Après l’explosion dans une station de distribution d’hydrogène le 10 juin près d’Oslo, son fabriquant, le groupe norvégien Nel a conseillé de fermer toutes les stations qui utilisent la même technologie. Toyota et Hyundai, les deux plus importants constructeurs de voitures à hydrogène ont suspendu la vente de ces véhicules. Une enquête est en cours et Nel en a communiqué les premiers résultats.
Il a fallu trois heures aux pompiers d’Oslo pour maîtriser l’incendie. Le lendemain, le PDG de Nel, Jon André Løkke, a déclaré : « Il est trop tôt pour spéculer sur la cause de cette explosion. Notre priorité absolue est l’exploitation en toute sécurité des stations que nous avons livrées. Par précaution, nous avons conseillé aux exploitants de dix autres stations de les fermer en prévision de plus d’informations ».
Nel n’est pas une startup : l’entreprise fabrique et commercialise des installations de production d’hydrogène par électrolyse depuis 1927. Le 11 juin l’action Nel chutait de plus de 20 % à la bourse d’Oslo.
150 voitures à hydrogène seulement sont en circulation en Norvège. Il s’agit principalement de Toyota Mirai. Le réseau de distribution d’hydrogène étant quasi paralysé leurs propriétaires n’ont plus la possibilité de faire le plein. Toyota leur propose un autre véhicule en prêt et a annoncé la suspension des ventes de Mirai. Espen Olsen, le responsable de Toyota en Norvège s’est expliqué : « Nous ne savons pas encore exactement ce qui s’est passé sur la station Uno-X. Nous ne voulons donc pas spéculer. Mais nous arrêtons les ventes jusqu’à ce que nous ayons appris ce qui s’est passé ». Hyundai, le seul autre constructeur qui commercialise cette technologie en Norvège, a pris des décisions similaires.
Des stations de distribution d’hydrogène ont également été fermées dans d’autres pays, notamment en Allemagne et aux Etats-Unis.
Début juin une autre explosion à Santa Clara, en Californie, dans une usine de production d’hydrogène du groupe américain Air Products a également entraîné une pénurie d’hydrogène : 9 des 11 stations de ravitaillement en hydrogène de la région ont du suspendre leur activité, ce qui a forcé leurs clients à l’arrêt. Selon le chef des pompiers de Santa Clara, ce serait une fuite lors du remplissage d’un camion-citerne qui aurait causé l’explosion. Ces deux accidents constituent un fameux revers pour le développement de la filière des piles à combustible.
L’enquête
Parallèlement à l’enquête officielle conduite par les autorités, Nel a chargé les experts de Gexcon AS, une entreprise spécialisée dans le domaine des incendies et des explosions, de mener une investigation indépendante en vue de déterminer les causes de l’accident survenu en Norvège.
Leurs premières constatations indiquent qu’une fuite dans le réservoir haute pression a provoqué la constitution d’un « nuage » d’hydrogène. Celui-ci s’est brusquement enflammé dans l’air, ce qui a provoqué une onde de choc. « Nous pouvons affirmer avec certitude que la fuite s’est produite dans le réservoir de stockage à haute pression et nous menons actuellement des recherches pour comprendre les mécanismes détaillés de la fuite ainsi que les causes de l’allumage », a déclaré Geirmund Vislie, vice-président de Gexcon. Actuellement les experts ne retiennent pas l’hypothèse d’une erreur humaine, d’un acte de vandalisme ou d’une action terroriste.
Les risques
Comme tout combustible, l’hydrogène peut s’enflammer ou exploser en cas de fuite. Mais comme il s’agit de la plus petite des molécules gazeuses, les risques de fuites sont plus importants qu’avec n’importe quel autre gaz. Il est en effet difficile de rendre complètement étanche les réservoirs et tuyauteries contenant de l’hydrogène surtout lorsque celui-ci est comprimé à très haute pression : il peut s’échapper par des ouvertures microscopiques. Ainsi, mêmes les meilleurs réservoirs ne sont jamais complètement étanches : ceux des voitures à hydrogène peuvent se vider en quelques semaines, même quand le véhicule est à l’arrêt. En outre l’hydrogène est très facilement inflammable : l’énergie requise pour l’enflammer est dix fois plus faible que celle qui est nécessaire pour allumer du méthane (le gaz « naturel »). De plus, lorsque l’hydrogène est comprimé à très haute pression (ce qui est le cas dans les véhicules à hydrogène et les stations de distribution) et qu’une fuite a lieu, le gaz se détend fortement et il se produit ce qu’on appelle un effet Joule-Thompson inverse. L’hydrogène qui s’échappe s’échauffe, ce qui peut être suffisant pour qu’il s’enflamme spontanément. Cette faible valeur de l’énergie minimale d’ignition pour le mélange hydrogène-air augmente donc considérablement le risque d’explosion. Je ne serais pas étonné d’apprendre que cet effet Joule-Thomson inverse soit la cause de l’inflammation du nuage d’hydrogène dans la station norvégienne.
Commentaires
Bonjour,
Depuis 25 ans les solutions hydrogène n'arrêtent pas d'avancer. Il suffit de visualiser une carte pour comprendre que la France est un territoire isolé et décevant.
À l'époque des rivalités entre Edison et Tesla, de nombreux accidents se sont produits. L'acheminement de l'électricité fut compliquée entre transfos et condensateurs, surcharges, plombs et autres coupe circuits.
Aujourd’hui l'hydrogène remplace peu à peu le transport d'énergie par un stockage d'énergie locale.
Cette nouvelle solution, bien meilleure à terme, traversera des étapes de sécurisation et amélioration tout comme les solutions précédentes.
Une solution est bonne quand on en envisage l'utilité et qu'elle peut s'améliorer.
L'hydrogène est le moyen le plus efficace de stocker de l'énergie. De plus, on peut le produire localement, notamment à l'aide de l'énergie solaire partout sur notre planète. Son utilité n'est plus à démontrer.
Les gisements d'amélioration sont tous à la portée de nos capacités techniques et nous pouvons espérer des cycles d'amélioration continue de plus en plus innovants.
Ce n'est pas un accident qui nous arrêtera, mais au contraire nous permettra de progresser. Car en cette matière si prometteuse nous saurons apprendre de nos erreurs et la maîtriser avec courage.
Je squatte cette brève, toutes mes excuses, mais AP sera donc le seul site dédié à l'auto électrique à ne pas avoir relayé cette première française qu'a été l'ouverture de la ligne de bus hydrogène à Houdain dans le Nord :
http://www.autonews.fr/green/actualite/bus-a-hydrogene-houdain-top-depart-85630
C'est quand même dingue !
L'H2 est ici produit sur place, même le bus est produit en France. Et vous ne voyez toujours pas l'intérêt ? Vous croyez que les concepteurs du projet sont tous des imbéciles, manipulés par le lobby H2 ?
A croire qu'il faudrait rebaptiser AP le "site des conducteurs de Tesla qui se rechargent sur ChargeMap"...
Ça démontre bien ce que je dis depuis des mois : la France s'est endormi sur son matelas nucléaire. Heureusement que les EPR ne marchent pas, sinon il n'y aurait même plus de débat.
Pour info, Fabio Ferrari, PDG de Symbio et premier vice-président de l'Afhypac se pose lui aussi des questions sur le plan "secret" hydrogène de notre gouvernement, dans les Echos :
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/de-lhydrogene-en-france-des-emplois-en-chine-1031713
La seule énergie qui risque d'alimenter à terme le H2, c'est l'énergie du désespoir.
pour l'instant c'est surtout la naïveté totale de ses gourous et de ses fanatiques, alimentés en sous mains par les gaziers
Oui, pour moi c'est clair, la voiture à hydrogène n'a pas d'avenir
Pouvez vous nous dire quelle voiture a de l'avenir alors ?
Ouvrez vos yeux.
Vince :
https://www.lesechos.fr/thema/energie-stockage/jean-marie-tarascon-le-lithium-ion-sinstalle-pour-tout-le-xxie-siecle-960549
lorsqu'un gaz se décomprime, il se refroidit.
il ne se réchauffe pas.
c'est comme ça que fonctionne les frigos et toute la thermodynamique.
La détente d'un gaz ne peut amener aucun réchauffement et donc ne peut être la cause de l’inflammation de l'hydrogène.
C'est la compression des gaz qui justement permet l'auto allumage des moteurs diesel car la forte compression porte le mélange à haute température.
je travaille dans une usine chimique et nous avons de l'hydrogène à 100bar, soit 7x moins que dans une station de recharge ...
pour en avoir discuté plus d'une fois avec Air Liquide, l'hydrogène se réchauffe bien en se détendant contrairement à la plupart des autres gaz !
il lui faut peu d'oxygène pour brûler...
il faut peu d'hydrogène dans l'air pour brûler...
il parait que les flammes se voient peu ...
de plus il lui faut peu d'énergie pour s'enflammer spontanément et comme il s'échauffe tout seul...
en fait le seul avantage de l'hydrogène en cas de fuite légère à l'extérieur, c'est qu'il est tellement léger qu'il se dilue rapidement en prenant de l'altitude !
Il n'y a donc personne à Air Liquide, ou chez qui conçoivent ces réservoirs de stockage de H2, qui ne connaisse ce fameux effet Joule-Thompson inverse ? Ça m'étonnerait..
Si c'est un problème effectivement rédhibitoire, il faudra trouver une solution : changer la pression, stocker sous forme liquide, etc. Ça se fera, tout simplement.
Dans l'article dont je mettais le lien ce matin sur un projet d'avion à H2, les étudiants hollandais qui ont développé le projet évoque justement cette question de la sécurité et disent l'avoir résolu en stockant l'H2 sous forme liquide :
https://fuelcellsworks.com/news/dutch-student-team-designs-hydrogen-powered-aircraft/
Et encore une autre info du jour en Corée : "Hyundai Mobis va ouvrir une station de ravitaillement en hydrogène à Chungju gratuitement au public"
https://fuelcellsworks.com/news/hyundai-mobis-to-open-a-hydrogen-refueling-station-in-chungju-free-of-charge-to-the-public/
Ça vient corroborer le fait que l'H2 est une énergie produite localement, et qu'on peut donc en faire varier le prix sans dépendre d'autres acteurs (comme l'OPEP etc.)
Il n'y a aucun secret industriel !
si on détend l'hydrogène "lentement et gentiment", il s'échauffe un peu, mais cela peut être contrôlé et au besoin , en industrie, on a ce qu'il faut pour refroidir la détente afin de garder la sécurité
par contre, il est certain que (comme tout gaz) si il y a accumulation ou forte décompression brutale alors on fini par arriver au point éclair et là c'est le boum assuré ...
je ne suis pas partisan de l'hydrogène comme solution de mobilité et je suis certain que les normes en vigueur sont certainement sévères, mais le sont-elles assez ? pourront-elles éviter le moindre incident qui peut mener à un accident ?
que ce soit à la NASA ou chez Airbus , ils ont aussi des normes de sécurité très sévères, mais malgré cela, le pire peut arriver et alors on en parle dans les journaux et ici ...
par contre tous les jours, il y a des accidents mortels avec des voitures thermiques et là on en parle moins car on est "habitué" ...
Je suis désolé, mais apprendre qu'il suffit de détendre ce gaz pour explose, ça aurait condamné l'usage du gaz domestique par exemple.
c'est un énorme facteur de risque, on se dit actuellement la dernière ligne de défense c'est un bon travail sur des mises à la terre pour éviter toute étincelle, là ça ne suffit même pas... on découvre que l'hydrogène est auto-explosif !
"changer la pression, stocker sous forme liquide"
Pour la pression, ca ne se fera pas, ca ferait perdre le seul avantage que l'hydrogène a par rapport aux batteries : le temps de recharge/ravitaillement
Pour le stocker sous forme liquide, ca ne se fera jamais. C'est trop cher, ca serait un suicide commercial. Déjà que maintenant c'est pas donné, jose même pas imaginer le prix...
"Il n’y a donc personne à Air Liquide, ou chez qui conçoivent ces réservoirs de stockage de H2, qui ne connaisse ce fameux effet Joule-Thompson inverse ? Ça m’étonnerait.."
ça s'appelle un sale petit secret d'industriel. Et ce petit secret, s'il s'apprend plus largement, condamne la filière..
"Si c’est un problème effectivement rédhibitoire, il faudra trouver une solution : changer la pression, stocker sous forme liquide, etc. Ça se fera, tout simplement."
Juste LOL , tout simplement.
" les étudiants hollandais qui ont développé le projet évoque justement cette question de la sécurité et disent l’avoir résolu en stockant l’H2 sous forme liquide :"
Ben oui, parce que la liquéfaction des gaz, ça fonctionne grâce à l'énergie du point zéro, comme dans Stargate ou le seigneur des anneaux.
-"Et encore une autre info du jour en Corée : « Hyundai Mobis va ouvrir une station de ravitaillement en hydrogène à Chungju gratuitement au public »"
gratuitement Whaou ! donc des subventions à hauteur de 40 € le plein ! ça sent le truc qui va gagner le monde entier :)
"ça sent le truc qui va gagner le monde entier " Bah oui : https://fuelcellsworks.com/news/german-japanese-energy-partnership-creates-momentum-for-energy-transition/
Vous ne répondez sur le fond à aucun des 4 points...
Non un gaz ne refroidit pas forcément en se détendant. Cela dépend de si on se trouve au-dessus ou en-dessous du point d'inversion de Joule-Thomson (dépendant de la pression et de la température de départ). Passé un certain seuil de température toute détente produit un échauffement, quelle que soit la pression de départ. Pour l'azote et l'oxygène ce seuil est à environ 300 °C, l'air à température ambiante a tendance à se refroidir en se détendant. Pour l'hydrogène ce seuil est à -68 °C, donc en partant d'une température ambiante, il se réchauffe en se détendant.
mon commentaire sur la loi des gaz parfait a disparu... PV = nRT , ca ne marche pas pour l'H2 ??
Si ca marche , alors ne peut pas se rechauffer en se detendant, c'est l'inverse qui se produit , comme le dit martin
Bizarre, Martin... avant de mettre en doute ce qui est dit dans l’article en commentant trop vite, vous pourriez au moins lire les liens Wikipedia qui sont fournis dans l’article....
C'est une équation pour un gaz parfait qui suppose qu'en passant d'un état a un autre il n'y ait aucune déperdition d'énergie et aucun échange externe (transformation parfaite). De ce désordre issue de la réalité des choses découle un état pour un système isolé qui ne peut que tendre vers le désordre. Bref l'antropie croissante. Et si vous avez un doute, 42 est la réponse.
Ce que vous dites est vrai pour la plupart des gaz, c'est ce qui s'appelle l'effet Joule-Thompson. Mais pour l'hydrogène, le néon et l'hélium, c'est le contraire, ils sont soumis à l'effet Joule-Thompson inverse et ils se réchauffent en se détendant. Lisez l'explication sur les liens que j'ai mis dans l'article.
autant pour moi. J'ai effectivement répondu trop vite.
comme on dit ; je me coucherai moins bête (enfin on dit ça pour se rassurer ;) )
,
oui , je crois me rappeler une vieille équation de mon epoque étudiante (ou lycéenne ?) : PV = nRT
soit Pression x Volume = n x R x Temperature
autrement dit si la pression augmente et que le volume est stable, la temperature augmente.
si la pression baisse et que le volume baisse , alors la temperature baisse , ce qui est le vas de la décompression du gaz.
Alors comment le gaz hydrogene pourrait il , en augmentant le volume et en baissant la pression, chauffer ?
Ces 2 explosions vont refroidir les velléité des futurs acheteurs, comme pour le GPL à l'époque.
Sauf que le GPL c est 3 bar de pression , la miraï a des réservoirs a 700 bar ......