Voici deux ans, l’Europe a décidé d’interdire la vente de véhicules légers à moteur thermique à l’horizon 2035. Une décision de plus en plus battue en brèche avec pour argument que cette décision favorise les constructeurs chinois. Ah bon ?

De nombreux candidats se sont emparés du sujet de l’interdiction de la vente de véhicules à moteur thermique en 2035 dans le cadre de la campagne pour les élections européennes. Alors même que les constructeurs, par la voix de Luca De Meo dans son rôle de président de l’ACEA, ont bien déclaré ne pas vouloir remettre en cause cette interdiction ou la date fixée. En effet, les constructeurs demandent avant tout de la stabilité dans les décisions et les réglementations.

Changer les règles du jeu après les énormes investissements consentis par l’industrie dans son ensemble (constructeurs, équipementiers, projets d’usines de batterie, infrastructure de charge…) afin de se mettre en trajectoire n’est pas vraiment une aide pour cette industrie.

La porte ouverte…

Un des arguments les plus exploités pour remettre en cause cette décision de l’Union Européenne, qui répond rappelons-le à l’urgence climatique et au besoin de réduire drastiquement nos émissions de CO2, est celui-ci : l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 serait le plus beau cadeau fait par l’UE aux constructeurs automobiles chinois. Le fait est loin d’être certain…

Les constructeurs chinois, ainsi que l’ensemble de l’industrie, ont, c’est indéniable, progressé très rapidement sur le sujet du véhicule électrique. Car le gouvernement chinois a décidé cette orientation dès le début des années 2010. Peut-être l’Europe aurait-elle été inspirée d’y penser elle aussi à cette époque. Soit lorsque BMW lançait sa i3, Renault sa Zoe et Tesla sa Model S… Ils ont donc un avantage technologique, en plus de leur avantage économique.

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Mais ces mêmes constructeurs chinois sont loin d’être dépourvus en matière de véhicules thermiques… Les gammes encore assez fournies des constructeurs sont ainsi composées de moteurs très récents et performants et il en va de même pour les transmissions. Autant de modèles qui sont probablement encore plus compétitifs que leurs homologues électriques.

D’ailleurs, le succès de ces constructeurs est encore plus marquant sur des marchés qui n’ont décidé aucune interdiction du moteur thermique : Australie, Brésil, Mexique, Inde… Sans même parler de la razzia sur le marché russe pour d’autres raisons, mais où leur forte croissance était déjà engagée depuis plusieurs années.

Et du côté de l’Europe, un des plus beaux succès des constructeurs chinois est à l’actif de MG en Espagne : quatrième meilleure vente du marché en 2023… avec la version essence du ZS !

Alors, plutôt que de remettre en cause une décision qui était peut-être la meilleure à prendre du point de vue des enjeux climatiques et tout simplement de l’avenir de la filière automobile, peut-être serait-il plus judicieux de se pencher sur la manière dont l’Union Européenne peut aider son industrie automobile à affronter cette menace chinoise…