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Une récente étude menée par l’association « Agir pour l’environnement » a permis de montrer que les pneumatiques qui équipent nos voitures sont constitués de molécules dangereuses à la fois pour la santé et pour la planète. Malheureusement, toutes les plus grandes marques sont concernées. Voilà ce qu’il faut savoir.
On parle souvent des émissions de CO2 liées à l’échappement des voitures, mais un autre fléau beaucoup plus discret passe encore largement entre les mailles du filet, en tout cas aux yeux des pouvoirs publics. Il s’agit de la pollution générée par l’usure des pneus. En effet, chaque kilomètre parcouru libère des particules issues de la gomme des pneumatiques, un mélange de composés chimiques dont les effets sur la santé et l’environnement s’avèrent alarmants.
Agir pour l’Environnement a publié une étude dans le cadre de laquelle est analysée la composition des pneus de six grandes marques (Bridgestone, Continental, Goodyear, Hankook, Michelin et Pirelli). Les résultats sont édifiants. Au total, 1 954 molécules différentes ont été identifiées, dont 785 qui présentent un risque grave pour la santé ou les écosystèmes. Parmi elles, 112 sont classées cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques. Des dizaines sont potentiellement mortelles en cas d’inhalation ou d’ingestion.
On découvre dans ce document que l’abrasion des pneus rejette chaque année près de 50 000 tonnes de particules dans l’air, les sols et les eaux. Ces micro et nano-particules invisibles s’accumulent dans les organismes vivants et se propagent jusque dans nos poumons, notre sang, voire notre cerveau. Mais l’aspect le plus troublant de l’enquête concerne l’opacité qui entoure la fabrication des pneus. Aussi étonnant que cela puisse sembler, leur composition exacte reste protégée par le secret industriel.
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Qui des voitures électriques ou des thermiques émet le plus de poussières de frein ? On a la réponse !En tant qu’Européens, on pourrait avoir tendance à penser que la réglementation nous protège. Et c’est le cas, Bruxelles impose aux industriels de communiquer sur les dangers liés à toute substance classée toxique dans le cadre de la norme Euro 7. Mais évidemment, cela n’est pas (du tout) respecté. Pour Stéphen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’Environnement, cette situation est intenable. « Il y a urgence à modifier la législation encadrant la fabrication et la commercialisation des pneus », estime-t-il.
Dans le détail, les analyses révèlent que 40 à 60 % des composants organiques des pneus sont des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Il s’agit de substances reconnues pour leur toxicité et leur caractère cancérogène. Ces molécules se dégradent très lentement et s’accumulent dans les milieux aquatiques, ce qui perturbe durablement la faune et la flore. Les pneus contiennent également du benzène, un composé cancérigène bien connu, ainsi qu’un grand nombre de métaux et de sels comme le zinc ou le soufre.
Lorsqu’ils se désagrègent, les pneus se transforment en micro-plastiques et en nano-particules. Ces dernières sont si fines qu’elles restent en suspension dans l’air. Elles peuvent pénétrer dans nos voies respiratoires, franchir la barrière pulmonaire et se retrouver dans le sang. En France, la pollution aux particules fines est déjà responsable de plus de 40 000 décès prématurés par an, selon les chiffres de Santé publique France. Au même titre que les émissions de CO2, ce n’est donc pas un « petit » problème.

Il y a les effets sur la santé humaine, mais aussi ceux sur l’environnement. Les pneus représentent une source majeure de pollution des sols et des eaux. Une fois rejetées, les particules de gomme et les substances chimiques qu’elles contiennent contaminent les nappes phréatiques et les cours d’eau. Certaines se volatilisent sous la chaleur et libèrent des gaz toxiques dans l’atmosphère. D’autres s’accumulent dans les sédiments et la chaîne alimentaire. Sans oublier que les pneus sont peu ou mal recyclés, ce qui n’aide pas.
Face à ces constats, l’association Agir pour l’Environnement appelle les pouvoirs publics à « lever le secret industriel », à « créer un étiquetage européen intégrant la toxicité chimique des pneus », et à « soumettre leur mise sur le marché à une autorisation conditionnée à leur innocuité ». Selon Oliver Charles, coordinateur des campagnes transports et énergie, « les citoyennes et citoyens ont le droit de connaître la composition exacte des produits qu’ils achètent et avec lesquels ils s’empoisonnent ».
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