Le Scénic fait sa révolution. En plus de pencher vers les SUV, il passe au tout électrique. Il devient la première Renault électrique avec une grosse autonomie. Automobile-Propre a pu le découvrir en avant-première.

Oubliez ce que vous savez sur le Scénic. Renault a juste gardé le nom et changé tout le reste. Cela commence par la motorisation, uniquement électrique, avec une plate-forme dédiée. Puis cela se poursuit avec la silhouette.

Le Scénic n’est plus un monospace compact, un genre qu’il avait pourtant inventé… mais qui n’est plus à la mode. La mode est aux SUV, la nouvelle génération du Scénic penche donc du côté des SUV. Cela se voit par exemple avec les protections de carrosserie sur les bas de caisse et autour des roues. Si le Scénic ne prend toutefois pas un air très baroudeur, il délaisse clairement la forme arrondie des monospaces, abandonnant par exemple le capot plongeant. L’allure est plus charpentée, plus anguleuse.

Des petits airs de déjà vu

Avec ce modèle, Renault poursuit d’ailleurs la révolution de son design, commencée avec le SUV coupé Rafale. Virage à 180°, on oublie les courbes, place aux angles plus marqués. Certains y verront une influence Peugeot. Ce qui n’est pas totalement faux, car ce Scénic a été supervisé par Gilles Vidal, arrivé chez Renault en 2020 après avoir oeuvré à la tête du design du Lion (on lui doit par exemple le succès du deuxième 3008).

Certains gimmicks qu’il a mis en place chez Peugeot se retrouvent même sur ce Scénic, comme le dessin déstructuré des jantes. Ou un soin poussé des petits détails. Gilles Vidal a ainsi voulu jouer avec le losange. Des moitiés de losange constituent la nouvelle signature lumineuse à l’avant, de chaque côté du bouclier. Surtout, ici, la forme du logo donne naissance à un très réussi maillage au niveau de la calandre.

Sur le profil, le décor de la custode n’est pas sans rappeler celui du Hyundai Tucson. Si ce décor est de couleur alu, la marque a banni le chrome. A l’arrière, Renault délaisse le bandeau lumineux, optant pour des feux en forme de flèche sur les côtés. Afin d’améliorer l’aéro, des déflecteurs sont moulés dans le bouclier.

La Megane XL

Le Scénic reprend la plate-forme CMF-EV, inaugurée chez Renault par la Megane. On peut d’ailleurs voir le Scénic comme la version XL de la Mégane, qui est certes qualifiée de compacte par Renault, mais est une compacte de taille modeste, avec 4,21 mètres de longueur. Le Scénic s’étire lui sur 4,47 mètres. Il profite d’un empattement allongé de 10 centimètres par rapport à celui de la Megane, à 2,78 mètres.

Habitabilité et volume de coffre ne sont pas des points forts de la Mégane. Des défauts que le Scénic n’a pas. A l’arrière, on profite d’un bel espace aux jambes et d’une garde au toit généreuse. La sensation d’espace est renforcée par le plancher plat et la bonne taille des fenêtres, la ceinture de caisse n’étant pas trop haute. Elle est aussi renforcée avec le toit en verre panoramique. Celui-ci n’est pas ouvrant, mais profite d’une fonction inédite pour un modèle d’un constructeur généraliste : il est opacifiant.

C’est une technologie mise au point avec Saint-Gobain. Pas besoin de vélum, le toit devient opaque. Cela peut même se faire par moitié, avec donc par exemple du transparent à l’avant et de l’opaque à l’arrière, ou inversement. La fonction peut être commandée par la voix grâce au Google Assistant.

Bon coffre, mauvaise modularité

Du côté du poste de conduite, on est en terrain connu, car on retrouve le mobilier de la Megane. Il y a ainsi un ensemble d’écran en forme de L : un écran horizontal de 12,3 pouces pour l’instrumentation et un de 12 pouces vertical pour l’info-divertissement, avec les services de Google. Le Scénic profite toutefois d’un nouveau design pour les interfaces, plus graphique. Juste en dessous de l’écran central, un espace permet de recharger par induction les téléphones.

Renault fait l’impasse sur le cuir pour ce modèle, qu’il présente d’ailleurs comme un exemple de véhicule durable. Près d’un quart de la masse de l’auto correspond à des matières recyclées. Il y a par exemple jusqu’à 80 % de matière recyclée pour la planche de bord (polypropylène issu de rebuts de l’industrie) ou 100 % pour la sellerie (en finition techno).

Du côté du coffre, le volume est généreux, à 545 litres. Mais le seuil haut perché forme une sacrée marche. La banquette se replie selon le format 40/20/40. Mais une fois rabattue, il y a une autre marche, la faute à une batterie dont une partie des modules sont sur un deuxième niveau. Le Scénic a donc su garder un beau volume intérieur, mais il s’annonce moins pratique à l’usage. La modularité est simple (on oublie les sièges indépendants) et les petites astuces appréciées des familles sont quasi absentes. Renault explique d’ailleurs que c’est désormais un modèle taillé pour des parents avec deux ados plus que trois jeunes bambins. La preuve avec l’accoudoir central “Ingenius”, qui intègre des prises USB et des supports pour téléphones et tablettes.

610 km d’autonomie !

Sur le plan de la technique, on a donc la même base que la Mégane, mais l’offre est différente. On a ici des moteurs (synchrone à rotor bobiné) de 125 et 160 kW, soit 170 et 220 ch. Les couples maxi sont de 280 et 300 Nm.

Le bloc de 125 kW est associé a la batterie de 60 kWh, qui donne une autonomie en cycle mixte WLTP de 420 km. La grande nouveauté, c’est la batterie de 87 kWh, pour le bloc de 220 ch. Avec elle, Renault promet 610 km ! On a donc enfin une Renault électrique à grande autonomie. Petite originalité du modèle : le son réglementaire émis sous 30 km/h, qui permet aux piétons d’entendre un véhicule électrique arriver, a été ici imaginé par le musicien Jean-Michel Jarre.

Pour la recharge, le véhicule pourra avoir le chargeur embarqué 22 kW. En recharge rapide courant continu, la puissance maxi sera de 130 kW avec la batterie 60 kWh, et 150 kW avec la batterie 87 kWh. La marque dit avoir amélioré la courbe de charge avec un plateau plus long. La pompe à chaleur est en série. Des palettes au niveau du volant permettent de choisir parmi quatre niveaux de freinage “récupératif” comme le dit Renault.

Un planificateur peaufiné

Le déjà bon planificateur de trajets de la Megane a été encore amélioré, pour mieux calculer le temps de trajet. Avec la navigation de Google Maps, le pré-conditionnement est activé automatiquement à l’approche des points de recharge retenus. A noter que la température de fonctionnement optimale est passée de 35 à 25 degrés, ce qui économise de l’énergie. Le conducteur peut désormais définir sa maison et son lieu de travail comme points de charge, ce qui lui permettra d’arriver à ces destinations avec un niveau de charge de 12 % à la place de 30 %. Pour passer le temps pendant une recharge, le système multimédia OpenRLink embarque des applications de loisirs, dont un blind test musical.

Dans la liste des aides à la conduite, on retrouve l’Active Driver Assist, une conduite semi-autonome de niveau 2, qui a été améliorée. L’aide associe le régulateur adaptatif et le centrage dans la voie, avec des données de géolocalisation grâce à une cartographie spécifique. Il y a aussi une alerte de survitesse, qui s’adapte aux conditions pluvieuses.

Le Scénic électrique sera produit en France, à Douai (les moteurs sont assemblés à Cléon). Il sera commercialisé début 2024. Le Losange n’a pas encore donné de prix. On fait toutefois un pari : une grosse batterie qui profite du bonus, au moins en entrée de gamme, donc sous 47.000 €. Le Scénic pourrait donc avoir des prix proches de ceux de la Megane, qui seraient pour leur part un peu baissé. On espère viser juste, car cela donnera alors un Scénic bien placé.

Le premier bilan

Avec ce Scénic, Renault propose enfin une offre électrique qui associe bon espace à bord et grande autonomie. Le modèle séduira ainsi ceux qui trouvent la Megane trop juste sur ces points. Il risque en revanche de dérouter les habitués du Scénic. Certes, la silhouette SUV est plus tendance, on comprend le besoin de faire évoluer le véhicule sur la forme, mais il est dommage de voir la modularité et les aspects pratiques en retrait. Renault a toutefois ici un modèle électrique qui est dans l’ensemble séduisant… si les prix restent en adéquation avec la concurrence. Peugeot dévoilera d’ailleurs bientôt le 3008 électrique.

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