Renault EOLAB, Peugeot 208 HybridFE, C4 Cactus AirFlow : ces concept-cars montrent bien qu’en matière d’efficacité énergétique et de dynamique du véhicule, les ingénieurs français n’ont pas grand chose à envier à leurs homologues allemands ou japonais.
Des concepts qui prouvent une fois encore que la voiture basse consommation n’est plus un défi technique : c’est d’abord et avant tout un problème citoyen. Jusqu’à présent la demande n’est pas là. Et malgré l’urgence climatique, elle tarde toujours à se manifester…
I. 30 ans que ça dure
La très basse consommation, les ingénieurs en redemandent. Beaucoup n’attendent que ça d’ailleurs : pouvoir aller plus loin et plus vite dans l’efficience et la sobriété. Deux domaines dans lesquels les ingénieurs prennent beaucoup de plaisir à concevoir des véhicules à même d’apporter des réponses aux défis à venir.
Hélas, depuis plus de 30 ans, les concept-cars et autres études de style basse consommation se succèdent en restant bloqués au stade de la R&D. En cause : un coût du baril de pétrole relativement bon marché qui ne contraint pas assez les acheteurs de véhicules neufs à exiger des produits ultra sobres. Un constat d’autant plus regrettable que sur le marché de l’occasion, les foyers très modestes apprécieraient sans doute de pouvoir acheter à bon prix des véhicules très économes à l’usage.
Autre difficulté de taille : le coût d’industrialisation de certaines pièces et équipements développés spécialement pour ce type de véhicules. Si la demande était forte, la difficulté serait moindre. Pour l’instant, elle n’est pas là.
II. Une demande qui n’incite pas les constructeurs à investir
Un coup d’oeil rapide dans le rétroviseur suffit à mesurer l’écart grandissant entre ce qu’il conviendrait idéalement de faire au regard des enjeux énergétiques et environnementaux à venir et l’évolution du marché automobile de ces dernières années.
Derrière les bons chiffres CO2 – complètement bidons – du marché du neuf se cache une réalité difficile à nier : le succès fulgurant des SUV et autres Crossovers. Ces dernières années, l’offre constructeur a littéralement explosé au détriment de carrosseries plus aérodynamiques telles que celles des berlines ou des breaks. Le succès est tel qu’aucun constructeur ne peut se payer le luxe d’être absent de ce marché.
Etant donné les caractéristiques techniques de ce type de véhicules (hauteur, poids, pneumatiques, équipements, etc…), parler de basse consommation n’a pas beaucoup de sens dans la mesure où le véhicule en lui-même n’est déjà pas un modèle de sobriété au plan aérodynamique. Bien souvent, c’est aux motoristes que revient la lourde tâche de minimiser la consommation d’énergie de ces monstres, avec toutes les limites que l’on sait compte-tenu des lois immuables de la physique.
III. Les constructeurs français bien placés
Tirant profit d’une gamme très développée autour de la petite voiture polyvalente, les constructeurs français ont toujours été bien placés comparativement à leurs homologues allemands, américains ou japonais en matière de sobriété.
Chez Renault comme chez PSA, le 6 cylindres appartient définitivement au passé. L’immense majorité des véhicules neufs vendus affichent une cylindrée inférieure à 1,6L et une part croissante des modèles reçoit des motorisations essence à 3 cylindres.
Chez les constructeurs allemands, le haut de gamme continuent de rimer avec cylindres en pagaille et puissance hors norme. Pour compenser cet excès d’hormones, les marques allemandes n’ont pas beaucoup d’autre choix que de proposer des produits ultra sobres et/ou technologiques à l’instar de ce que propose désormais BMW avec sa gamme « i ».
Mais tant que ces produits hautement technologiques et/ou ultra sobres ne pèsent qu’une toute petite part du total des ventes, le bilan CO2 reste favorable aux marques françaises.
IV. Les perspectives à venir
Sur les concepts car « éco » mis au point à la fin du siècle dernier, le moteur thermique seul associé à une carrosserie aérodynamique et une masse réduite suffisait à réduire significativement la consommation conventionnelle des véhicules.
Désormais, tous les constructeurs ont conscience qu’ il va falloir miser davantage sur la fée électricité pour réduire vraiment les consommations de carburant de leurs modèles. Que ce soit en version hybride, hybride rechargeable ou électrique, l’ajout d’un moteur électrique et d’une (petite) batterie va très vite devenir indispensable pour pouvoir continuer à circuler à l’intérieur des grandes villes.
Les constructeurs sont prêts. La balle est désormais dans le camp des grandes agglomérations et du législateur. Après Paris, quelles seront les grandes villes de France qui oseront enfin durcir le ton face à celle qui continue de dégrader quotidiennement la qualité de vie de millions de citadins ?
Concernant les perspectives d’avenir, aucune auto française n’est vendue au Canada ni aux USA!
Donc perspective limité!
Dommage pour la France. :(
Et pourquoi pas simplement faire des SUV ou petit SUV en Hybride rechargeable,
je suis persuadé que si Renault fait son capture en Hybride rechargeable il fait un malheur, idem pour le 2008 de Peugeot,
le tout a un prix raisonnable bien sur…
J’attend que ça d’ailleurs… :-)
Malheureusement, mise à part la fiscalité ou la réglementation je ne vois pas ce qui peut inciter l’acheteur lambda à aller vers des véhicules efficients écologiquement (le bonus a parfaitement fonctionné pour cela).
Les constructeurs français savent les faire et l’ont déjà démontré au fil des ans (Citroën AX par exemple).
Cependant ayant déjà atteints les objectifs CE de 2015 dès 2011, ils se préparent pour 2020 (2021 à la demande des allemands).
Par contre, ce qui me choque dans cette règle, c’est que tous les constructeurs ne sont pas soumis à la même enseigne qui dépend de la masse moyenne des véhicules vendus, cela va un peu à l’encontre de ce qu’il faudrait faire pour vraiment baisser la consommation des véhicules (allègement principalement).
Du coup, d’un côté on se retrouve avec des constructeurs allemands qui créent des VE ou des VT hybrides augmentant au passage la masse moyenne de leurs véhicules et faisant remonter leur objectif. De plus ces véhicules hybrides et VE sont bonussés pour le calcul du critère. Et le quidam moyen s’extasie devant la performance !
De l’autre, les constructeurs français qui cherchent l’efficience en allégeant leurs véhicules et en optimisant leurs moteurs mais qui abaissent de ce fait l’objectif à atteindre. Et le quidam moyen de dire que les constructeurs français sont nuls et ne font rien !
C’est simple il y a 10-15 les voitures consommait 7l de moyenne,
Le DCI et autre pompe haute pression sont sortis et boom le gasoil à pris 1f50 si on passe a ce genre de véhicule on gagne de l’argent les 2-3 première années puis lorsque le park auto est suffisament vaste BOUM on augmente le prix de l’energie.
@longueattente:
Bien sûr que tout le monde veut un véhicule 2L/100 à 15k€ sans compromis sur le confort/dynamisme/équipement!
Malheureusement, la vraie demande pour un véhicule 2L/100 avec ce que ça implique n’existe pas.
Comme vient de le dire triphase, un véhicule 2L/100 est petit, spartiate, peu dynamique, mal équipé….
Un exemple? Les lupo et A2 3L qui ne sont pas vraiment vendues. Et pour cause! Pas de clim, tenue de route parfois limite, aucun dynamisme, etc…
La Yaris? Bien positionnée sur les tarifs, les coûts d’utilisation sont bon, mais surtout l’agrément est incontestable (boite « auto », silence en ville, douceur, absence de vibrations,…) vs. ses consoeurs thermiques.
L’espoir? :
– Vous rêvez :)
– la P4, Toyota espère au moins 8% de gain de conso vs P3 (implicitement: 10% semble le max à espérer)
http://www.dailytech.com/FourthGeneration+Prius+New+Engine+New+Design+More+Fuel+Efficient/article34229.htm
Voilà, voilà.
Bilan: le confort est trop peu cher, il faut taper là ou ça fait mal pour faire bouger: le porte monnaie.
Calomel
Jusqu’à présent la demande n’est pas là ? Discussion la semaine dernière chez Toyota à Nanterre : nous ne vendons plus que des Hybrides (plus de 80%…) dans la gamme Yaris et Auris.
Hors de prix ? Yaris HSD à 148000€ fin 2013 (bonus et remise déduite) remontée à 16k€ avec des « accessoires », made in France en sus…
Conclusion : la demande existe, malheureusement, les constructeurs Fr sont en retard et présentent des protos, des VE hors de prix ou des hybrides GasOil (Peugeot).
L’espoir ? :
– une alliance Peugeot/Renault pour le développement d’un véhicule 5 places adultes, 2l/100 normalisé et avec un tarif entre 15 et 20k€ avant 2018.
– une Prius IV en 2015 avec -15% de conso par rapport à l’actuelle, soit proche des 3l/100 normalisé.
Au passage, concernant les VE, la polémique enfle : http://www.reporterre.net/spip.php?article6385
Concept car = pipeau.
La voiture à 2 litres (sans électricité) peut exister depuis longtemps sans technologie hyper-super-bien. Mais ce sera une voiture austère, petite, peu agile, peu confortable et « peu connectée :-))) » une 2CV, une 4L, une AX, une mini (d’autrefois)… Tout le contraire de ce que les constructeurs souhaitent que les consommateurs souhaitent!
Avec l’hybridation rechargeable on peut faire aussi, parce que dans la conso normalisée l’électricité est gratuite donc ne compte pas. Bizarre.
Le pétrole ne vaut rien alors pourquoi l’économiser? Surtout quand les terroristes qui maintenant en possèdent nous le bradent pour 12$ le baril afin de financer la guerre contre nous… Notre système économico-politique marche sur la tête et tout le monde trouve ça normal et souhaite que ça « croisse » encore :-(
C’est bien beau tous ces concepts, mais j’attends de voir concrètement ce que ces promesses vont donner en réalité. Et surtout quand! Pour l’instant, rien de tangible et aucune date de mise en production. On reste dans le vague: on parle de 2018, 2020, soit très (trop?) tard. Pendant ce temps, la concurrence avance, elle…
Guillaume,
Oui, j’adhère dans l’ensemble. Deux points seulement que je soulèverais.
1_ « Jusqu’à présent la demande n’est pas là. » :
Je pense que c’est à l’offre d’être attractive pour qu’il y ait une demande.
2_ « Les constructeurs sont prêts. La balle est dans le camp des … » :
Je pense que NON, les constructeurs attendent «politiquement » pour faire ces véhicules propres abordables, (soi-disant la longue R&D, les matériaux, les recherches sur des Cx d’enfer, etc…), mais finalement dans le but de ralentir leur développement et ainsi, écouler leurs thermiques le plus possible (avec peut-être TOTAL derrière qui suggère …). Et le peu de VE & VEHR, qu’il y a déjà sur le marché, est volontairement inabordable pour Mr Lambda, de manière à freiner psychologiquement la demande.
Et hop, on revient sur le point 1. La boucle est bouclée et nos constructeurs ne veulent pas en sortir. A moins, qu’un constructeur allemand bouleverse les connivences dès 2016, et que cela force à ouvrir cette boucle.
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Quand on voit le peu de succès commercial de la Lupo 3L, ça ne peut guère inciter les constructeurs à se lancer dans la commercialisation de véhicules thermiques consommant peu. Heureusement, les véhicules hybrides, hybrides rechargeables et électriques se vendent mieux.