Annoncé à 75 km en théorie, quel-est le rayon d’action de la Citroën AMI en conditions réelles ? Nous avons testé la micro-voiture électrique sur un itinéraire mixte ville et périurbain plutôt corsé. La sans-permis s’est montrée globalement convaincante, tant par son autonomie que ses performances.
Avec son look de caisse à savon futuriste, la Citroën AMI surprend. Sur la route comme en ville, tous les regards portent sur la petite voiture sans-permis électrique. Les yeux sont parfois écarquillés : mais qu’est-ce que cet OVNI roulant ? Lancée en mai 2020, l’AMI est une voiturette accessible dès 14 ans avec le BSR. Bridée à 45 km/h, elle embarque un moteur électrique de 6 kW (8,1 ch) et une toute petite batterie de 5,5 kWh. Une capacité suffisante pour offrir 75 km d’autonomie selon la norme WMTC dédiée aux deux-roues et quadricycles.
Qu’est-il en conditions réelles ? Nous avons testé la Citroën AMI au cours d’une boucle entre le centre de Marseille et Cassis. Un itinéraire composé à 50 % de ville et 50 % de route départementale assez singulier puisqu’il cumule environ 800 m de dénivelé positif. Malgré ce profil relativement rude, la voiturette n’a pas flanché. Partis avec 69 km d’autonomie selon le très dépouillé tableau de bord (qui n’affiche hélas pas le pourcentage de batterie restante), le test débute par des avenues très encombrées.
Les axes en travaux garnis d’un patchwork d’asphalte irrégulier permettent de tester les suspensions de l’AMI. Elles sont remarquables pour un véhicule de cette catégorie. Les défauts de la chaussée sont correctement compensés et malgré la rigidité de l’assise, elles offrent un bon niveau de confort. Attention toutefois à ne pas rouler trop vite : nous avons littéralement décollé en franchissant un coussin berlinois à 45 km/h.
Franchissement de côte
La micro-voiture se faufile aisément dans la circulation, sans évidemment offrir l’agilité d’un scooter. Si la petite électrique affiche seulement 2,41 m de long, 1,39 m de large et 1,52 m, elle reste trop épaisse pour se frayer un chemin entre deux files. Dans les embouteillages, c’est donc la même galère en Citroën AMI qu’en Tesla Model X, la climatisation en moins. Car si la sans-permis est équipée d’un chauffage pour l’hiver, elle se contente de brasser l’air en été. Lors de canicules, il faudra surtout compter sur l’ouverture verticale des petites fenêtres, un clin d’œil à la 2CV. Un peu limite, d’autant que le vaste toit vitré génère un effet de serre significatif.
Cette baie vitrée apporte cependant beaucoup de luminosité et permet de beaux points de vue sur le paysage. Nous contemplons d’ailleurs la silhouette de la Bonne-Mère au moment de gravir la rue la plus inclinée de Marseille. Avec ses 14 % en moyenne sur 400 m, le boulevard André-Aune est une petite épreuve pour la Citroën AMI. La voiturette attaque la côte sans sourciller avant de s’essouffler légèrement en fin de course. Pied au plancher, elle ne dépasse plus les 20 km/h sur les derniers mètres, sans que cela ne soit particulièrement gênant.
Presque aussi légère qu’une sans-permis thermique
La performance est finalement satisfaisante pour un véhicule sans-permis, légalement bridé à 6 kW. L’AMI présente d’ailleurs de beaux avantages sur ses homologues thermiques: elle n’émet ni effluves malodorantes ni bruits inconvenants. Elle est aussi plus vive lors des accélérations, bénéficiant du couple instantané de son moteur électrique et d’un poids limité. La voiturette électrique pèse en effet 471 kg, à peine plus que les 425 kg d’une Aixam Minauto diesel. Une différence particulièrement appréciable en ville, où les arrêts-redémarrage sont fréquents.
Hors urbain, l’AMI est tout aussi agile. Son identité de voiture sans-permis est cependant mise en exergue par sa limitation légale de vitesse. Alors qu’en ville le bridage à 45 km/h n’est jamais un problème, elle dérange parfois les autres usagers sur départementales. Naturellement, de nombreux véhicules s’agglutinent derrière nous. La voiturette n’a pourtant pas à pâlir sur l’itinéraire que nous lui avons fait subir. Elle franchit à deux reprises le col de la Gineste (326 m) entre Marseille et Cassis sans difficultés. Dans les plus fortes côtes (8%), la vitesse décroît très progressivement pour plafonner autour de 30 km/h.
Une petite route de graviers isolée nous permet de tester le freinage de l’AMI. Lancé à pleine vitesse, le véhicule nécessite un appui très franc sur la pédale de frein. En l’absence de toute assistance, le roues se bloquent rapidement. La trace laissée sur la route permet d’estimer à moins de 10 m la distance nécessaire pour s’arrêter dans ces conditions.
Autonomie surprenante
Malgré le franchissement de pentes et les quelques accélérations-test, l’AMI semble conserver un bon niveau de batterie. De retour à Marseille, un premier voyant orange s’illumine et le tableau de bord indique 10 km d’autonomie restante. C’est tout juste ce qu’il nous faut pour gagner le lieu de restitution du véhicule en centre-ville. Nous préférons cependant être prudents et recharger avant. Après quelques tours de route pour vider la batterie à proximité de la borne de recharge, l’AMI active le mode « tortue ». Un bip accompagné d’un voyant illustrant le reptile s’allume sur le tableau de bord, alors qu’il reste seulement 5 km d’autonomie.
Les performances sont considérablement réduites, si bien que la voiturette semble refuser de gravir une ultime pente. L’accélérateur enfoncé au maximum, l’AMI décélère jusqu’à 10 km/h, nous faisant craindre une panne sèche à seulement quelques dizaines de mètres de la borne. En délivrant ses derniers électrons, elle parvient tout de même jusqu’au point de charge, au terme d’un parcours de 51,9 km. Une performance éloignée des 75 km d’autonomie promis, mais tout à fait honorable au regard de la difficulté du test. En l’absence d’informations détaillées sur le tableau de bord, nous estimons la consommation moyenne à environ 10 kWh/100 km. Si cela peut paraître légèrement élevé pour une voiturette sans-permis, le chiffre reste en phase avec le type d’itinéraire emprunté.
La recharge
Il nous faut désormais manœuvrer pour recharger : le câble est court, il ne permet pas de faire le tour du véhicule ni même de rester un peu à l’écart de la borne. Prévoyez éventuellement une rallonge adaptée, le câble étant indissociable du véhicule. Il se loge en vrac sans enrouleur dans un petit compartiment situé sur le montant, au niveau de la portière droite.
Citroën annonce 3 heures pour un plein complet sur une prise domestique classique, le seul port actuellement accepté par l’AMI (un adaptateur type 2 sera prochainement commercialisé). Le temps de charge devrait être plus long en réalité puisque lors de notre arrêt, nous avons récupéré seulement 14 km (2 segments) en environ 1 h de recharge. La durée restante affichée par le tableau de bord semble d’ailleurs peu fiable, oscillant entre 4h30 et 3h12 en quelques minutes.
Citroën AMI ou sans-permis thermique ?
Pour qui dispose d’une prise chez lui, dans son garage ou sur la voie publique, la Citroën AMI semble être la meilleure solution dans la catégorie des véhicules sans permis. L’autonomie n’étant pas un problème sur ce type de voitures, l’électrique n’offre que des avantages : dynamisme, souplesse, silence, absence de pollution à l’échappement, entretien rudimentaire et économies. En effet, parcourir 100 km en Citroën AMI coûte 1,76 € en rechargeant chez soi en heures pleines (au tarif moyen du kWh en 2019). C’est bien moins que les 4,46 € / 100 km dépensés par une concurrente thermique comme l’Aixam Minauto Access diesel (au tarif moyen du gazole en 2019).
D’autant que l’AMI est nettement moins chère à l’achat que ses rivales bruyantes : elle démarre à 6000 €, bonus écologique de 900 € déduit. L’Aixam la plus abordable est vendue à partir de 8999 €. Le numéro 1 français de la voiture sans permis propose également un modèle électrique dès 13.999 € bonus déduit. Une différence de prix qui se retrouve toutefois dans les prestations de confort et les équipements, moins présents à bord de l’AMI.
La version de base se contente en effet du strict minimum. Elle fait même l’impasse sur la pince pour smartphone, un outil pourtant très bon marché et indispensable de nos jours. Le concept est poussé jusqu’à proposer en option le rétroviseur central, de même que le module OBD pour connecter l’AMI à son smartphone. Ces équipements peuvent d’ailleurs être commandés séparément sur mister-auto.com, le site marchand étant une filiale de PSA. Il vous coûtera moins cher d’acheter les quelques éléments de votre choix séparément plutôt que d’opter pour un pack à thème, vendu entre 400 et 1360 €.
Et vous ? La Citroën AMI vous a t-elle convaincu ?
Bilan de l’essai
- La vivacité du moteur électrique
- Les suspensions
- L’autonomie
- Le look clivant
- Le rayon de braquage (7,2 m)
On a moins aimé
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- L’absence de climatisation
- L’absence de pince pour smartphone de série
- Le manque de visibilité des rétroviseurs latéraux
- L’absence du rétroviseur central de série
- La faible longueur du câble de recharge
- L’absence d’affichage du pourcentage de batterie restant (une information que l’on retrouve pourtant sur nos smartphones, ordinateurs portables, batteries de secours…)
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Test à refaire cet hiver avec le chauffage à fond !
Vraiment un super concept. J’adore. Par contre le toit vitré va transformer la voiturette en sauna en été. Un toit en toile amovible façon « deux pattes de mon enfance » eut été préférable, non ?
78 kilomètres sur un parcours presque plat et 100 % urbain pour ma part. Donc sans plafonner à 45 km/h et en multipliant les phases de décélération. Et encore, je n’ai fait que 500 mètres en mode tortue, je ne suis pas assez joueur pour faire des ronds dans le quartier jusqu’à la panne. En revanche j’avais démarré avec une batterie au taquet (75 au lieu de 69).
Enfin un peu de créativité de la part d’un constructeur traditionnel : Citroën propose une voiturette à 50 % du prix d’une voiturette thermique, en prenant le parti de l’équiper comme une 2CV.
Il est à espérer que Citroën ait le culot de transposer la recette sur une « vraie » voiture, avec les économies d’échelle que permet la production de masse. C’est devenu possible, grâce à la sortie des batteries LFP* qui sont moins chères, plus fiables, et plus facilement gérables que les batteries au cobalt.
Il serait ainsi possible de sortir une nouvelle 2CV, sans clim, sans écran, sans vitres électriques, sans la multitude de gadgets qui paraissent nécessaires aux utilisateurs des mégapoles, mais qui laissent totalement indifférents les habitants des zones rurales (dont je suis), et qui impactent négativement la fiabilité.
On pourrait ainsi offrir un véhicule adapté aux besoins de la ruralité à un tarif 2 fois moins élevé qu’une Renault ZOE, avec une autonomie du même ordre.
Un véhicule rustique devrait descendre à la tonne ou presque avec environ 40 Kwh de batteries LFP qui pèseraient environ 300 KG tout compris pour un prix de revient largement inférieur à …4 000 €. le poids contenu permettant de l’équiper d’un moteur électrique léger développant une puissance de l’ordre de 50 KW (68 ch).
On pourrait ainsi proposer un véhicule dans la zone des 15 000 € avec une autonomie réelle de l’ordre de 250 km et permettant d’accomplir au moins 400 000 km sans aucun entretien (2 000 cycles x 200 km = 400 000 km).
* LFP : Lithium-Fer-Phosphate. Batteries commercialisées par CATL par exemple.
câble trop court, garez vous correctement !
C’est un vehehicule que l’on recharge toutes les nuit (comme les autres) mais a 45max donc a 35 de moyenne il tiends 2h. Je pense que la batterie est suffisante pour oublier de le branché un soir. Donc c’est bien non?
78 km parcourus sans (trop) taper dans la réserve, en ce qui me concerne. Je suis certain qu’on verra des vidéos qui explosent les 80 km d’ici quelques mois !
Dès les premiers jours d’utilisation après sa réception j’ai senti que l’estimation affichée était proche de la réalité. Bien sûr, comme sur un modèle thermique la consommation varie avec le mode de conduite. Mais elle est fiable. Et dès ma troisième recharge j’ai voulu la tester.
Déjà, contrairement au journaliste qui l’a prise en l’état, j’ai démarré avec 75 km de charge et non 69. Pour avoir les derniers pourcents il faut dépasser les trois heures de branchement.
Ensuite le journaliste ici voulait en tester toutes ses capacités, et l’a poussée dans ses retranchements. Comme de grandes montées et des départementales par exemple. Moi, juste pour l’autonomie, j’ai essayé d’avoir une conduite économe, même si je ne suis pas sûr de ma méthode.
Donc en néo-propriétaire j’ai supposé qu’il fallait maximiser les phases de décélération pour optimiser la recharge de la batterie. Et pourquoi pas éviter de plafonner à 45 km/h car j’imagine (à tort ?) que l’énergie demandée est annulée par le bridage. Également je ne connais pas sa plage optimale d’utilisation, ni si elle en a une (c’est mon premier véhicule électrique), j’ai surtout roulé entre 20 km/h et 30 km/h. Purement subjectif.
C’était début septembre donc pas de chauffage et une bonne température pour la batterie.
J’ai étalé mon test sur deux jours (sans la rebrancher bien sûr), parce que je veux bien m’amuser un peu mais j’ai autre chose à faire de mon temps libre. Et c’était plutôt la nuit, avec quasiment personne derrière moi pour râler sur ma conduite.
Un parcours 100 % urbain, dans l’est parisien, intra et extra murros. Beaucoup de plat, excepté quelques petites côtes dans Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Belleville etc. J’ai cherché à enchaîner les petites rues limitées à 30 km/h. Et là, sans raison, j’ai multiplié les cycles d’accélération / décélération, en veillant à ne gêner personne. À trois heures du matin dans des ruelles sans intérêt, c’est jouable.
Oui, le gogol parisien qui simule les bouchons même quand il n’y en a pas !
En revanche un truc auquel je n’avais pas pensé à l’époque (conseil pour ceux qui veulent rentrer dans le Hall of Fame) c’est de profiter de la roue libre sur les 7-8 premiers kilomètres pour faire de la distance sans trop consommer. Mais là il faut vraiment viser le bon parcours.
Enfin mon Ami bascule en mode dégradé quand selon elle il ne reste plus que deux kilomètres dans la batterie. Là elle est passée en mode tortue à moins de 500 mètres du paddock. Et comme JE NE SUIS PAS JOUEUR je me suis arrêté après 78 kilomètres réels.
Bien sûr je considère que les 80 km sont facilement dépassables.
Je laisse juste aux autres le plaisir de la tester jusqu’à la panne.
le pourcentage de batterie, ça fait bien longtemps que les Android l’affichent plus par défaut (plutôt la durée restante)
Toute sans permis qu’elle soit une voiture utilisable la moitié de l’année quand il ne fait pas trop chaud j’ai du mal, alors certes on a de vrai fenêtres comparé à twizy mais pourquoi type 2cv? Avec ce toit pano j’imagine le four de quoi se sentir mal…Bref sans une vrai ventil ça parait rédhibitoire.
pour un test de vidage complet de la batterie, toujours prévoir une pente descendante vers le point de recharge ;)
Concernant la longueur du câble, faut pas être neuneu non plus, il suffit de se garer correctement (sans abimer la jante, aussi ;-)
l’AMI active le mode « tortue ». Ah bon, il n’était pas activé jusque là ;-)
je doute quand même de la possibilité de faire 75km
même en conduite hyper éco
ou alors a 30kmh maxi et pieds hyper méga léger