Il râle beaucoup, il a décidé d’en faire un métier. Une semaine sur deux, notre râleur professionnel partage sa mauvaise humeur. Cette fois, il s’intéresse à la Formule E.

Il y a deux semaines, plus de cinq millions de personnes ont regardé du handball en prime-time à la télévision. Un audimat XXL pour ce sport, mais c’est bien parce que l’équipe de France avait atteint la finale du championnat du monde. Le reste du temps, la très large majorité des téléspectateurs n’en ont que faire de ce sport, qui fait partie de ceux qui génèrent des passions éphémères par excès de chauvinisme, comme l’escrime aux JO. Mais après tout, un engouement de temps en temps, c’est déjà mieux qu’un désintérêt permanent. Comme celui que vit la Formule E.

Mais si, ce championnat de monoplaces électriques ! La neuvième saison vient de commencer, la quatrième course a déjà eu lieu ce 11 février en Inde. Ah bon, vous ne le saviez pas ? On peut pourtant suivre chez nous les courses en clair, chose devenue rare en France pour un sport mécanique, grâce à la chaine l’Equipe. Le râleur l’a su en cherchant sur le net, alors qu’il savait que l’Equipe diffuse le biathlon, programme qui ne l’intéresse guère (sauf pendant les JO).

Le symbole d’un cruel manque de médiatisation pour la Formule E. Quand celle-ci est apparue, on a bien senti un intérêt, renforcé par l’organisation d’une course en plein Paris, qui avait connu le succès (manche française qui n’a toutefois pas survécu au Covid). La Formule E avait aussi un aspect avant-gardiste, avec bien sûr l’image de la Formule 1 du futur. Et puis surtout elle avait l’image écolo. Même Anne Hidalgo l’aimait, c’est pour dire.

La Formule E était de plus arrivée à un moment où la Formule 1 semblait dans un creux, trop chère, trop dominée par Mercedes et Hamilton. Puis est arrivé Verstappen, des budgets plafonnés… et surtout Netflix. En consacrant une série documentaire tournée dans les coulisses de la discipline, la célèbre plate-forme américaine a carrément remis la F1 sur le devant de la scène et fait rajeunir son audience.

Une notoriété revenue au sommet qui a permis de rendre la discipline profitable. Résultat : les marques se bousculent à nouveau pour afficher leur nom sur les monoplaces et tirer profits des retombées médiatiques. D’ailleurs, à l’heure où les constructeurs font des économies de bout de chandelle pour financer leur transformation électrique, ils continuent d’investir des sommes folles pour être en F1.

Ford vient ainsi d’annoncer un partenariat avec RedBull, qui prendra effet sur les pistes en 2026. Le même Ford qui vient d’annoncer une perte nette de deux millards de dollars en 2022. Le même Ford qui compte investir massivement pour électrifier ses ventes, mais choisit donc une F1 qui restera encore en 2026 à l’ère de l’hybridation légère et se mettra même… aux carburants de synthèse. Mais pour annoncer son partenariat, Ford a repeint aux couleurs de Red Bull une Mustang Mach-E !

La Formule E est donc écrasée sous le poids médiatique de la F1. Il suffit de voir la valse des marques pour voir que la discipline a du mal à intéresser. Les grands labels s’y sont précipités au moment où la sauce prenait… et où il fallait mettre en avant un label électrique. Puis ils se sont vite échappés. BMW a fait un passage éclair, tout comme Audi et Mercedes.

Ce dernier a vite remis en cause sa présence en FE, sans ouvrir le débat sur son engagement en F1 ! Mercedes, c’était quand même l’écurie championne de 2022, avec le champion du monde, Stoffel Vandoorne. Celui-ci a rejoint DS, un team français. C’est comme si, en F1, Alpine avait recruté Verstappen à l’inter-saison, ce qui aurait fait pas mal parler au delà d’un cercle d’initiés. Mais là, on vous l’apprend.

Le plateau de Formule E reste quand même bien garni. Mais bon, avec des labels de seconde zone qui veulent une notoriété sportive pas trop chère non ? On a par exemple Mahindra ou Nio. Au sein du groupe Volkswagen, le nom Audi a été remplacé par…Cupra ! Ca aussi, vous le saurez maintenant.

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