiconducteur, il faut connaître l’acteur principal : Taiwan Semiconductor Manufacturing Company ou TSMC. Plus grande entreprise du secteur, TSMC est ultra dominante. En 2020, le fabricant a assuré plus de la moitié de la production mondiale. Il fabrique la puce Qualcomm de votre smartphone Samsung ou Apple, de votre console de jeu Xbox/PlayStation, ou de votre carte graphique de PC. TSMC est aussi à l’origine des puces équipant nos automobiles. Il existe d’autres entreprises, comme Intel, SMIC ou encore Samsung.
La crise de la COVID-19 a ralenti, et parfois mis un coup d’arrêt à la production des puces en raison des confinements et mesures sanitaires. Et quand TSMC et ses homologues peinent à suivre, c’est toute l’industrie qui tousse.
Suite logique, les stocks de puces ont fondu, mettant à mal certaines chaînes logistiques. À cela, s’ajoutent la demande accrue en ordinateurs pour le télétravail, le démarrage de la 5G, mais aussi une belle reprise du marché automobile, notamment en Chine (1/4 des ventes mondiales).

Production de puces par le n°1, le Taïwanais TSMC
Quelles conséquences sur la livraison de nos voitures ?
Avant le début de la pénurie, chaque constructeur disposait d’un certain stock de ces puces ou des pièces de sous-traitants concernés. Hyundai par exemple en détenait beaucoup, et n’a pas souffert, dans un premier temps, de ce souci. D’autres fonctionnent à flux tendu, et n’ont pu s’adapter à l’instar de Bosch, spécialiste (entre autres) en systèmes de freinage.
Cela résulte en la baisse du rythme, voire l’arrêt total de production, le temps de réapprovisionner en puces ou composants. Début avril, Peugeot a dû fermer ses sites de Sochaux et Mulhouse. Idem pour l’usine Dacia en Roumanie. Pour en revenir avec Hyundai, la Ioniq 5 souffre déjà de pénurie en Corée du Sud, le constructeur ne parvenant pas à s’alimenter en puces pour ses modules batteries.
Avec plusieurs centaines voire milliers de voitures fabriquées par jour, des sites peuvent enregistrer des pertes de production conséquentes. Heureusement, les fermetures sont brèves (quelques jours), ponctuelles, et ne touchent jamais toutes les marques en même temps. Ainsi, une marque peut honorer la commande de votre voiture électrique, au pire avec un petit délai de livraison.

Une voiture électrique très connectée, comme la Tesla Model S, est encore plus dépendante aux puces
Un impact financier pour l’automobile
Pour les constructeurs, c’est une autre histoire. L’accumulation des suspensions et délais les pousse à changer leurs objectifs et agendas. Renault a ainsi estimé perdre environ 100 000 voitures sur sa production 2021. Cela touche donc les finances. Au total, les analystes prédisent que l’industrie automobile perdrait jusqu’à 1 million de voitures cette année (sur 80 à 85), soit plus de 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Pour le moment, aucun analyste n’est capable de prédire jusqu’à quand la pénurie durera. Si elle est quasi réglée en Chine, la situation sanitaire liée à la COVID-19 reste encore d’actualité en Europe et en Amérique, en partie à cause des variants. Toutefois, les confinements se raréfient ou deviennent moins stricts – ne perturbant plus autant la production de puces – et la vaccination devrait permettre un retour progressif à la normale en fin d’année.
Les fabricants font également des efforts. TSMC a annoncé ce 1er avril investir 85 milliards d’euros jusqu’en 2023 pour augmenter sa production. D’ici là, les prix des composants pourraient flamber. La dure loi de l’offre et de la demande…

Peu de délais de livraisons à cause de la pénurie de puces, mais des retards de lancement sont à prévoir
« Taïwan produit actuellement 59% des circuits sur mesure sous-traités en fonderie dans le monde et représente plus de la moitié du marché mondial des circuits intégrés les plus avancés, hors mémoires. Et l’île abrite notamment Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. [TSMC], l’un des plus grands fabricants de puces au monde. Auteur d’une note sur cette question pour l’Institut Montaigne, Mathieu Duchâtel rappelle que, en 2015, la Chine a décidé de produire 70% des puces dont elle a besoin d’ici 2025. »
Comment la Chine compte augmenter sa production de puce? C’est simple, il suffit d’envahir Taiwan.
http://www.opex360.com/2021/03/10/pour-le-chef-des-forces-americaines-dans-la-region-indo-pacifique-la-chine-pourrait-envahir-taiwan-dici-2027/
Depuis cet article, des manœuvres navales et aériennes importantes ont eu lieu.
Après avoir mis la main sur les matières premières pour les batteries, ils vont s’accaparer les semi-conducteurs. L’industrie automobile du futur risque de dépendre de plus en plus de la Chine …
Il y a eu aussi le Vésuve et le froid glacial au Texas qui ont ralentit la prod.
Bloomberg a sorti un article très intéressant à ce sujet il y a quelques jours:
Why Shortages of a $1 Chip Sparked Crisis in Global Economy
https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-04-05/why-shortages-of-a-1-chip-sparked-crisis-in-the-global-economy
Pour résumer:
L’automobile a des cycles de développements longs, de son côté les fondeurs sont ok pour maintenir des lignes de production sur des anciennes architectures mais pas prêts à investir dans de nouvelles lignes pour produire des anciennes archi. Les acheteurs de l’automobile sont en train d’avoir une belle leçon de relation client-fournisseur. N’est pas en mesure de dicter ses conditions qui l’imaginait
Tous les gourous de la gestion de stock en flux tendu, du stockage mobile dans les camions (donc sur la voie publique payée par le contribuable), du zéro stock etc… Qui s’en sont mis plein les fouilles en vendant pendant des décennies leurs conseils pourris aux entreprises sous prétexte d’améliorer leur rentabilité, ils se font discrets en ce moment… Ce sont les mêmes qui ont excellé dans les conseils en délocalisation, en sous-traitance systémique, en externalisation, bref, en suicide au ralenti.
Tous ceux qui travaillent dans l’électronique connaissent bien cette pénurie qui est cyclique tous les 3-4 ans, la différence de celle-ci semble être lié au covid et peut être aussi à la forte augmentation de la présence de l’électronique dans l’automobile.
A chaque crise, l’Asie investie dans de nouvelles usines qui se mettent à produire dans les 36-48 mois, suralimentant le marché, donc ils ferment les vieilles usines, ce qui tend le marché progressivement, jusqu’à la prochaine crise où le cycle recommence (nouvelle usine, fermeture de la vieille,…)
Ca fait 12 ans que je bosse, et c’est la 3ème crise, et on a su m’expliquer ce cycle car ça c’était déjà produit avant. Là où c’est surprenant, c’est que les clients finaux ne semble pas retenir la leçon, puisqu’ils sont « surpris » à chaque crise.
Le problème de Taiwan c’est surtout aujourd’hui la pénurie d’eau dont ces usines sont très fortes consommatrices. Elles subissent des défauts d’approvisionnement et des quotas leurs sont alloués. Une conséquence de plus du dérèglement climatique.
TSMC et non pas TMSC.
Toujours le même problème,
Rien n’est fabriqué en France ou même en Europe.
Nous sommes dépendant totalement des chinois, est-ce que les marques automobile chinoise ont le même problème approvisionnement?
J’ai un petit doute…..