Photographie : H2 Green Steel

Mercedes-Benz va collaborer avec le suédois H2 Green Steel (H2GS), un producteur d’acier décarboné. Le constructeur automobile prévoit de se faire livrer 50 000 tonnes d’acier vert chaque année.

Le 7 juin 2023, Mercedes-Benz a annoncé la signature d’un accord d’approvisionnement avec la start-up H2 Green Steel. Comme Volvo avec SteelZero, l’acier fourni par l’entreprise suédoise sera « presque exempt de CO2 ». H2GS utilise de l’hydrogène et de l’électricité provenant de sources d’énergie 100 % renouvelables. Habituellement, les acteurs de la sidérurgie utilisent du charbon pour produire de l’acier. Un processus très polluant, qui est à l’origine de nombreux dégâts sur l’environnement. L’industrie sidérurgique pèse à elle seule entre 7 et 9 % des émissions de CO2 dans le monde.

Mercedes veut une chaîne d’approvisionnement neutre en CO2

La start-up suédoise précise que l’hydrogène servira de « gaz réducteur qui libère et lie l’oxygène du minerai de fer ». Les résultats sont bluffants. Concrètement, ce procédé ne produit pas de CO2, mais de la vapeur d’eau. L’objectif de H2 Green Steel est d’atteindre une empreinte de 0,4 tonne de CO2 par tonne d’acier. Une petite prouesse qui a éveillé la curiosité de Mercedes-Benz. L’objectif du constructeur automobile est d’arriver à créer une chaîne d’approvisionnement neutre en carbone d’ici à 2039. 

Mercedes fait donc le choix de la prévention et de la réduction des émissions de CO2, plutôt que celui de la compensation. Quatre modèles de la marque sont déjà conçus avec de l’acier à faible teneur en CO2. Un acier fabriqué à partir de déchets. Même chose pour le modèle EQS présenté à l’occasion du Salon de Francfort 2019. Selon Markus Schäfer, Directeur de la technologie, du développement et de l’approvisionnement, « les 50 000 tonnes d’acier décarboné vont nous permettre d’accélérer la création d’une nouvelle chaîne d’approvisionnement, régionale et résiliente ».

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55 000 voitures par an fabriquées en acier décarboné

En effet, cet acier sera produit en Suède, là où la première usine de H2GS est en cours de construction, dans le nord du pays. Il faut environ 900 kilogrammes d’acier pour fabriquer un véhicule. Avec ce nouveau partenariat, le constructeur automobile estime être en mesure de produire 55 000 voitures par an avec un acier décarboné. Parallèlement à ce projet européen, Mercedes-Benz compte établir une chaîne d’approvisionnement en acier durable en Amérique du Nord. Aucun détail financier n’a été communiqué.

Malgré tout, les experts précisent que « la production d’un acier décarboné nécessite une importante consommation d’électricité ». C’est une donnée à prendre en compte. H2 Green Steel a néanmoins réussi à obtenir une autorisation environnementale de la part de la Suède pour lancer son projet d’usine à Boden. La capacité de cette aciérie sera de 5 millions de tonnes par an.

Henrik Henriksson, PDG de H2 Green Steel, précise que « si nous existons, c’est uniquement parce que des entreprises pionnières de l’industrie automobile, comme Mercedes-Benz, pensent que la transition dans l’industrie de l’acier est trop lente pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs climatiques ».

Avis de l'auteur

Les nouveaux acteurs de la sidérurgie comme H2 Green Steel ou SSAB, qui a livré à Volvo 25 tonnes d’acier en 2021, bousculent les géants du secteur comme ArcelorMittal. Avec l’acier décarboné que ces nouveaux entrants sont désormais en mesure de produire, les poids lourds de l’industrie ne se contentent plus de développer des technologies palliatives, mais bien de remplacer totalement les hauts-fourneaux par des processus fonctionnant à l’hydrogène vert. Une prouesse rendue possible grâce à la méthode DRI (réduction directe au gaz) : de l’hydrogène vert produit grâce à l’hydroélectricité. Au-delà de l’impact pour l’industrie automobile, je pense que c’est une très bonne nouvelle pour accélérer la décarbonation de ce secteur encore très dépendant du charbon. À ce jour, c’est même l’industrie lourde émettant le plus de CO2.