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Vous les savez probablement, notre pays est actuellement en phase de réflexion sur la question énergétique. Tous les Français sont appelés à participer au débat national sur la transition énergétique.
L’objectif du Gouvernement est de présenter un projet de loi sur l’énergie à l’Automne. Les citoyens français ont été consultés dernièrement sur le sujet. La question de l’énergie est éminemment importante. Les orientations prises aujourd’hui auront un impact majeur sur le pouvoir d’achat des Français, l’environnement naturel du pays et de nombreux pays étrangers, le climat mondial et enfin sur l’économie nationale et régionale.
Après la seconde guerre mondiale, la solution française pour répondre aux besoins de production d’énergies et d’acheminement de ces énergies dans les campagnes, de manière homogène et efficace dans tout le pays, était de créer les entreprises nationales que vous connaissez.
Malgré les réformes passées, ces décisions prises en 1946 façonnent encore aujourd’hui un modèle énergétique franco-français si particulier, avec des avantages et parfois aussi des inconvénients.
Aujourd’hui, les enjeux ne sont plus ceux d’après-guerre. Et si le gouvernement souhaite réaliser des réformes ou créer de nouvelles lois sur l’énergie, il serait important de le faire avec une vision et une stratégie à très long terme, et avec dans le viseur les objectifs suivant : un progrès économique et écologique et donc un progrès social !
Un progrès économique en premier afin de disposer de suffisamment de latitude pour intégrer les enjeux environnementaux. La résultante des 2 engendre à mon sens automatiquement un progrès social.
Pour moi, cet objectif passe avant tout par une seule chose : l’approvisionnement et la distribution en énergies fiables, à un prix abordable, non préjudiciable au climat, sans dépendance et sans risque résiduel. Cet objectif d’autonomie passe bien entendu par toute une série d’objectifs secondaires.
L’un d’entre eux est évoqué sur le site internet mis en place par le gouvernement : « La transition énergétique est le passage d’une société fondée sur la consommation abondante d’énergies fossiles, à une société plus sobre et plus écologique » (à lire ici).
Autrement dit, le mode de consommation d’énergies actuelles comme le pétrole, le charbon, le gaz naturel et l’uranium, est confronté à la limite des ressources (qui sont importées de l’étranger) et à l’augmentation de leurs prix.
Concernant les énergies fossiles à combustion, elles impliquent directement la dégradation de l’environnement (exemple des marrées noires ou de l’exploitation des gaz de schiste) via les pollutions atmosphériques (entrainant des maladies, cancers, asthmes… et alimentant le déficit de la sécurité sociale) et les émissions de gaz à effet de serre (dérèglement climatique alimentant des migrations de population et des conflits géopolitiques). La France et les français, par le choix de leurs consommations, contribuent clairement à la dégradation de l’environnement, à la modification du climat et au déficit commercial du pays qui contribue grandement à la récession actuelle, car 90% de ces énergies consommées en France sont importées !
Pourtant, il existe une relation entre la transition énergétique et la stimulation de l’économie du territoire. En moyenne, dans un territoire de 250 000 habitants, les dépenses énergétiques annuelles pour le chauffage, l’ECS, l’électricité des ménages, du tertiaire et des PME s’élèvent à 250 millions d’euros. Ce flux financier se dirige vers les grands groupes industriels qu’on connait, mais aussi vers le Qatar, la Russie…
Imaginez les sommes concernées à l’échelle nationale ! Comment garder cet argent sur notre territoire ? En partant du principe que les investissements dans les énergies locales ne sont pas des dépenses additionnelles. Ce sont des investissements dans l’économie locale sur le long terme.
Il est difficile de tenir une comptabilité des flux d’un territoire, concernant l’eau, les déchets, les énergies, les rejets et émissions de CO2. La traçabilité des ressources locales ou importées n’est pas connue des services des collectivités locales. Nous ignorons ce qui circule, s’engage, s’échappe, se transforme à l’intérieur du territoire. Nous ignorons également de manière précise le besoin en énergies du territoire à l’échelle locale.
La connaissance de ce métabolisme est une étape indispensable pour dresser des objectifs et fixer les priorités d’un plan d’action de la transition énergétique. Par ailleurs, la compétence d’une autorité organisatrice de l’énergie l’échelle locale (communauté agglomérations ou communauté urbaine) est pertinente car les différents territoires ne sont pas homogènes entre eux. Le fait de connaitre, maîtriser et réduire les flux qui traversent le territoire et d’en changer la nature lorsque c’est nécessaire, permettrait de mieux en tirer partie pour doper l’économie locale. Une éventuelle nouvelle loi pour élaborer une planification énergétique territoriale locale devrait permettre à l’Etat, aux collectivités locales et aux entreprises d’énergie d’aller dans ce sens.
En Alsace, 40% du mix énergétique global répond au besoin en énergies de l’habitat et du tertiaire. 35% répond aux déplacements (voitures, bus, tram, train…). Sur l’habitat, des rénovations BBC (réduction des consommations par 4) avec des sources de chauffage locaux permettraient de développer la sobriété donc de réduire le besoin d’énergie du territoire, tout en consommant des énergies locales.
Par ailleurs, imaginez dans les familles alsaciennes qui possèdent 2 voitures que toutes les secondes voitures soient remplacées par une voiture électrique (il y a probablement aussi un facteur 4 entre les consommations d’une voiture diesel et d’un VE pour des trajets urbains). La voiture électrique pourrait probablement devenir la voiture principale du foyer en termes de Km parcourus et l’impact sur les importations d’hydrocarbures (et donc sur les exportations de capitaux) serait énorme, à condition que l’électricité consommées dans ces VE soit produite en Alsace, via la centrale nucléaire de Fessenheim et via les barrages hydroélectriques sur le Rhin.
Si la priorité du gouvernement était de garder l’argent des consommateurs d’énergies sur notre territoire, nous pourrions alors mieux protéger l’environnement et le climat et trouver les ressources nécessaires au développement de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, ainsi qu’ à la poursuite des recherches sur la fusion nucléaire, tout en limitant sur le long terme l’augmentation inexorable du prix des énergies fossiles qui pèse sur le pouvoir d’achat des citoyens.
N’hésitez pas à nous faire part de votre avis sur la question. Vous pouvez également participer personnellement à la réflexion en allant sur le site du gouvernement dès maintenant : www.transition-energetique.gouv.fr .
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