Aperçu de la Nio House à Shanghai // Photographie : Nio

Ursula Von der Leyen souhaite mettre en place une taxe pour réguler les importations de voitures électriques chinoises sur le territoire européen. Plusieurs analystes rapportent que cette menace de la Commission européenne n’intimide absolument pas les constructeurs chinois.

Les constructeurs chinois sont sereins

Le gouvernement français et les États européens en général poussent pour l’instauration d’une taxe sur les véhicules électriques chinois. Une enquête a été ouverte par la Commission européenne sur les subventions accordées aux modèles chinois. Ursula Von der Leyen estime que « les tarifs des voitures électriques chinoises sont maintenus artificiellement bas par d’énormes subventions publiques » et que cela « fausse notre marché ». Pas de quoi inquiéter Pékin.

Depuis cette annonce, de nombreux analystes ont pris la plume pour faire savoir que cette éventuelle taxe n’aurait probablement qu’un impact limité sur les ventes des constructeurs chinois en Europe. La prise de position de l’Union européenne était attendue, mais l’impact réel sera relativement faible. Les perspectives pour les entreprises automobiles chinoises de « pénétrer les marchés internationaux restent intactes » selon le cabinet Sinolink Securities.

Des véhicules électriques bon marché, vraiment ?

La Chine s’attendait depuis le mois d’avril à d’éventuelles taxes. L’Union européenne a cité le prix « bon marché des véhicules électriques chinois » pour justifier l’ouverture d’une enquête. Les marques concernées précisent que les véhicules exportés vers l’Europe coûtent en moyenne près du double du prix en Chine. La BYD Seal démarre par exemple à 44 990 euros (hors bonus) sur le sol européen. Soit environ 350 000 yuans, contre 189 800 yuans en Chine.

Même chose pour la BYD Atto 3 dont le prix européen se situe aux alentours des 43 690 euros (hors bonus). La BYD Han démarre à 72 000 euros. Des prix élevés « qui ne vont pas dans le sens des allégations de la présidente de la Commission européenne » selon les analystes chinois. Ils estiment également que les exportations des constructeurs chinois vers l’Europe sont très modestes. Entre janvier et juillet, 89 000 unités ont été envoyées vers les pays européens.

Un discours européen à deux poids, deux mesures

Cela ne représente que 4,8 % des ventes en dehors de la Chine. Les marques chinoises s’exportent aussi au Brésil, en Thaïlande, en Russie, en Turquie, aux États-Unis ou au Mexique. Pour se préparer à d’éventuelles sanctions européennes, les entreprises chinoises ont déjà trouvé la solution : implanter des usines en Europe. Certains constructeurs s’y attèlent déjà. BYD cherche par exemple l’endroit idéal pour construire une usine et la France figure même parmi les pays retenus par le constructeur.

Le gouvernement veut dérouler le tapis rouge à la marque chinoise. Deux poids, deux mesures. D’un côté, l’Union européenne cherche à mettre des bâtons dans les roues des constructeurs chinois. La France en tête avec les évolutions à venir du bonus écologique. De l’autre, les États européens se battent pour faire venir les marques chinoises sur leur sol et les convaincre d’y implanter des usines. En somme, les perspectives des ventes de voitures électriques chinoises restent bonnes.

Quel sort sera réservé aux marques européennes ?

Le cabinet Zhongtai Securities ajoute que « la probabilité que l’Union européenne introduise des droits de douane n’est pas élevée » et que, même si elle le fait, « l’impact sur les ventes et les performances des constructeurs automobiles chinois ne sera pas très important ». Autre conséquence possible d’une éventuelle taxe : le retour de bâton pour les européens en Chine. L’Allemagne, plus grand constructeur automobile européen, s’oppose à toute mesure punitive.

Les marques européennes pourraient à leur tour subir les conséquences de cette guerre commerciale sur le marché chinois. De quoi réduire à néant les efforts de Volkswagen pour s’implanter sur le marché chinois. La marque allemande fait tout pour faire son trou en Chine. Notamment en tissant des partenariats avec des acteurs locaux comme Xpeng et SAIC.