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Alors que la chasse aux kilos superflus et la réduction drastique des consommations de carburant devraient être la priorité absolue des constructeurs automobiles, ces derniers sont plus que jamais préoccupés par l’élargissement de leur gamme SUV. Comme si l’excès en tout et le marketing d’un autre âge était devenu au fil des ans le domaine d’excellence de l’industrie automobile. Pour combien de temps encore ?
En regardant la courbe des ventes de SUV et celles des berlines classiques, on en arrive presque à se demander si les constructeurs automobiles européens n’ont pas pour objectif de reproduire avec les SUV ce qu’ils ont réussi à imposer aux automobilistes avec les moteurs diesel entre les années 2000 et 2015 ?
En se cachant éternellement derrière le célèbre slogan « les constructeurs proposent, le client dispose », l’industrie automobile continue de nier l’urgence à réduire drastiquement l’impact environnemental de l’automobile.
Résultat : au lieu d’investir massivement dans les technologies bas carbone et mettre tout en œuvre pour faire évoluer leur business-model en faveur de l’hybride et de l’électrique, tous ou presque continuent à investir dans les technologies d’hier tout en repoussant le plus tard possible l’inévitable transformation à venir…
Interroger l’acheteur d’un SUV sur ses besoins réels en matière de mobilité revient le plus souvent à faire la démonstration qu’une voiture hybride ou électrique répondrait bien plus efficacement à couvrir ses besoins qu’un SUV.
Hélas, les concessions automobiles étant davantage préoccupées à vendre des services financiers à leurs clients plutôt qu’à les orienter vers des solutions de mobilité adaptées à leur besoin, proposer toujours plus de SUV en location longue durée est devenu le nouveau crédo de l’industrie automobile.
Peu importe que ce type de véhicule ne réponde en rien aux enjeux à venir, tant qu’il y aura des clients pour acheter, çela permet de continuer à faire des profits sans changer fondamentalement de business-model, fût-il à haute teneur en pétrole ajouté…
On ne le répétera jamais assez : à quelques rares exceptions près, le marché neuf d’aujourd’hui est le reflet du marché de l’occasion de demain. En devenant encore plus accessibles qu’ils ne le sont aujourd’hui, ces centaines de milliers de SUV 100% pétrole auront inévitablement les faveurs de ménages modestes qui auraient pourtant tout intérêt à se tourner en priorité vers des véhicules beaucoup plus économes à l’usage.
Malheureusement, tant par manque d’offre que d’audace, beaucoup préféreront se tourner vers un SUV d’occasion à petit prix plutôt que de prendre le temps de dénicher un rare modèle hybride ou électrique à même de répondre plus efficacement à leur besoin. Faute d’être immatriculés en nombre suffisant dès à présent, les VE sont donc condamnés à faire de la figuration pour quelques années encore sur le marché du VO, noyés sous une avalanche de SUV à pétrole aussi « has been » qu’un gros monospace diesel aujourd’hui.
Devant le caractère cocasse de la situation, une question se pose : A qui la faute ? Les constructeurs répondent invariablement : au consommateur. Pourtant, à chaque fois que l’on interroge un conducteur de voiture hybride ou électrique, il est bien rare que celui-ci s’imagine revenir à une motorisation classique.
En réalité, la responsabilité est d’abord à chercher du côté des constructeurs eux-mêmes et de leurs puissants services marketing. Incapables d’attirer l’attention des consommateurs en faveur de produits qui le méritent vraiment, tous continuent à vanter l’extrême polyvalence d’usage de leur SUV 100% pétrole à grand coup de publicités extra-terrestres.
Cet incroyable engouement en faveur des SUV interroge d’autant plus que les signes annonciateurs d’une nouvelle crise pétrolière à venir se multiplient.
Malgré les investissements records des multinationales de l’énergie dans l’exploration et la mise en production de nouveaux gisements de gaz et de pétrole, nombre d’experts s’accordent à dire que le déclin annoncé de l’industrie pétrolière pourrait débuter dès 2020. Un horizon à partir duquel, les millions SUV à pétrole en circulation constitueront un anachronisme à mettre une fois encore au crédit de l’industrie automobile.
Une réalité d’autant plus insupportable que les constructeurs ont parfaitement conscience des défis à venir et de l’urgente nécessité d’amorcer le virage de l’après-pétrole depuis quelques années déjà.
Hélas, ils semblent plus que jamais résignés à l’idée de réussir à rendre désirable des voitures ultra sobres. Pour combien de temps encore ?
Vive le futur sobre et intelligent !
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