AccueilArticlesPourquoi les constructeurs chinois misent sur l'Afrique avec leurs voitures électrifiées ?

Pourquoi les constructeurs chinois misent sur l'Afrique avec leurs voitures électrifiées ?

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Face à des vents contraires en Europe et aux États-Unis, notamment à cause des restrictions de plus en plus contraignantes à l’exportation, les constructeurs automobiles chinois misent sur l’Afrique. Ils font le pari de développer le segment de l’électrique avec une production locale pour mettre la main sur un marché qui compte plus d’un milliard d’habitants.

Confrontés à des droits de douane de plus en plus élevés en Occident, les géants chinois de l’automobile revoient leur stratégie d’expansion mondiale. BYD, Chery, SAIC, Geely et les autres doivent faire face à la taxe de 100 % sur les véhicules électriques chinois décidée par Washington ou encore celle instaurée par Bruxelles à l’automne 2024. L’Afrique, un continent ignoré par de nombreuses marques automobiles, devient une alternative crédible dans leur quête de développement.

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L’Afrique du Sud comme point d’entrée

Pour beaucoup d’entre eux, l’Afrique du Sud constitue une tête de pont logique. Le pays dispose d’un marché automobile structuré, d’une industrie existante et de politiques incitatives en faveur d’une production locale. Chery, BYD, ou encore Great Wall Motor y ont multiplié les lancements ces deux dernières années. Certaines marques, comme Omoda et Jaecoo, filiales de Chery, étudient même la faisabilité de mettre sur pied des usines d’assemblage ou des partenariats industriels pour contourner les droits de douane.

Malgré la taille du continent et ses perspectives de croissance, l’Afrique reste un marché difficile. Le revenu moyen par habitant y est bas et le réseau électrique est peu fiable. Les véhicules électriques à batterie ne représentent qu’une fraction infime des ventes actuelles sur le continent. En 2023, les ventes de véhicules dits « à énergie nouvelle » (électriques, hydrogène et hybrides rechargeables) en Afrique du Sud ne représentaient que 3 % du marché, soit environ 15 000 unités.

Une offre adaptée aux contraintes locales

Face à ces contraintes, les marques chinoises privilégient une stratégie progressive : pousser d’abord les hybrides et hybrides rechargeables, avant d’introduire les véhicules 100 % électriques. Pourquoi ce pragmatisme ? Tout simplement parce que l’Afrique ne dispose pas d’un réseau de recharge suffisamment fourni. Chery commercialise par exemple huit modèles hybrides en Afrique du Sud depuis quelques mois. De son côté, BYD a renforcé sa gamme avec plusieurs SUV hybrides rechargeables.

Les constructeurs chinois se distinguent aussi par leur capacité à proposer des modèles électrifiés à des prix inférieurs à ceux des marques historiques. Certains véhicules sont commercialisés sous la barre des 20 000 euros (environ 400 000 rands), ce qui permet de séduire une classe moyenne émergente et de grappiller des parts de marché. Pour ces nouveaux acteurs venus de l’Est, le prix reste l’argument principal face à des références sur le continent africain comme Toyota ou Volkswagen.

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La conquête des firmes chinoises ne se limite pas à l’Afrique du Sud. Les marques de l’empire du Milieu étendent désormais leur présence à l’ensemble du territoire africain. Omoda et Jaecoo possèdent déjà des concessions en Namibie, au Botswana et en Eswatini. Les deux filiales de Chery ambitionnent de s’implanter en Zambie et en Tanzanie. BYD prévoit de renforcer son réseau commercial en Afrique de l’Ouest et de l’Est, dans des pays encore peu motorisés mais considérés comme prometteurs.

Une opportunité de « saut technologique »

Bon, pour le moment ce n’est pas encore la ruée vers l’or, loin de là. Mais il faut se projeter. Si les volumes restent modestes, les constructeurs chinois voient le continent comme un marché d’avenir. Certains analystes estiment que l’Afrique subsaharienne pourrait atteindre entre 3 et 4 millions de ventes de voitures neuves par an d’ici la fin de la décennie, contre environ un million aujourd’hui. Une croissance qui dépendra de l’évolution des infrastructures et du soutien des gouvernements locaux.

Plus qu’un marché de substitution, l’Afrique est perçue par certains acteurs comme une occasion de « sauter une génération » technologique. En d’autres termes, l’idée serait d’ignorer l’étape thermique pour passer directement à l’électrique ou à l’hybride. Pour cela, les constructeurs misent sur des véhicules simples, robustes, abordables et adaptés aux réalités locales. Reste à voir ce que penseront les consommateurs locaux.

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