Selon le syndicat Force Ouvrière (FO), une réalisation en Chine pour des livraisons en France ferait perdre à ce véhicule branché tout son intérêt environnemental. L’organisme appelle Renault à s’expliquer.
La fédération Force ouvrière de la métallurgie ne remet aucunement en cause le SUV électrique lui-même. « Dans le contexte national actuel, ce véhicule répond à tous les critères des contraintes environnementales et économiques », reconnaît-il. Il « associe respect de l’environnement à l’usage et pouvoir d’achat », confirme la formation syndicale un peu plus loin dans son communiqué daté de mardi dernier, 28 juillet 2020.
Mais elle pointe : « S’il devait être fabriqué en Chine pour être commercialisé sur le marché européen, son empreinte carbone serait désastreuse et hypothèquerait largement sa ‘raison d’être’ de véhicule propre ». FO-Métaux plaide : « Produire en Chine pour le marché chinois et produire en Chine pour le marché européen, ce n’est pas tout à fait la même chose. Il serait inconcevable et irresponsable de le fabriquer ailleurs qu’en France ».
Pôle d’excellence
Le syndicat met en avant une incohérence majeure dans le discours actuel de Renault et une de ses orientations qui date de 2018 : Aider la France à devenir un « pôle d’excellence du véhicule électrique dans le monde ». Un programme qui rejoint le souhait d’Emmanuel Macron de faire du territoire « le premier pays producteur de véhicules propres d’Europe ». Des déclarations qui autorisent FO-Métaux à demander des comptes aux 2 parties, martelant : « La Dacia Spring doit être assemblée en France ! ».
L’organisme ajoute dans son plaidoyer une disposition du plan de relance économique de la rentrée : la baisse des impôts de production à hauteur de 20 milliards d’euros sur les exercices 2021 et 2022. Cet acte « milite sérieusement pour la fabrication de ce nouveau véhicule sur le site France », estime Force ouvrière. « En s’obstinant dans cette stratégie, Renault se rendrait coupable de désindustrialisation du territoire, et en l’autorisant, l’Etat serait responsable », soutient la formation.
Bonus ciblé
FO n’est pas la seule structure à avoir appelé à un ciblage du bonus à 7.000 euros en faveur des véhicules électriques construits en France. Une orientation qui aurait pu encourager un « patriotisme économique » de la part des automobilistes, selon les termes employés par le syndicat. Un courant qui est déjà perceptible en France et mis au jour par différents sondages réalisés pendant le confinement et après les premières mesures de relâchement entrées en vigueur.
Si la fédération s’oppose avec force au scénario imaginé par Renault pour le SUV électrique Dacia, c’est parce qu’il y a moyen, avec cet engin, de réaliser un circuit court vertueux en de multiples points. « Un tel véhicule électrique, léger et abordable pour un plus grand nombre de clients, répondrait parfaitement aux besoins de mobilité, aux nouveaux enjeux économiques et environnementaux », envisage FO-Métaux.
Cette voiture électrique a un véritable potentiel pour devenir un nouveau best-seller branché, capable de pérenniser des emplois ébranlés par le Covid-19.
Un groupe de jeunes de moins de 20 ans qui découvraient en même temps que moi le communiqué de FO-Métaux n’a pu s’empêcher de lâcher : « Ca fait un moment déjà, bien 3 ans, qu’on voit qu’on est arrivé à un tournant et des dirigeants d’entreprises françaises continuent à faire les mêmes erreurs ! ». Des jeunes qui sont fiers de rouler avec des Youngtimers (des véhicules déjà anciens mais pas encore assez pour entrer en collection) parce qu’elles ont été fabriquées en France.
Concrètement, est-ce que l’argument d’un patriotisme économique français a de l’importance pour un chef d’entreprise de nationalité étrangère qui s’occupait auparavant d’une marque installée dans un autre pays encore ? C’est une question que je me pose véritablement.
A priori, un tel dirigeant est censé se plier à certaines règles édictées par la localisation du siège de la société et les actionnaires dont l’Etat fait partie à hauteur de 15% dans le cas de Renault.
Beaucoup de choses peuvent être reprochées à Carlos Ghosn, que FO-Métaux pourrait lister. Mais il a su maintenir une logique entre les qualités environnementales des voitures électrique et une production en France. Pour beaucoup d’automobilistes, cet argument a été décisif pour passer à la Zoé.
Le syndicat a raison de se battre pour que Renault conserve le plus longtemps possible le label « Made in France ». Il le distingue sur la durée des autres constructeurs comptant des modèles électriques à batterie à leurs catalogues. …
Si nombre de citoyens sont prêts à soutenir la (re)localisation en France des voitures particulières, reconnaissants des efforts fournis par l’Etat, il semble bien que les dirigeants d’entreprises soient sourds et aveugles à ce phénomène.
A un moment donné, il faut arrêter de faire sa vierge effarouchée!!! Dacia n’a jamais rien construit en France et ça n’a jamais posé problème.
FO se trompe de combat.
Je viens de lire « 500euros d’écart » entre le coût de production français et celui de l’est ??? En 2005, Schweitzer avait reconnu 270 ou 300 euros d’assemblage pour un véhicule de la plate forme Clio Twingo, de mémoire… le coût, c’était 600 euros dans les années 80, au début de la Clio, au début du « Cost killing », ce serait bientôt 150 euros, comme pour le « SPV » Toyota Way « intra muros » au Japon avec des salariés Japonais payés de 2 à 3000 euros, moins de 5 heures pour l’assemblage, tout (ou presque !) étant automatisé. La Suisse est le pays le plus performant au monde, pas la Chine. L’Inde a vendu sa Tata Nano pour 2000 dollars en 2008 (soit 1300 euros à cette époque où le dollar était à 0,65 euros; Cela donne une idée du coût de production d’un véhicule (1400, peut être même1000 euros avec le cost killing ???!) Pour les sous traitants automobiles la chasse aux coûts, c’était – 1 % par mois, dès l’an 2000. Après survente et sur facturation, nos constructeurs ne parviennent à « gagner de l’argent » qu’avec des SUV de 30 000 euros minimum (ex 3008) !
Que de gaspillages en ligne, non ?
Un autre éclairage pourrait encore ternir cette Dacia Spring.
Renault vient de mettre au chômage tous les collaborateurs du réseau de distribution Mitsubishi en Europe, en forçant ce constructeur à se retirer du marché européen via l’Alliance, juste pour espérer »grignoter » ces parts de marchés, et cela juste avant le lancement de ces propres modèles hybride rechargeables.
Ensuite la technologie du véhicule produit en Chine, doit être partagée avec un »associé » chinois, donc vu que la Chine n’est pas vraiment regardante en matière de la protection des brevets, tout cela va vite être copié.
Ensuite arrive le transport par bateau qui fonctionnent à l’huile lourde sans aucune norme antipollution.
Et au bout du compte, l’Etat français sponsorise tout cela via le bonus dit »Ecologique ».
Résumé de la situation:
– Augmentation du chômage par la perte d’emplois du réseau Mitsubishi en Europe
– Perte du PIB français, vu que le véhicule n’est pas produit en France ou en Europe
– Appauvrissement du marché de l’emploi français / européen du fait de la production chinoise
– Perte de technologie, du fait du peu d’intérêt de la protection intellectuelle des chinois
– Perte de temps de transport
– Perte écologique supplémentaire dû au transport
– Perte des deniers publique pour payer le bonus écologique.
En fin de compte, ne vaut-il pas mieux produire en Europe, en ayant:
– Un temps / trajet de transport court des différents composants
– Garder le savoir-faire, en assurant un temps de réaction rapide en cas de problème
– Garder le chiffre d’affaire en Europe pour augmenter le PIB
– Et que l’Etat puisse encaisser des taxes des entreprises productrices des composants pour pouvoir »payer » le bonus écologique?
Hyundai fabrique (ou assemble) dorénavant les Kona électriques pour le marché européen en Europe
Je pense que malheureusement nous devons rester lucide. Bon nombre de pièces détachées sont en provenance de Chine ou d’Inde aujourd’hui. Nous nous contentons de l’assemblage pour signer un produit made in France. N’ayant pas la production il nous est plus facile d’accuser les autres de pollueurs. Et bon petit samaritain Français, nous ne voulons plus travailler . Il nous faut faire appel à de la M.O extérieur. Cessons de faire pleuvoir de l’argent facile et de nous paindre . En France nous sommes devenus des touristes. Après 2 mois d’arrêt à produire les gens sont en vacances ?
Quand aux syndicats confondu arrêter de penser que vous défendez les travailleurs. Vous servez vos intérêts et la fonction des privilégiés » nos fonctionnaires » ( qui ne pensent qu’à défiler dans les rues et entrave notre production )
Mais je reste positif comme nous arrivons dans le monde d’après…
Tout le monde est d’accord d’acheter des voitures pas chères…et c’est pareil pour tout le reste, sauf que….
quand tout le monde sera au chômage, les français ne pourront même pas s’acheter une Dacia !
à méditer !!!
Il est hors de question de réserver le bonus aux véhicules construits en France, ce serait une grave entorse aux règlements de l’Union Européenne. Par contre, il pourrait être limité aux véhicules construits dans l’Union Européenne, ce qui continuerait d’enfoncer le couteau dans la plaie de l’industrie britannique post-Brexit.
Je me pose ces questions :
Sur le prix de ce véhicule, combien va aux hôpitaux, aux retraites, au salaire net de français ?
Combien il coûte sur nos impôts ?
Ce sont des questions qu’un citoyen responsable est en droit de poser.
FO-metaux souhaite que la voiture soit assemblée en France sous prétexte d’un bilan CO2 désastreux et indigne d’une voiture propre…. pourquoi pas, c’est leur point de vue.
Par contre, le journaliste devrait se poser la question d’où viendraient ces pièces assemblées et comment seraient-elles transportées ?! Cet article manque d’esprit critique.
FO-metaux veut que du travail soit donné aux Français et c’est à leur honneur – pas besoin d’invoquer une fibre écologique qui rime souvent avec plus de taxe.
Quand au bonus de 7000€, il faut aussi souligner que c’est le peuple français (ie représenté par l’Etat) qui paye au travers des impôts et taxes. C’est une erreur que de penser qu’une subvention est gratuite!
Le véritable problème est ici le dumping social Chinois…un vaste débat ! Dommage que cet angle de vue ne soit jamais abordé.
Pour info, Varin en son temps avait indiqué que construire une 207 à l’Est coûtait 500€ de moins qu’en France. Ca donne une première idée de l’écart.
Dans le cas de la Chine, entre le coût de transport/logistique/suivi, le coût carbone de ce transport, la plus faible part de main d’oeuvre sur un VE, le devenir de Douai comme usine spécialisée VE, et l’avantage commercial que constituerait un label « made in France » ou au moins « made in Europe », le gain final de Renault sur cette fabrication me semble assez aléatoire.
La tendance générale mondiale est d’ailleurs de rapprocher les usines des marchés pour les véhicules « de masse » (ce qui me semble être le dessein de ce véhicule). Alors Renault a-t-il prévu de commencer la production en Chine, avant d’envisager un rapatriement en fonction de la demande ?
Attendons leur réponse, ils ne peuvent rester silencieux sur ce sujet.
Pour completer si on veut penser notre société en mode ecologique il faut faire payer le cout reel carbone. Un produit mal conçus et loin d’europe a un cout carbone eleve donc le taxer. Ca permettra de localiser des entreprises en france, a l’image de toyota.
En partant de ce raisonnement pouvez vous m’expliquer pourquoi les étrangers achèteraient des Renault made in France ? De plus Dacia est une marque Roumaine ne serait il pas logique qu’elles soient construites dans leur pays d’origine? FO comme les autres syndicats sont dans leur rôle de défendre les intérêts de leurs adhérents mais cela ne veut pas dire que leur raisonnement est juste…de plus vu le taux de personnes syndiquées en France et chez FO en particulier Ils ont encore du travail pour prouver la justesse de leur propos concernant la stratégie des entreprises!
Et Oui ghosn avait pour objectif de basculer les usines françaises en électriques et transférer les thermiques à l’étranger pour éviter la fermeture des usines lorsque les thermiques ne se vendront pas. Les petits génies qui l’ont remplacé font n’importe quoi : hybridation et fabrication des VE à l’étranger, on tombe sur la tête.
Ghosn voulait garder la fabrication en France pour pouvoir faire les modifications techniques sur la chaîne de fabrication très rapidement.
Totalement d’accord avec article et commentaire, dont je vous remercie
Le prix des voitures à fortiori électriques est effectivement un frein considérable à la vente… Un assemblage en France et porteur de l’ambition écologique est cependant possible. Cela demanderait deux choses: des unités de production plus petites, intégrant toutes les phases de la vie du produit (produit qui de plus doit être resiliant), pensées pour s’insérer dans des circuits courts (fournisseurs, prestataires, clients) et une réelle motivation des industriels illustrée par une baisse des marges de profit. J’ajouterai que si la recherche dans le domaine de l’énergie (et son stockage particulièrement… Comme les batteries par exemple) est un investissement trop lourd (comme le furent les grands projets type autoroutes, ferroviaire, ou le nucléaire etc…) alors c’est au public de prendre le lead. L’écologie et le capitalisme actuel, à savoir « la recherche du profit maximum », ne sont décidément pas hyper compatibles… Assaisonner de primes des VE dont l’empreinte écologique est désastreuse (du moins quasiment autant que les voitures thermiques) a du sens pour sauver des « marchés », voir un modèle de production et donc pérenniser des profits… mais pas pour préserver notre environnement du changement climatique.
Pour compléter la discussion, ce serait intéressant de connaitre le coût en équivalent ouvrier du montage d’un véhicule.
Sur un article de journal, j’avais lu 12h de main d’oeuvre pour une Twingo seconde génération.
Quand est il exactement ?
Parce que 12 h d’un ouvrier français qui revient à 30€ de l’heure (salaire 15€ pour ouvrier qualifié + charges) ou 12 h d’un tchèque qui revient à la moitié ça ne représente que 360 à 180 € de main d’oeuvre …
Et je sais que les costs killers de l’industrie automobile ne sont pas gênés de demander à un sous traitant de délocaliser une usine française afin de gagner 0.20 € sur un véhicule.
Mais quel est la part de main d’oeuvre de fabrication sur un véhicule ?
Si quelqu’un a une réponse ce peut être intéressant.
Merci
1h d’un employé Dacia en Roumanie 18€. 1h d’un employé français 38€. la voiture électrique cest trop chère. le beurre et l’argent du beurre faudra choisir. Apres tout le reste cest du temps, nos impôts de perdu.
Depuis le temps que l’on anticipe (ou souhaite…) l’arrivée des VE chinois… De quoi se plaint-on, on aura un VE chinois, mais « français » quand même!
FO a parfaitement raison de pointer du doigt la désindustrialisation européenne et surtout française. Par contre leur argumentaire « écolo » ne vaut pas grand chose!
Il paraît déraisonnable de penser plus de 2mn qu’une Dacia Spring pourrait être assemblée en France; Mais franchement quand ils l’ont annoncée, j’étais persuadé qu’elle serait assemblée au Maroc comme nombre de Dacia.
La Citroën AMI y est assemblée également. Ecologiquement ça a beaucoup plus de sens.
Pour les véhicules plus chers, il serait peut être plus facile d’assembler une ë-C4 en France par exemple. Ou même une e-208 / e-2008. Après l’outil industriel est optimisé de façon différente.
Remarque sur le bonus, je doute qu’il soit possible de restreindre à des produits made in France. Tout comme la police se doit de faire jouer la concurrence au niveau européen pour leurs véhicules. Même si ça me paraît absurde que mes impôts paient des voitures allemandes à nos fonctionnaires.
Les chinois ont compris depuis longtemps comment étouffer l’occident , ils sont bien plus malins qu’on ne le pense , il suffit d’avoir du recul et observer leurs méthodes sur les 20 dernières années ! rien que pour cela je soutiens à 100% l’administration trump et heureusement que les positions commencent à bouger au niveau politique en europe même si l’allemagne a encore un cas de conscience !
Comme d »habitude les avis de Philippe (l’auteur) sont lumineux et frappés au coin du bon sens.
Le but de la dacia spring c’est oas d’être ecolo ca les gens s’en foute c’est de couter très peu et d’avoir un max d’aide a l’achat.
Le principal attrait de ce véhicule est son prix. Pas simple de faire revenir la production en France sur ce type d’automobile. Cela ajouterait probablement quelques milliers d’euros à son prix public et la mettrait hors marché.
Ce qui est plus scandaleux est la fabrication de véhicule de luxe comme la DS 9 en Chine, là oui la France devrait construire ce type de voiture.
On est tous d’accord avec le plaidoyer de FO-Métaux qui est absolument réaliste et honnête, néanmoins on sait tous que ce communiqué va être récéptionné avec une fin de non-recevoir par le Groupe Renault. Ca serait aussi bien de balancer les décisions tout aussi dégueulasses de PSA avec ses véhicules pas du tout assemblés en France, ses moteurs électriques Continental pas du tout français et ses batteries chinoises de CATL. Sa future DS9 qui sera elle aussi importé depuis les usines de PSA en Chine alors qu’on va s’enorgueillir que c’est une superbe berline française. Foutaises.
Comment voulez-vous faire du low-cost en France ? En Roumanie ou au Maroc, la main d’oeuvre est 3 ou 5 fois moins chère. Quant au bilan CO2 du transport, le transport par cargo émet de l’ordre de 5 gCO2/tonne/km, soit 50kg de CO2 pour 10000km pour une voiture d’une tonne. C’est compensé au bout de 500 km d’utilisation du VE.
n’oubliez pas de demander a PSA de faire contruire sa E208 E2008 et futur eC4 en France aussi, je ne comprends pas pourquoi un étranger ne peut pas diriger une entreprise française, Dacia Spring était déjà en projet avant son arrivé non ?