Tesla Model S P85D

Pendant des décennies, la puissance des moteurs à pétrole n’a cessé d’augmenter au prétexte qu’un nouveau modèle devait nécessairement offrir toujours plus par rapport au modèle précédent. Evolution des mentalités aidant, depuis quelques années, cette course à la puissance marque le pas pour stagner désormais à des niveaux généralement supérieurs à ce que les automobilistes ont réellement besoin au quotidien. Du coté des VE, les annonces et les évolutions techniques qui se succèdent tendent à montrer un phénomène similaire sur la question de l’autonomie. Faut-il s’en réjouir ou au contraire s’en inquiéter ?

En finir avec le toujours plus !

De la même manière qu’une auto à pétrole de plus de 150 ch est totalement inutile au quotidien, un VE capable de parcourir 400 kilomètres sur une seule charge n’a pas beaucoup d’intérêt sinon celui de rassurer ceux qui n’ont toujours pas compris qu’à l’avenir, il va vraiment falloir faire mieux avec moins dans de très nombreux domaines. Le secteur automobile en fait évidemment parti.

Jusqu’à présent, c’est surtout par le biais du “downsizing” – avec les résultats très mitigés que l’on connait – que les constructeurs auto ont essayé de convaincre les consommateurs qu’il était possible de faire mieux avec moins (de cylindres).

Seuls quelques rares constructeurs se sont également risqués à réduire la puissance maxi de certains de leurs modèles en faisant valoir les gains de poids réalisés par ailleurs pour conserver un bon agrément de conduite. C’est par exemple le cas de Toyota avec la nouvelle Prius. Il faut dire que cette voiture a toujours un temps d’avance sur la concurrence…

L’écosystème auto à pétrole : un écosystème du passé qu’il faut ringardiser

Les inconditionnels du VE l’ont compris depuis quelques années déjà. Hélas, pour la majorité des automobilistes qui préfèrent aujourd’hui rouler dans le dernier Crossover diesel à la mode du moment, l’écosystème de référence reste celui de l’auto à + de 500 km d’autonomie pour un temps de remplissage de 5 minutes environ. Un écosystème du passé, qui repose sur une utilisation massive des énergies de stock (= fossiles). Un écosystème à l’opposé de ce que les énergies renouvelables sont capables d’offrir au quotidien, partout ou presque.

Sa seule force : avoir réussi à convaincre des millions d’automobilistes que ce système est le bon quand, en réalité, il est fondamentalement mauvais, à l’exception des trajets à caractère exceptionnel tels que les longs trajets sur autoroute.

Malgré un contexte pas toujours très favorable, il faut donc continuer à faire preuve de pédagogie, encore et encore, pour expliquer et réexpliquer les avantages évidents de l’écosystème VE au plan énergétique. Expliquer les synergies entre le développement des énergies renouvelables, les solutions multiples autour du stockage – le véhicule électrique en fait parti – et l’émergence des réseaux électriques intelligents.

En commençant par rappeler l’immense avantage que celui de pouvoir se recharger depuis n’importe quel prise de courant ou presque. Un avantage intrinsèque considérable qui paradoxalement reste encore très méconnu et incompris du grand public…

L'autonomie est au VE ce que la puissance est à l'auto à pétrole

Un équilibre à trouver entre autonomie et infrastructures de charge

Même pour qui a besoin de parcourir exceptionnellement plus de 200 kilomètres dans la journée, inutile d’attendre encore et encore que les VE offrent une autonomie très supérieure à ce qu’offre aujourd’hui une Renault ZOE, une Nissan Leaf ou un Kia SOUL EV avant de songer sérieusement à passer à l’électrique.

Car dans ce cas de figure, c’est plutôt sur les bornes de recharge rapide qu’il faut compter. Avec une offre qui ne cesse de croitre un peu partout en France, il n’a jamais été aussi facile de partir à l’aventure au volant d’un VE. Certes, il reste encore des zones d’ombre mais grâce aux multiples plans de déploiement en cours un peu partout sur le territoire, l’écosystème VE gagne peu à peu en maturité, pour le plus grand bonheur des inconditionnels du VE.

Objectif 250 kilomètres réels

De la même manière que les acheteurs de voitures neuves n’envisagent plus guère d’acheter une voiture de minimum 75 ch quand 50 suffit amplement au quotidien, probable qu’il faille attendre que la barre symbolique des 250 kilomètres d’autonomie réelle soit franchie avant que la majorité des automobiles commence à s’intéresser de près au VE.

Pour y parvenir, il n’y a pas de miracle : il va falloir embarquer un peu plus d’énergie qu’actuellement. Sur un véhicule type ZOE ou LEAF, une batterie de 45 kWh (40 kWh utile) + des chargeurs rapides à 80 kW font partis des solutions que beaucoup attendent. A condition bien sûr de parvenir à contenir le prix de vente à un niveau compétitif avec celui de l’auto à pétrole. Le tout, idéalement sans subvention.

Autant dire que celles et ceux qui roulent déjà en VE aujourd’hui vont continuer à économiser des euros et des litres d’essence pendant quelques années encore…

Le VE et la règle de 3

Si l’autonomie cristallise le gros des attentes du coté des acheteurs potentiels de VE, beaucoup n’ont pas encore compris qu’elle ne réglera pas tout. La question de l’énergie se résumant bien souvent à une vulgaire règle de 3, tirer pleinement profit de l’augmentation de la capacité des batteries suppose aussi en parallèle de pouvoir recharger plus vite la batterie lorsque l’ajout de kWh devient nécessaire. Cela sous-entend alors de pouvoir compter au besoin sur une puissance de charge à domicile supérieure à 3 kW mais surtout, sur des bornes rapides délivrant minimum 80 kW voire plus pour éviter que les longs trajets ne se transforment en longue attente lorsque vient le moment de recharger – même partiellement – la batterie.

Vive le futur !