Combien d’électromobiliens, en particulier parmi ceux qui ont fait le pas de la voiture branchée avec les modèles des années 1990, ont rêvé, et rêvent encore de pouvoir transformer un jour une ancienne pour en faire un engin efficace au service de la mobilité durable ?
Il y a quelques semaines, nous vous présentions la E-Story, une réplique en quadricycle de la Citroën Méhari, montée en Ardèche. Aujourd’hui, c’est Marguerite qui nous intéresse ! Car il s’agit d’une 2 CV convertie à la motorisation électrique, et homologuée par le ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’Energie. C’est elle qui a été exposée du 4 au 10 décembre dernier au sein de l’exposition « Solutions Cop21 ».
Il y a 30 ans déjà…
Marguerite n’est pas la toute première 2 CV convertie à l’électricité. Les passionnés de la Citroën présentée officiellement au salon de l’automobile de Paris en 1948, se souviendront peut-être de cette transformation effectuée en 1968 par M. Lenoir sur un modèle de 1959, et dont l’histoire était détaillée dans le numéro 10 de Citropolis (juillet/août 1998). Plus de 30 ans après sa conversion, cette voiture unique roulait toujours, selon le magazine. En 2008, lorsque j’ai pu la voir sous toutes les coutures à la bourse d’anciennes de Créhange (57), elle ne se déplaçait plus par ses propres moyens. Où est-elle aujourd’hui ? Hélas, elle a disparu en 2010 dans l’incendie du hangar qui lui servait de garage !
4 roues sous 1 parapluie
« Quatre roues sous un parapluie avec quatre places assises, 50 kg de bagage transportable, 2 CV fiscaux, traction avant comme les 11 et 15/Six, 60 km/h en vitesse de pointe, boîte à trois vitesses, facile d’entretien, possédant une suspension permettant de traverser un champ labouré avec un panier d’œufs sans en casser un seul, et ne consommant que 4 à 5 litres aux 100 kilomètres » : ainsi fut résumé à l’époque le cahier des charges imposé par Pierre-Jules Boulanger, homme de confiance de la famille Michelin et PDG de Citroën, pour le projet TPV (Toute petite voiture) qui donnera naissance à la 2 CV.
Mais « 4 roues sous 1 parapluie », c’est aussi le nom d’une entreprise parisienne qui propose d’organiser ou accompagner des événements divers, et principalement de faire visiter la Capitale aux touristes, embarqués dans un ou plusieurs exemplaires de cette voiture mythique. C’est également l’adresse de résidence de Marguerite.
Marguerite, la 21
Marguerite ? « Oui, Marguerite ! Nous donnons un nom à chacune de nos voitures », explique Florent Dargnies, à la tête de l’entreprise « 4 roues sous un parapluie » qu’il a créée il y a maintenant une douzaine d’années. « Notre flotte se compose de 40 2 CV, d’une ID 19 et d’une DS 21 Pallas », chiffre-t-il. Et pour piloter tout cela : une centaine de chauffeurs ! Pour reconnaître les différentes voitures, le nom ne suffit pas : On a beau les appeler avec, elles ne bronchent pas ! Un numéro sur les portières avant permet de les distinguer. Marguerite, convertie à la motorisation électrique, porte le 21. Sur quarante 2 CV, elle n’est donc pas arrivée tout récemment dans la flotte. C’est qu’il « a fallu environ 5 ans en R&D et démarches diverses pour arriver à obtenir l’agrément de prototype », délivré tout juste avant la COP21, relate notre interviewé.
Agrément prototype
L’homologation accordée par le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie « est arrivée une dizaine de jours avant la COP21 », se réjouit encore Florent Dargnies. « Sans elle, nous n’aurions pas exposé Marguerite », précise-t-il. « Heureusement, nous avions anticipé un peu et réservé l’emplacement au Grand Palais », se félicite-t-il, estimant que le hasard a bien fait les choses. « En fait d’homologation, il s’agit d’un agrément de prototype pour une transformation brevetée que nous pourrons dupliquer à d’autres exemplaires de 2 CV thermiques », précise le fondateur de l’entreprise parisienne. Une voie royale qui s’ouvre à tous ceux qui voudraient convertir la mythique voiture minimaliste ? A priori non ! Les différents projets déjà en cours devront continuer à se poursuivre chacun dans leurs coins, avec des aboutissements éventuels réussis au cas par cas, sous réserve de la bonne volonté de Citroën.
Des hauts et des bas
Il y a quelques années, une première 2 CV avait déjà été convertie pour « 4 roues sous un parapluie ». « Celle-ci ne pouvait être homologuée comme nous le souhaitions », assume Florent Dargnies, qui indique avoir dû repartir à zéro avec Marguerite. « Obtenir l’homologation a été compliqué. On a connu bien des hauts et des bas, n’y croyant plus, y croyant à nouveau… ! On n’était jamais sûr d’aboutir ! », se remémore-t-il. « Heureusement, nous avons bénéficié de l’accord et du soutien de Citroën qui a suivi le projet et validé la transformation », commente notre interviewé, encore plein de souvenirs vécus à bord de la 2 CV familiale qu’il a reçue dès le permis de conduire en poche.
Retour au Grand Palais
C’est le jeudi 7 octobre 1948, que le président Vincent Auriol inaugure au Grand Palais le salon de l’automobile qui fête cette année-là ses 50 ans. Depuis, le « vilain petit canard », raillé par la presse et nombre de visiteurs, est devenu une légende du XXe siècle pour son genre. Ramener la 2 CV, 67 ans après, carte de l’innovation toujours en main, au sein du même bâtiment monumental fixé en bordure des Champs-Elysées, est un symbole particulièrement fort ! « Dans le cadre de l’exposition Solutions COP21, l’accueil du public a été enthousiaste et sympathique », certifie Florent Dargnies, qui a reçu avec joie les différents commentaires et témoignages des curieux.
Sous le capot
Tout est si bien disposé sous le capot qu’on croirait que la 2 CV a été étudiée dès le départ pour la mobilité électrique. Avec une vitesse de pointe à 110 km/h, Marguerite dispose d’une autonomie de 80 kilomètres. Son pack de batteries lithium de 8 kWh se recharge en 3 heures. « C’est suffisant pour faire du tourisme urbain ! », plaide Florent Dargnies. Comme le cahier des charges de la transformation imposait de conserver au maximum les différents attributs de la voiture d’origine, la boîte de vitesses est toujours utilisée : « Nous exploitons 2 rapports pour la marche avant, la troisième vitesse la plupart du temps, et la deuxième pour les côtes », précise le fondateur de « 4 roues sous 1 parapluie ».
Comme une 2 CV
Au final, « Marguerite a un comportement routier assez similaire à celui d’une 2 CV normale », révèle Florent Dargnies. Rien que cette petite phrase suffit à donner l’envie à tous citroënistes d’essayer l’engin. Alors, fatalement, on aimerait tout connaître de la transformation de cette voiture. Mais nous ne saurons pas tout ! A commencer par le coût de l’opération qui reste encore secret, financé à hauteur d’un peu plus de 20% par une subvention du Fonds de développement touristique régional, initié par la Région Ile-de-France et le Comité régional du Tourisme Paris Ile-de-France. Une aide destinée à encourager le développement d’un tourisme urbain écologique et durable.
So frenchy !
Au fait, pourquoi une 2 CV ? Partant du constat que Paris est la première destination touristique mondiale, la société « 4 roues sous 1 parapluie » a cherché à développer un concept qui permette aux visiteurs « de se souvenir autant de leur balade en 2 CV que leur montée au sein de la Tour Eiffel », commente Florent Dargnies. Quelle voiture connue dans le monde entier, capable de se faufiler un peu partout, était capable de véhiculer une image « so frenchy » ? La Citroën 2 CV, tout simplement ! D’autant plus que les chauffeurs revêtent un costume composé d’une casquette et d’une marinière, et commente à leur façon la visite de la Capitale ! « Même si l’engin est découvrable, il forme à l’arrière un petit cocon d’où il est possible d’avoir une vue magnifique sur tous les monuments de Paris », certifie notre interviewé.
Dans l’air du temps
Et pourquoi transformer en véhicule électrique la 2 CV ? « Ça fait des années que la mairie de Paris annonce vouloir faire de la Capitale une ville propre ! Il nous a paru indispensable de suivre le mouvement, puis naturel et évident de faire de la 2 CV un engin pour le tourisme vertueux », explique Florent Dargnies. Dans son entreprise en pleine croissance, on ne semble jamais à court d’idées ! « Toujours à la poursuite d’innovations, nous recherchons à améliorer sans cesse notre catalogue d’offres », promet le fondateur de « 4 roues sous 1 parapluie ». L’électrification de la flotte de 2 CV est une étape de cet ambitieux programme.
Quelles formules pour Marguerite ?
Les premières offres touristiques qui exploiteront Marguerite seront proposées en janvier prochain. Sans doute y aura-t-il un jour au catalogue de l’entreprise des formules de rallyes et accompagnements d’événements qui ne se baseront que sur des 2 CV converties à la motorisation électrique. A titre indicatif, aujourd’hui, pour une visite commentée d’environ 30 minutes, il en coûte 20 euros par personne quand la voiture embarque 3 passagers.
Au jour de l’interview, personne n’avait encore officiellement sollicité l’équipe pour un trajet avec la numéro 21. Sachez qu’il est possible de soumettre une demande particulière, et qu’il existe des propositions pour aller en 2 CV jusqu’au Touquet (62), Strasbourg (67)… et même Cannes (06), en traversant 20 des plus beaux villages de France. Au programme : vieilles pierres, gastronomie et œnologie !
En savoir plus : www.4roues-sous-1parapluie.com
Philippe, La 2cv de M. Lenoir existe toujours !!!
Elle se trouve à Bordeaux. 😉
Il y a matière à compléter cet article ou en faire un nouveau.
De mémoire, il y a pas loin de 10 ans, le projet Electrodyane (ou solardyane) a également été lancé… avec des pièces de récupération y compris pour le moteur électrique (un groupe de transpalette, si je me souviens bien)… Projet encouragé, homologué… Tant qu’il restait marginal…
Vous en avez des nouvelles, de celui-ci, aussi ?
Article qui a 3 ans, alors ou en est le remplacement de l’ensemble des véhicules de cette boîte par des VE ????
Ce serait sympa d’avoir un suivi de ce type d’articles.
Cdlt
Aucun mot sur le moteur, les accessoires…!? Où ont ils été achetés….? où ont ils été produits…? Le journaliste ne s’est intéressé qu’à la surface des choses on dirait bien…pourtant le moteur que l’on peut voir sur les photos a bien été fabriqué par une entreprise…..?!! On sait que l’on peut convertir des voitures thermiques en voitures électrique grâce à des kit de conversion sans acheter la voiture électrique la plus chère du pays et c’est cela que je trouve honteux en France.. vouloir nous faire croire que seules les voitures électriques de constructeur officiel sont possibles…
Bonjour,
Serait possible d’avoir des nouvelles de cette 2cv électrique ?
Est elle toujours utilisée ?
Est elle toujours un « prototype » ?
Dans l’affirmative, comment ont ils obtenu le droit de circuler dans le cadre d’une activité commerciale ?
Ou en est leur projet de lancer une série de 2cv électrifiées ?
Ce serait sympa d’avoir un suite, 2 ans et demi plus tard
Cdlt
Bonjour,
Je souhaite électrifier la méhari que je viens d’acquérir.
J’envisage de capitaliser sur des projets existants et fonctionnels. J’ai cru comprendre que « 4 roues sous un parapluie » avait adopté la chaine de traction de la MIA et que cela donnait des résultats satisfaisants. Je souhaiterais être mis en relation avec toute personne qui pourrait me conseiller utilement pour mener à bien mon projet. Je souhaiterais en particulier connaitre les caractéristiques et les fournisseurs des organes essentiels (moteur, variateur-onduleur, ligne de séquence, batteries, chargeur…).
Je vous remercie par avance,
Michel SALAGOITY
06 89 51 62 88
« En fait d’homologation, il s’agit d’un agrément de prototype pour une transformation brevetée » .. » sous réserve de la bonne volonté de Citroën »
Tout est dit! Pas d’ESP, pas d’ABS, pas de RTI, pas homologuée! Du gros pipeau, et surtout un max de passe droits pour faire rouler, ce qui n’est plus homologable.
Chapeau à la Dreal qui a laissé cette ignominie se faire, pendant que les autres sont recalés avec des projets conformes à leurs chères normes d’homologation!
A priori une grande partie de leur parc va passer à l’électrique parce que à partir du 1/07/2016, tous les véhicules d’avant 1997 ne pourront plus rouler dans Paris en semaine entre 8h et 20h (donc tous les véhicules thermiques de cette société).
Et il fallait à cette société un véhicule « homologable » c’est-à-dire avec une certificat d’immatriculation en bonne et due forme. La transformation de l’association circulait en plaque W avec un statut de prototype sur la CG.
Merci pour ce beau reportage, Philippe
J’ignorais que la 2CV de M. Lenoir avait été détruite. C’était la seule, à ma connaissance, disposant d’une homologation Française en bonne et due forme grâce à sa détermination.
Question bête… Pourquoi le premier véhicule réalisé par Bientotélectrique n’était pas homologable ? Qui y a t’il de nouveau techniquement pour autoriser ou non ces conversions ?
Bonjour, excusez moi de casser l’ambiance mais a 20€ la ballade par personne ? jamais l’électrique n’aura été aussi dissuasif, tant que ça ne rapportait pas du fric dans tout les sens on n’en parlait pas.
Longue vie à cette initiative.
à tous ceux qui font la course pour avoir un LREV et des recharges à 2MW, voici l’exemple à suivre: 8kWh de batterie !
Je suis certain que l’on peut sortir le VE de Ségo si on reste inférieur à 15kWh de batterie. Cette Marguerite nous le prouve…mais pour une série avec une bonne sécurité, il faudrait en plus ABS, ESP, AirBags et ACC.
Merci Philippe pour cet article.
En espérant que cette possibilité se développe et devienne plus facile à mettre en œuvre.
La transformation de l’association Bientôt électrique, verte aussi, avait une partie du pack de batteries situé au-dessus du moteur, là la charge doit être un peu mieux répartie (https://www.youtube.com/watch?v=kEh8uMnP8R4)
Génial!!!!
La tradition rencontre le futur !!!!
Il y a quelques années, sur ce site, la présentation du rétrofit d’une twingo à la motorisation électrique par une entreprise lituanienne pour moins de 9000€. Qu’en est il actuellement ? Combien de twingo transformées depuis ?