Recharge bi-directionnelle Hyundai

Image : Hyundai

La recharge de voiture électrique fait déjà appel à des fonctions intelligentes. Mais on peut sûrement faire encore mieux.

Vous l’avez sûrement remarqué, nos voitures sont de plus en plus “intelligentes”. Vous aurez aussi certainement noté que l’intelligence artificielle constitue l’un des plus gros sujets aujourd’hui, pas seulement pour les adeptes de la technologie et de l’innovation, mais pour la société entière, qu’elle promet de transformer en profondeur.

L’IA est en train de révolutionner de nombreux secteurs, et celui de la recharge pour voiture électrique ne devrait pas faire exception. Nul doute d’ailleurs que divers scénarios sont déjà à l’étude au sein des services de R&D des grands opérateurs, et que des briques d’IA sont désormais intégrées dans les processus qui gèrent la recharge.

Pourrait-on cependant imaginer d’autres applications de l’IA dans la recharge, notamment du point de vue de l’utilisateur ? Voici 5 scénarios possibles qui permettraient peut-être d’améliorer l’efficacité, la fiabilité et la rentabilité des infrastructures de recharge, pour offrir une meilleure expérience aux électromobilistes. Notez qu’il s’agit seulement d’hypothèses de prospective que nous pensons réalisables dans l’état actuel de la technologie. Certaines vous paraitront peut-être farfelues, et nous ne prétendons pas qu’elles soient toutes appelées à se développer.

La borne de recharge chasse les squatteurs

Dans ce premier scénario, la borne de recharge est équipée d’une caméra qui identifie le modèle de voiture et l’immatriculation. S’il s’agit d’une voiture thermique qui vient squatter la place de recharge, un message d’avertissement s’affiche sur l’écran de la borne, et une alarme retentit pendant quelques secondes. Deuxième étape, une amende est générée automatiquement après quelques minutes de squat, reprenant de fait le principe de fonctionnement des radars automatiques de vitesse. Même processus pour les voitures ventouses, à la différence près que celui-ci se déclenche X minutes après la fin de la recharge. C’est brutal ? Certes, mais finalement pas plus que n’importe quel système de verbalisation automatique, non ?

La borne de recharge reconnait la voiture… et le conducteur

L’idée est de proposer un service adapté et personnalisé en fonction des habitudes du conducteur. Une fois la voiture branchée et identifiée, son historique est analysé afin de lancer une prestation qui correspond à ses derniers usages. Si c’est quelqu’un qui a l’habitude de s’arrêter pour de courtes périodes de recharge, le débit augmente afin de fournir le plus d’énergie dans le moins de temps. Si c’est au contraire un conducteur qui prend son temps, le débit se module pour fournir la même quantité dans un temps plus long. Avantage pour le gestionnaire du point de charge, la charge se module selon les cas et la distribution est donc mieux répartie et plus optimale. Inutile en effet d’envoyer 270 kW à quelqu’un qui va déjeuner. Une modularité évidemment adaptée au taux d’occupation de la station.

La borne de recharge dialogue à distance avec la voiture et son planificateur

A l’instar d’un Waze qui affiche des publicités géolocalisées quand vous passez à proximité d’un centre d’intérêt, le point de charge est connecté à une API de type Google Maps et analyse en temps réel le trafic alentour et l’état de charge des batteries en circulation pour envoyer un message incitant des automobilistes à venir se charger, avec par exemple la mise en avant d’un tarif promotionnel du kWh. D’autres promotions pourraient être activées, comme des restaurants ou des commerces à proximité de la borne. Nec plus ultra : des vélos ou trottinettes électriques seraient mis à disposition sur le point de charge – gratuitement ou en location – pour permettre aux électromobilistes de se déplacer dans la zone pendant la charge. Le tout géré par un système de déverrouillage par reconnaissance de la voiture qui éviterait les vols et les dégradations.

Le point de charge est connecté à l’actualité et à la météo

L’IA pourrait jouer un rôle clé dans l’optimisation des réseaux électriques pour une recharge plus efficace. En analysant les données de consommation, de météo et d’autres paramètres, les algorithmes d’IA pourraient prédire les pics de demande et ajuster dynamiquement la distribution de l’électricité. Cette approche permettrait d’éviter la surcharge des réseaux, d’optimiser l’utilisation des énergies renouvelables et de minimiser les coûts pour les utilisateurs finaux. Mieux, la station de recharge serait capable de comprendre et analyser son environnement et l’actualité pour prédire les besoins en charge, par exemple en cas de grèves, de grosses intempéries, de vacances… ou de blocage des routes suite à un conflit social.

La borne de recharge vous… décharge

L’IA peut aider à optimiser la recharge intelligente en analysant les données provenant des bornes, des VE, du réseau électrique et des sources d’énergie renouvelable. Elle peut ainsi ajuster la puissance et le moment de la recharge, afin par exemple de favoriser l’utilisation des énergies vertes en synchronisant la recharge avec la production solaire ou éolienne, ou encore permettre de gérer les priorités de recharge entre les différents VE en fonction de leur autonomie, de leur usage (ou de leur intention d’usage identifiée), de leur localisation, etc. Mais mieux, on pourrait aussi imaginer qu’elle participe à la flexibilité du réseau en suggérant de façon intelligente et discernée aux voitures ayant une batterie pleine sans en avoir une utilisation prévue à court terme de réinjecter du courant dans le réseau, moyennant une gratification en numéraires ou sous une autre forme (bons d’achats…).

Il y a probablement de nombreux autres scénarios à imaginer, qui s’intégreront à moyen terme dans nos vies d’électromobilistes, comme le suggérait Aurélien de Meaux, CEO d’Electra, lors de notre dernier entretien. Par ailleurs, certaines fonctionnalités proposées par des réseaux comme celui de Tesla ou, encore, Electra, démontrent qu’une dose d’intelligence est déjà injectée dans les process.

Un écueil cependant, toutes ces fonctionnalités supposent que les points de charge aient accès à des données privées, et pour certaines, assez confidentielles, des utilisateurs. Cela ne serait donc possible qu’avec le consentement éclairé de ces derniers, et sous réserve que ces dispositifs soient solidement encadrés par les règles du RGPD, qui devraient être prises en compte et évidemment respectées. La gestion de la recharge pourrait alors se faire dans un processus identique à celui que l’on connait avec les cookies sur nos ordinateurs, ou encore avec notre historique de conversations dans ChatGPT.

Un sujet sensible, mais malheureusement on n’obtient pas grand chose des machines si on ne leur donne pas en échange quelques données à digérer…