La suite de votre contenu après cette annonce

Localisée sur la zone du Barderff au bord de la N24 à Moréac, dans le Morbihan, cette station qui accueille à nouveau les électromobilistes et les poids lourds roulant au bioGNC avait déjà été inaugurée une première fois par KarrGreen le 1ᵉʳ juin 2023… se refermant seulement six mois plus tard. Pour la rouvrir mi-octobre 2025, le groupe Eonnet, dont le siège se situe juste derrière, a créé une filiale dédiée à la distribution d’énergies vertes.
En 2015, le pôle de méthanisation Liger inaugure à Locminé la première station bretonne de distribution de bioGNV. Elle est cependant réservée aux collectivités et entreprises locales. D’où l’ouverture deux ans plus tard dans la même ville d’un second site capable d’accueillir aussi les automobilistes et transporteurs de passage. À cette occasion, l’ancien garage qui délivrait autrefois de l’essence et du gazole donne naissance à la marque KarrGreen. Ce nom est composé du mot breton « Karr » signifiant « charrette, remorque, voiture » et de « Green » pour l’origine renouvelable du carburant.
En 2020, j’avais interrogé Marc Le Mercier, président de Liger BioConcept, sur ses ambitions pour ce nouvel opérateur. Il était question de 150 hubs énergétiques en France dont 22 en Bretagne, et d’une implantation aux États-Unis. Ce qui rendait unique son modèle, c’est d’abord de distribuer de l’énergie verte produite localement (bioGNV, recharge des véhicules électriques, et un bout de foncier réservé à l’hydrogène en cas de demande).
Mais aussi d’inclure comme actionnaires les principaux consommateurs locaux de bioGNV. Ainsi, pour la station KarrGreen de Moréac : l’entreprise agroalimentaire Jean Floch, le prestataire de relève des compteurs d’eau SBEAE, la société de traitement des déchets Guyot Environnement, les transporteurs Lahaye et Rault, et le Groupe Eonnet qui l’a reprise.
C’est le 1ᵉʳ juillet 2021 à Ploërmel qu’a été inaugurée la première vraie station bi-énergies vertes KarrGrenn, également fermée depuis 2024. Avoir suivi l’évolution de cet opérateur me permet aujourd’hui d’aligner pour les lecteurs d’Automobile Propre le visuel du projet, des photos de l’inauguration, et d’autres prises mi-octobre 2025 à l’état de friche. Située à Pontivy, la troisième station morbihannaise du réseau a suivi le même sort que les deux autres. Dans un premier temps, Marc Le Mercier espérait une réouverture de l’ensemble, puis, à défaut, une reprise des stations.
Aujourd’hui Nicolas Didier, directeur de Eonnet Energies Vertes, témoigne : « KarrGreen était une entreprise innovante, avec une ambition forte et un concept très intéressant de stations bioGNC. Avec eux nous étions aussi partenaires pour les sites de Plouédern dans le Finistère et du Pouzin en Ardèche. Le contexte économique du moment n’a malheureusement pas aidé ».
Lors de l’emballement des prix des énergies avec pour toile de fond le conflit russo-ukrainien, le prix du GNC s’était envolé vers les 4 euros le kilo. À Locminé, la production et l’alimentation locale avaient permis de conserver un tarif à 1,40 euro du bioGNC pourtant plus coûteux à produire, démontrant tout l’intérêt de fonctionner en cycle court.
À lire aussi
Cette nouvelle station de recharge rapide est directement raccordée à des éoliennesAlors pourquoi la liquidation judiciaire de KarrGreen ? Elle est due à un empilement d’événements qui n’ont pas permis une bascule suffisamment rapide des transporteurs vers le bioGNC : Position européenne non favorable, Covid, retour en arrière sur les zones à faibles émissions, prix du gazole plus stable que prévu face à un GNC/bioGNC devenu plus volatile.
Ce n’est pas un hasard si Eonnet a repris l’ancienne station KarrGreen de Moréac : « Le groupe est un utilisateur d’énergies alternatives depuis plusieurs années. Leur distribution est pour nous une activité nouvelle mais néanmoins stratégique : elle servira déjà à une partie de notre flotte. Être parmi les actionnaires nous a convaincus de reprendre la station de Moréac, le siège d’Eonnet étant juste derrière. Mais d’autres auraient pu tout aussi bien le faire car nous étions sur un pied d’égalité ».
Le site est ouvert 24/7 : « Je souhaite vivement que les anciens utilisateurs de cette station reviennent. Elle est placée idéalement au bord de la RN24 pour servir les axes Ploërmel-Lorient et Pontivy-Vannes. Nous avons parmi nos clients la communauté de communes avec ses bennes à ordures ménagères et des transporteurs. Nous comptons aussi sur les particuliers ».
Fondateur du groupe il y a 30 ans, Daniel Eonnet complète : « Nous venons de sauver un outil industriel de qualité ainsi que les investissements déjà réalisés auparavant par les collectivités pour cette station. Comme nous utilisons nous-mêmes des poids lourds GNV, nous en connaissons les qualités et les contraintes, dont des problèmes d’avitaillement. Ceci explique notre projet avec cette station qui devrait servir à beaucoup de nos partenaires et fournisseurs ».
Le groupe Eonnet est plus qu’un transporteur. Il s’est forgé une solide réputation dans la location de véhicules avec ou sans chauffeur. Sa flotte compte «1 300 véhicules, dont 1 100 poids lourds environ, ainsi que des utilitaires et autres véhicules légers », précise Nicolas Didier. Plusieurs pistes sont suivies au titre de la mobilité durable : « Nous avons 40 camions au GNC et GNL, ainsi qu’une vingtaine qui fonctionnent au B100. Nous utilisons aussi le HVO en fonction des demandes de clients ».
Pas de poids lourds électriques ? « En raison des politiques changeantes de notre clientèle, nos deux exemplaires actuellement en commande peinent à trouver des affectations. Mais un client important nous confie les siens, conduits par nos chauffeurs et ravitaillés en électricité avec nos contrats de recharge ».
À travers ses diverses actions pour la décarbonation, Eonnet obtient déjà des résultats concrets : « En 2024, nous avons évité de relâcher dans l’atmosphère 3 000 tonnes de CO₂, ce qui représente près de 5 % des émissions de GES du groupe. La part du GNV pèse les deux tiers de ces gains. Nous utilisons aussi des pneus qui font consommer moins nos camions et que nous pouvons réchapper davantage, renouvelons régulièrement notre flotte, utilisons des outils télématiques et de suivi des véhicules et formons nos chauffeurs à l’éco-conduite ».
Ce vendredi 10 octobre 2025, jour de l’inauguration de la station d’Eonnet Energies Vertes, Stéphanie Marques figurait parmi les 80 invités. C’est CGI Formation, dont elle est la responsable commerciale, qui explique aux conducteurs du groupe comment pratiquer une conduite économique : « En remontant les dernières données enregistrées par les boitiers télématiques, on va analyser le comportement des chauffeurs. Ce qui va nous permettre d’un simple coup d’œil d’identifier les points à améliorer et d’apporter des solutions pour cela ».
Concernant les camions diesel, les résultats obtenus à l’échelle de l’organisme de formation sont loin d’être anecdotiques : « Notre objectif est de parvenir à faire baisser de 2 litres la consommation. Actuellement, la moyenne sur l’ensemble de nos clients est à 1,78 l. Nous nous adaptons à leur matériel, ce qui fait que nos formations prennent en charge les diverses énergies. Pratiquer l’éco-conduite est impératif à l’échelle de l’entreprise afin de réaliser des économie sur la consommation, les pneus, les garnitures de frein, et la mécanique dans son ensemble ».
Parmi les conseils à adopter : « Beaucoup anticiper, exploiter l’inertie du véhicule, ne pas laisser le moteur tourner inutilement à l’arrêt, trouver le bon régime, respecter les distances de freinage et d’accélération. Non seulement c’est écologique, mais c’est aussi moins de stress pour les conducteurs et ça fait baisser les chiffres de l’accidentologie ».
Eonnet Energies Vertes a rouvert la station de Moréac dans la même configuration qu’avec KarrGreen. Les capacités sont toutefois évolutives. « Nous avons été étonnés de ne trouver qu’un seul compresseur de gaz, mais il y a de la place pour un deuxième en cas de besoin. Actuellement, nous pouvons déjà avitailler en GNC une vingtaine de poids lourds par jour », chiffre pour Automobile Propre Nicolas Didier.
Le plus souvent, lorsqu’une station bi-énergies de ce genre est mise en service, l’attention est principalement portée sur le bioGNV ; les bornes de recharge pour véhicules électriques semblent alors faire de la figuration. Il y a cependant ici, à Moréac, de réelles perspectives.
À lire aussi
Cette nouvelle station de recharge rapide est directement raccordée à des éoliennesActuellement, le chargeur abrité des intempéries et intégré au réseau Freshmile propose le 22 kW AC, et, en DC, le standard CCS jusqu’à 100 kW et le CHAdeMO en 62 kW : « Notre borne est plus utile aux véhicules légers qu’aux poids lourds qui demandent des puissances plus élevées. Toutefois nous explorons de sérieuses pistes pour améliorer le service de recharge électrique pour ces derniers. Tout dépendra de la demande ».
On voit rarement à l’inauguration d’une station bi-énergies vertes un tel soin dans les véhicules mis en situation. Du côté de l’électrique, on avait les trois mondes : Un Peugeot e-5008 comme voiture, un Piaggio Porter à benne hydraulique Excalibur en utilitaire léger, et un Renault D16 E-Tech pour camion. Ce dernier était présenté par Yann Lotodé du groupe de concessionnaires Kertrucks : « Avec ses 4 packs, ce porteur 16 tonnes à une autonomie de 300 km. Mais on peut monter jusqu’à 6 pour aller encore plus loin. La gamme Renault Trucks va du 12 au 44 tonnes ».
Le modèle fabriqué en France et exposé a Moréac lors de l’inauguration de la station a déjà trouvé preneur : « Il rejoindra la flotte de l’entreprise Morbihan Chauffage Sanitaire. Nous avons aussi des dossiers en cours avec Eonnet. Nous avons déjà livré des exemplaires de ce camion en Frigorifique aux Transports Delanchy à Lorient, pour Veolia et Suez en benne à ordures ménagères, et chez Saint-Gobain. C’est avec un intérêt réel que des clients s’informent sur ce modèle, avec souvent des craintes concernant l’autonomie et la recharge. Mais nous proposons des solutions de bornes en partenariat avec JPR ».
Commercial pour le groupe Duclos, David Jubin présentait le Piaggio Porter : « Avec sa batterie 42 kWh, il offre une autonomie de 250 km. Ce modèle est le premier livré en France en électrique, pouvant intéresser les collectivités pour l’entretien communal. Il existe aussi en bicarburation essence/GPL. En fin d’année, nous recevrons notre premier poids lourd électrique Daf, fabriqué aux Pays-Bas à Eindhoven. La gamme s’étalera du porteur 12 tonnes jusqu’au tracteur routier 46 tonnes. Chaque pack — entre 2 et 5 – amène environ 100 km d’autonomie ».
En plus de la Seat Leon utilisée par GRDF, étaient exposés deux camions GNC, dont un Scania G420 déjà floqué aux couleurs de la filiale TEPS en annonçant : « Le groupe Eonnet s’engage pour la planète – Je roule au gaz naturel ». Pour nous en parler, David Quéro de Dian Scania : « Selon les métiers, nous fournissont des camions GNC/GNL avec un choix de 5 à 6 cabines et des puissances qui s’étalent de 280 à 460 ch. Aujourd’hui, le gaz représente 15 % de nos ventes pour le périmètre de notre concession ».
Il estime que « le retour en arrière concernant les ZFE est vraiment dommage, parce qu’elles allaient dans le bon sens. Poussés par le développement de ces dernières et par des donneurs d’ordre, des transporteurs se sont équipés de ces camions, s’ajoutant à une clientèle qui s’y était intéressée bien plus tôt et qui persévère. En plus de nos modèles fonctionnant au B100 ou au HVO, nous avons de la demande pour des modèles électriques Scania. Ce qui freine encore les concernant, ce sont les prix élevés et le manque de stations de recharge pour poids lourds ».
On trouvait un peu plus loin Kévin Gardize, directeur des ventes des véhicules industriels pour le groupe Martenat, avec un Iveco S-Way 2024 : « C’est notre dernier modèle, plus efficient pour davantage d’autonomie. Avec lui et 38 tonnes de charge, nous avons réussi à parcourir 1 064 km, contre environ 650 avec la génération d’avant. Ça s’explique par des réservoirs un peu plus grands pouvant contenir 194 kg de GNC, mais surtout une nouvelle chaîne cinématique. Fabriqué en France à Bourbon-Lancy, le moteur XC13 gagne en puissance – 500 contre 460 ch — et en couple – 2 200 2 200 versus 2 000 Nm ».
Concernant l’engouement des transporteurs pour cette énergie : « Ils y viennent en étant de plus en plus motivés par des donneurs d’ordre de la grande distribution, mais aussi par La Poste et Leroy Merlin. La réduction des émissions de CO₂ ne suffit pas, ces professionnels veulent des camions à énergie alternative qui soient aussi rentables. Le groupe Eonnet est un de nos clients de la première heure concernant les véhicules au gaz ».
Les experts flottes
Accompagnement de flottes
Lexus Business vous aide à passer à l'électrique
Gestion des recharges flottes
Chargemap Business vous aide à gérer les recharges de votre flotte à l'échelle
Installer des bornes de recharge
Devis Borne de Recharge vous accompagne pour l'installation de vos bornes de recharge

La newsletter de référence pour les professionnels
de la mobilité
Suivez les actus et essais sur les voitures électriques pour les entreprises
Tous les 15 jours, recevez l’essentiel des flottes, utilitaires électriques, réglementations et événements clés. Avec un édito exclusif pour décrypter les tendances.
S'inscrire gratuitement