Présente cette année au CES de Las Vegas, la start-up canadienne GBatteries affiche sur son site un objectif pour le moins ambitieux et interpellant : « Nous permettrons aux véhicules électriques de se recharger aussi vite qu’il le faut pour faire un plein de carburant »
De nombreuses start-up, labos ou centres de recherche travaillent sur la mise au point de technologies capables d’accroître la vitesse de charge des voitures électriques. Les annonces dans ce domaine sont fréquentes mais il faut bien constater que, jusqu’ici, aucune de ces recherches n’a encore abouti au stade de l’industrialisation et de la commercialisation.
« La plupart de ces entreprises se concentrent sur le développement de nouvelles combinaisons chimiques ou de nouveaux matériaux pour améliorer la vitesse de charge des batteries. Mais ces recherches sont fastidieuses et coûteuses. La mise au point de procédés et de nouvelles lignes de production pour fabriquer de nouvelles batteries nécessitent des investissements qui se chiffrent en milliards de dollars » déclare Kostya Khomutov, l’un des fondateurs de Gbatteries.
Une combinaison d’algorithmes et d’électronique
«Notre technologie fait appel à l’intelligence artificielle : il s’agit d’une combinaison d‘algorithmes et d’électronique, qui peut fonctionner avec n’importe quel modèle de batteries Lithium-ion existantes, validées, testées et produites par les fabricants de batteries. Il ne faut rien d’autre : pas de nouveaux matériaux ni de nouvelles usines. »
GBatteries peut se flatter d’avoir intéressé des investisseurs et des « business angels » d’envergure comme Airbus, l’incubateur américain Y Combinator et SV Angels. Fondée en 2014 par un ingénieur en aérospatiale et des ingénieurs électriciens, la start-up est née d’une frustration. « Nous bricolons ensemble depuis notre adolescence et nous avions monté un petit laboratoire dans une cave » nous dit Tim Sherstyuk. « Quand nous étions à l’université nous discutions souvent de la raison pour laquelle les piles de nos téléphones portables se dégradaient si rapidement : vous achetez un téléphone et un an plus tard il n’est presque plus utilisable tellement l’autonomie de la batterie a chuté ». Pour résoudre le problème, les étudiants ont bricolé dans leur labo un système de contrôle de charge basé sur un algorithme. Après 6 mois de tests et d’essais ils ont constaté une différence notable entre les batteries chargées de manière conventionnelle et celles qui utilisaient leur algorithme.
La vitesse de charge n’est pas le facteur limitant
« La vitesse de charge n’est pas le facteur limitant » assure GBatteries. « Mais quand la batterie se charge rapidement, des réactions chimiques pirates accélèrent sa détérioration ». Pour résoudre le problème, les ingénieurs de la start-up font appel à l’Intelligence Artificielle (IA). Des algorithmes pilotent la charge en l’accélérant ou la ralentissant en fonction de divers paramètres et, en particulier, de la température qui joue un rôle crucial. L’ensemble de leur technologie est logé dans un boîtier qui peut se connecter sur un borne rapide avec le câble standard de celle borne. La voiture est ensuite branchée à son tour sur le boîtier.
GBatteries a présenté son innovation il y a quelques jours au CES de Las Vegas et, à en croire certains médias, aurait « démontré » son efficacité. La start-up serait semble-t-il en pourparlers avec quelques grands constructeurs automobiles dont les noms ne sont toutefois pas dévoilés.
A première vue on ne comprend toutefois pas très bien quelle réelle plus-value ce procédé « révolutionnaire » apporte par rapport aux BMS (Battery Management System) développés par les constructeurs pour piloter la charge de leurs véhicules en fonction des mêmes paramètres.
Quoi qu’il en soit, la start-up annonce fièrement qu’elle pourrait recharger une batterie de 60 kWh à 50 % en 5 minutes, et à 100 % en 10 minutes. Cela correspond à une puissance de charge d’au moins 360 kW. A moins de bouleverser complètement les lois de la physique et de l’électricité, une telle charge rapide ne pourra jamais se faire que sur une borne capable de fournir une telle puissance et qui, à l’heure actuelle … n’existe pas !
C’est quand même un petit problème que GBatteries ne révèle pas et qu’aucun des articles que nous avons lus sur ce sujet ne relève …
Si …
Enfin, si un jour de telles bornes superpuissantes s’installent le long de nos routes et autoroutes … et si la technologie de GBatteries remplit ses promesses il serait possible de charger n’importe quelle batterie en moins de 5 à 10 minutes grâce à ce procédé … A condition, toutefois, que le chargeur de la batterie accepte le courant continu fourni par ces bornes super-rapides.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Des bornes délivrant 350 kW existent et sont déjà en déploiement vous le savez (par exemple réseau Ionity en Combo2, bornes de chez ABB Tritium ou Porsche, réseau Ultra-e c’est le fabricant français EV Tronic EV Box maintenant, des 450 kW sont déjà en test réel (FastCharge en Allemagne), et dans les labos des fabricants y’a encore plus.
Chademo et Combo sont déjà homologués à plus de 350 kW (400 pour les 2).
Le futur standard sinojaponais « new GB/T » prévoit lui 900 kW…
Et on parle d’ultra rapides à ce niveau (super c’est 150)
Mais après faut que toutes les autres conditions soient réunies:
– réseau et transfo qui peut envoyer la puissance disponible
– raccordement
– abonnement
– bornes câble et connecteurs à niveau
– le VE et sa batterie qui doit encaisser cette puissance mais qui est souvent bridée pour garantir une longévité/durabilité accrue (<2C courant). C'est là où je suis sceptique sur une charge en 5 à 10 mn. J'aimerai bien voir en vrai en fait. Et les effets sur la batterie…
Allez voir les français d'Electric Loading (et un article ?) car ils sont proches de nous (Paris)…
Il y en a qui croient encore au père noël, cela permet d’éviter d’avoir à se remettre en question et de faire croire que la technique va les sauver.
On perd du temps, il y a urgence. Le père noël c’est pour les enfants.
Euh Monsieur Deboyser, vous êtes vraiment polytechnicien !? Donc vous connaissait tout mais pas grand chose en fait. Dans la fin de votre article qui parle de charge rapide donc en courant continue qui attaque directement la batterie, vous parler d’avoir un gros chargeur dans la voiture, donc en alternatif l’entrée de celui-ci… Donc vous n’avez rien compris en fait…
Comme disait si justement Coluche, quand un mec en connais pas plus que cela sur le sujet, il ferais mieux de fermer sa G……
Avant de charger en 10min, il faudrait déjà des bornes qui fonctionnent. Je dois faire un trajet Marle(02) – Briançon ce week-end, la plupart des chademo sur la route sont en rade… heureusement c’est en PHEV donc pas de soucis. Sinon il y a des bornes à un prix ahurissant ou avec des badges introuvables (voir autour de Grenoble). C’est pas avec ça qu’on va améliorer la mobilité électrique.
Kostya Khomutov, ça sent le pseudo à plein nez. On a beau savoir depuis Walter Benjamin que « Le nom, c’est déjà la moitié du destin », ce pied de nez sent très fort le poisson de 1er avril hors-saison.
Ben oui, où comment attirer le client par des « miracles » !
Mais bien sûr, on va les croire les 10min sur une batterie classique ! Vraiment ces startups ont souvent « le nez fin » pour chopper dans un salon, les dirigeants d’entreprise (qui n’y connaissent rien à la technique) mais qui ont de l’argent disponible.
En fait, comme si nos BMS ne faisaient pas déjà la même chose !
Le problème de la « charge intensive » est celui du placement correct des ions dans la matrice (Graphène). C’est physique, plus vous voulez en faire passer un grand nombre en peu de temps et plus ils se bousculent et s’agglutinent mal dans les interstices de l’anode, et ceci d’autant plus que la batterie est déjà très chaude (ce qui arrive sur autoroute après 130km/h). Moralité, vous endommagez votre batterie en condamnant les « ions bloqués » dans l’anode. C’est pour cela que vous constatez une réduction de la puissance de charge « bizarre » aux bornes censées donner le maximum. En fait ce sont les batteries, elles-mêmes, qui s’autolimitent sous le contrôle de la BMS, plus ou moins permissive selon les constructeurs « frileux ou audacieux » niveau durée de vie :-))
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La recharge rapide n’est pas seulement un sujet qui concerne la voiture..
Charger une batterie cityscoot en 6 minute nécessite un chargeur de seulement 50kw ( 4kwh x 1/10 de 60min)
ou charger une voiture hybride plug-in de 12kwh peut se faire en 15min sur un parking de supermarche sur borne 50kwh.
l’avenir proche de la voiture n’est donc pas Electrique mais Hybride !!! à moins de disposer de 2 voitures une pour les courtes distances et une pour les longs trajets: En hybridant les voitures avec un pack 10kwh la consommation moyenne de 90% du parc automobile d’un pays est divisée par 2 voire 3 !!!! pas besoin d’aller plus loin dans les 25 prochaines années.
Vaporware.
On ne « démontre » rien dans un salon. Surtout pas l’usure des batteries, qui nécessite des mois ou des années d’essais.
La recharge par impulsions, une arnaque très ancienne, supposée aussi faire des miracles avec le plomb. Il suffit d’y croire.
C’est quoi un brevet validé? C’est qu’il a été enregistré administrativement. Avec peut-être une légère recherche d’antériorités. Cela ne prouve en aucun cas qu’il « marche ».
Il y a quelques années des australiens ont réussi à breveter…la roue! Mais ça au moins, ça marche! Enfin, ça roule.
J’aime bien le « storytelling » à la Steve Jobs, avec toujours les géniaux étudiants qui bricolent au fond du garage…. hahahaha
Ça sent la grosse startup spéculative dont le seul but est de faire augmenter virtuellement la valeur pour la vendre rapidement avant qu’on s’aperçoive que c’est du gros pipeau
Et ils pensent que Renault, Nissan, Tesla n’utilisent pas d’algorithmes pour gérer la charge ? Sérieusement ?
Recharge par pulses des batteries (pour les curieux, brevet US10135281B2), pas encore entendu parler de ça mais même si ça faisait pas de mal aux batteries, j’ai mal pour le chargeur !
En tout cas, eux au moins ont des brevets validés et pas des brevets en attente de validation qui ne valent pas un radis et ne servent qu’à attirer le pigeon, une petite recherche biblio rapide montre que le concept a déjà quelques années (https://ieeexplore.ieee.org/abstract/document/4602694), mais j’imagine que même si les batteries tolèrent, si c’est pas développé, c’est qu’il y a des pépins ailleurs (chargeur, réseau, CEM…) .
C’est loin d’être le premier à faire ce genre d’annonce, sans vérification possible. Ce boitier n’est qu’un BMS, reste à voir dans la pratique s’il apporterait effectivement ces qualités, et s’il n’accroitra pas la détérioration progressive des batteries… Imaginez sur une batterie à refroidissement passif (je ne vise personne lol)
Bonjour Bernard Deboyser, allez voir Electric Loading aussi…c’est une entreprise française qui le fait aussi