Reportage : quelle affluence craindre aux bornes de recharge sur l'autoroute en été ?

Il est logique de penser qu’un jour chargé en circulation sur les autoroutes, c’est à l’heure du déjeuner que ça va coincer aux bornes de recharge. Notre présence de 8 h 00 à 15 h 00 à l’aire de la Vendée de l’A83 a révélé quelques surprises à ce sujet. Cet article fait suite à un premier intitulé « Qui a dit qu’il n’y a que des Tesla en voitures électriques sur l’autoroute ? ».

Début du week-end du 14 juillet

Samedi 12 juillet 2025, début du long week-end de la fête nationale en France, la circulation était dense sur les autoroutes. Reliant les Pays de la Loire, la Bretagne, et la Normandie à l’Aquitaine et au-delà, l’A83 où nous étions n’était sans doute pas aussi problématique à emprunter que les voies rapides en Auvergne-Rhône-Alpes.

Toutefois, nous sommes arrivés vers 8 h 00 à l’aire de la Vendée accessible dans les deux sens, comme beaucoup de ceux voulant éviter les bouchons sur le délicat périphérique de Nantes. Nous avons bien fait, car il y avait déjà du monde aux bornes. Le choix de ce site se justifie par la présence d’une station Ionity avec six chargeurs DC et une borne tri-standard en enfilade avec neuf stèles Tesla.

Un ensemble de trois rangées de places pour le stationnement sépare la zone de recharge de la station service Avia qui a aussi connu ses moments de grande affluence. Nos observations d’un jour ont bien été très différentes de ce qu’il s’est passé la veille ou dans une autre région. Mais on y a trouvé matière à réfléchir.

Station déjà encombrée chez Ionity peu après 8 h 00

Dès notre arrivée, nous avons constaté que la fréquentation aux bornes était très différente entre les stations Tesla et Ionity. Vers 8 h 00, il n’y avait qu’une Model 3 à la première, alors que, à l’enseigne créée par un consortium de constructeurs, trois voitures électriques (Volkswagen ID.4, Renault Scenic et Hyundai Ioniq 5) étaient déjà en recharge avant d’ajouter la nôtre.

Quelques minutes après, il ne restait plus que la borne tri-standard de libre. Nous avons cédé notre place à un électromobiliste en BMW iX1. Pendant ce temps, les superchargeurs Tesla restaient libres. Jusqu’à 9 h 00, la rotation aux bornes Ionity a permis d’éviter les attentes, les automobilistes ne restant le plus souvent pas beaucoup plus de 20-25 minutes.

À cette heure du petit déjeuner pour les plus courageux, on comptait à côté deux Tesla Model Y, une Model 3 et… déjà deux thermiques ventouses barrant l’accès à deux stèles. S’il est vrai que la circulation était assez importante à ce moment-là sur l’aire, il restait pourtant encore quelques places dans les parkings pour se garer. À noter que tous les points de recharge étaient bien fonctionnels dans les deux stations, y compris à la borne tri-standard qui a commencé à être, elle aussi, exploitée.

Saturation de toute l’aire vers 10 h 30

À 10 h 00, la situation était tout autre, et même inversée, avec seulement une Kia EV6 et une Volkswagen ID.4 chez Ionity, contre cinq Tesla aux Superchargeurs. Sous la chaleur qui commençait à s’élever vers les 30° C, et après avoir avalé déjà quelques centaines de kilomètres, ces dernières apparaissaient parfois très bruyantes avec leurs ventilos de refroidissement en route à toute vitesse. Aucun VE des autres marques ne s’est distingué de la sorte pendant nos sept heures sur place.

À peine une demi-heure plus tard, la station Ionity était à nouveau pleine, mais toujours le même nombre de Model 3 et Model Y à côté. Moins de dix minutes après, pour la première fois depuis notre arrivée, les neuf places étaient occupées aussi chez Tesla par des voitures de la marque. C’était compliqué aussi à la station Avia où plus de vingt véhicules étaient en attente pour effectuer le plein. Toutefois, cette situation a été provoquée par l’arrivée au même moment aux pompes de huit ou dix minibus de CRS.

Nous avons observé un temps de passage de l’ordre de la trentaine de minutes pour enfin avoir pu remettre de l’essence ou du gazole dans les réservoirs. Sans compter le besoin de passer encore ensuite pas les toilettes également très fréquentées, pouvant faire grimper le temps de présence sur le site à plus d’une heure. Des VE, en particulier les Kia EV6 et Hyundai Ioniq 5 sous 800 V, sont restés bien moins longtemps sur place. Tout cela a créé des encombrements partout sur l’aire où la circulation a été complètement bloquée plusieurs minutes.

Étrangement accessible juste avant midi

Seulement quatre Tesla à 11 h 00. En revanche, les six chargeurs à haute puissance restaient constamment mobilisés chez Ionity, obligeant un électromobiliste à brancher son Audi Q4 e-tron sur la borne tri-standard. Une demi-heure plus tard, alors que l’appel du déjeuner approchait, l’espace dédié aux Superchargeurs de la marque américaine était absolument désert : pas même une voiture thermique ventouse. En même temps, la circulation à l’aire de la Vendée était redevenue fluide et les queues à la station Avia s’étaient dissipées, toutes les pompes étant toutefois occupées.

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À midi, un conducteur en Audi a décidé d’exploiter une des trois stèles Tesla libre, mais pas celui en Kia EV6. Pour au moins deux raisons, il a préféré attendre en double file une vingtaine de minutes : recharger plus rapidement, et utiliser le badge fourni avec cette voiture de société. Quand il a enfin pu accéder à un chargeur Ionity, son VE n’y est pas resté branché beaucoup plus d’un quart d’heure.

Sur la période du déjeuner, les propriétaires de voitures électriques ont eu moins tendance à rester à côté et le temps individuel de mobilisation des bornes s’est allongé au point de dépasser parfois l’heure. À 12 h 30, il y avait des places libres dans les deux stations. Malgré un flot incessant de voitures arrivant à l’aire, peu de VE, ce qui a évité que la situation devienne critique.

L’heure critique : 13 h 00

Début de tension à la recharge vers 13 h 00 alors que les deux stations étaient pleines et que trois VE étaient en attente, dont une Tesla. Mais plusieurs voitures de la marque américaine sont parties en même temps, débloquant la situation. Une Peugeot e-308 a même été branchée sur l’une des stèles. Vers 13 h 30, trois voitures thermiques dont un vieux Renault Kangoo diesel sont venues barrer l’accès à trois Superchargeurs Tesla.

Un quart d’heure plus tard, le flux d’arrivée à l’aire de la Vendée a commencé à se calmer. La station Ionity ne désemplissait toujours pas, mais c’était alors sans attente. Toutefois, deux VE se sont partagé la borne tri-standard : une Renault Twingo E-Tech garée sur la zone zébrée, et une BMW iX3. Il n’y avait alors que trois Tesla en charge à côté.

À partir de 14 h 00, les places ont commencé à se libérer. Une heure plus tard, il n’y avait plus que cinq VE en charge et de seulement deux marques : deux Tesla Model Y d’un côté, et trois Volkswagen de l’autre (2 ID.4 + 1 ID. Buzz). Pas vraiment d’attente critique aux bornes (maximum de 20 minutes) pendant nos sept heures de présence.

Voitures ventouses

Si la station Ionity a échappé au phénomène sans doute en raison des bornes continuellement sollicitées sur de longues périodes, nous avons compté au total six voitures thermiques ventouses devant les stèles Tesla entre 8 h 00 et 15 h 00, toutes prises en photo, dont une immatriculée en Allemagne. En exceptant le cas des électriques rechargeant bien au-delà de 80 % au point même d’arriver au plein des batteries.

Nous avons constaté plusieurs profils chez les automobilistes indélicats en fumantes : celui qui a garé son véhicule là avec une visible marque de jouissance ; celui qui se l’autorise puisque quelqu’un d’autre vient juste de le faire devant lui ; celui qui reste dans la voiture (pour libérer la place au besoin) pendant que sa petite famille passe aux toilettes ; celui qui semble être un habitué du fait et abandonne rapidement son engin.

Il suffit qu’un véhicule essence ou diesel se gare devant un superchargeur pour que d’autres suivent dans la foulée. Visiblement sans se connaître, les conducteurs des Renault Kangoo, Clio et Renault Grand Scenic ont investi en moins de 30 secondes trois places libres côte-à-côte. Toutefois le propriétaire du monospace est rapidement reparti après s’être inquiété de l’utilité des stèles Tesla. Merci à lui d’avoir fait cet effort de rechercher un autre emplacement ailleurs.

Lorsque de telles voitures ventouses sont arrivées, aucun électromobiliste présent n’a réagi pour leur signaler l’importance de ne pas bloquer l’accès à la recharge.

Peu de VE autres aux bornes Tesla

En sept heures de présence, nous n’avons pas remarqué beaucoup plus d’une Peugeot e-308, une Audi e-tron, une Volkswagen ID.4, et une BMW iX3 branchées chez Tesla. Nous avons interrogé plusieurs propriétaires de voitures électriques d’autres marques pour savoir pourquoi ils n’utilisaient pas les stèles quand la station Ionity était pleine.

Nous avons reçu des réponses variées : volonté de recharger plus vite (VE coréens sous 800 V), badge fourni par l’entreprise et incompatible, abonnement Ionity intéressant, méconnaissance de la possibilité, ne s’autorisaient pas à le faire. A l’inverse, un automobiliste étranger a voulu brancher sa Model 3 sur la borne tri-standard Ionity : Nous lui avons indiqué qu’il restait une stèle libre tout à l’autre bout.

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Plus que les autres, les utilisateurs de Tesla restent dans leur voiture pendant la recharge, y compris en plein soleil et par une température extérieure de 35° C. C’est sans doute pour profiter de la climatisation et du système d’infodivertissement. Nous nous attendions à des rotations plus rapides aux superchargeurs, mais pas forcément à entendre un concert de ventilateurs assez bruyants lorsqu’on se retrouve en face des Tesla alignées.

Fonctionnement des bornes

D’une manière générale, le branchement est apparu bien plus simple et rapide à la station Tesla avec les voitures de la marque. Et c’est d’ailleurs là que les curieux en thermiques sont venus découvrir le monde de l’électromobilité. Les 17 points de recharge (9 Tesla + 6 chargeurs Ionity + 2 pour la borne tri-standard) étaient tous opérationnels pendant notre temps de présence.

A noter toutefois un arrêt intempestif à 20 % sur la borne tri-standard pour une Renault 5 E-Tech, imposant un branchement sur un chargeur Ionity à plus haute puissance. En outre les écrans numériques et tactiles se sont montrés parfois capricieux, notamment au moment d’appuyer sur le bouton pour lancer la recharge. Heureusement la solidarité entre électromobilistes a joué à plein, évitant que certains ne pensent à un dysfonctionnement bloquant.

A part quelques exceptions, les électromobilistes sont apparus globalement sereins une fois leur recharge démarrée. L’inquiétude pouvait surtout venir du côté de ceux se déplaçant avec des VE à relativement faible autonomie.

Automobile Propre et moi-même remercions tous les automobilistes qui nous ont bien accueillis ce jour-là et qui ont accepté de répondre à quelques questions simples.