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Xiaomi met-il trop de pression sur ses salariés pour concurrencer Tesla et BYD ?

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Xiaomi n’a jamais caché ses ambitions. Le constructeur veut faire partie des entreprises qui comptent dans le domaine des voitures électriques. La firme chinoise a fort à faire pour tenter de s’imposer aux côtés de Tesla et BYD. Mais à quel prix ? Un employé est mort récemment. La pression est forte, et avec les nouvelles directives de Pékin, l’avenir est incertain.

Un drame révélateur d’une course effrénée ?

Au cours des dernières années, Xiaomi a opéré une transformation majeure. En plus des smartphones, des tablettes, des montres connectées et autres équipements technologiques, le géant chinois s’est lancé sur le marché de la voiture électrique. Le jeune constructeur automobile a fait une entrée fracassante avec déjà deux modèles qui cartonnent en Chine grâce à des prix attractifs et d’excellentes performances.

Tout récemment, un drame a révélé au grand jour les conditions de travail au sein du groupe. Le décès de Wang Peizhi, un employé de 34 ans, survenu fin août alimente le débat au sujet de la pression exercée sur les salariés pour rivaliser avec Tesla et BYD. L’employé aurait travaillé dans au moins 267 points de vente de la marque. Son rôle était de les réaménager afin d’y ajouter un espace dédié aux véhicules électriques.

Le 25 août 2025, trois jours après un premier malaise, il est décédé d’une crise cardiaque. Les autorités locales ont conclu que le décès n’était pas lié à son travail chez Xiaomi. Mais sa veuve est convaincue que son emploi du temps chargé a largement contribué à sa mort. Le média Bloomberg a enquêté pour comprendre si la « machine » Xiaomi avait réellement joué un rôle dans le décès de ce père de famille.

L’ambition automobile, source de tension interne

Derrière la success story de Xiaomi se cache une culture d’entreprise assez particulière. Plusieurs témoignages recueillis par nos confrères américains évoquent des journées de plus de onze heures et des semaines de six jours. Des employés affirment également qu’ils doivent justifier toute journée de travail inférieure à huit heures. Ce modèle rappelle la fameuse culture dite du « 996 », de 9h à 21h, six jours par semaine, qui a façonné la réussite, mais aussi les dérives, du secteur technologique chinois.

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Xiaomi s’est lancé en 2024 dans la production de véhicules électriques avec la berline SU7, une concurrente directe de la Tesla Model 3. Le constructeur a ensuite dévoilé le YU7, un SUV 100 % électrique pour se positionner en face du Tesla Model Y. Avec ses deux modèles au positionnement tarifaire agressif, la firme de Pékin ne s’est pas trompée. Les ventes sont au rendez-vous : plus de 40 000 véhicules ont été livrés en octobre, un troisième record consécutif et une progression de plus de 209 % en un an.

Le marché chinois est à un tournant

Ce drame survient alors que Pékin prépare une transformation majeure pour son marché automobile. Le gouvernement chinois a décidé de mettre fin aux généreuses subventions accordées aux véhicules électriques. Un choix stratégique qui vise à assainir un secteur devenu surdimensionné au fil des années, et à favoriser les acteurs les plus solides. Mais cela risque aussi d’accentuer la pression sur les constructeurs qui devront désormais prouver leur rentabilité sans soutien public.

Pour Xiaomi, cette nouvelle donne risque d’amplifier une tension déjà palpable en interne. L’entreprise doit à la fois maintenir ses performances commerciales et démontrer sa capacité à innover dans un environnement moins favorable. Le géant technologique pourrait en demander encore plus à ses équipes afin d’étendre sa présence sur l’ensemble du territoire et préparer un lancement à l’international. En effet, Xiaomi est attendu en Europe en 2027, pour le plus grand bonheur des électromobilistes.

Le cas Xiaomi interroge à propos de la soutenabilité d’un modèle économique fondé sur une course sans limite vers la croissance. La conquête technologique a ses champions, mais aussi ses victimes. Dans une Chine qui veut à tout prix rester en tête, le coût humain du progrès pourrait devenir un nouveau sujet tabou. Cette situation rappelle celle de BYD au moment de la construction d’une usine au Brésil. Le géant de Shenzhen avait été accusé de faire travailler ses employés dans des conditions proches de l’esclavage.

En installant ses potentielles infrastructures (usines et points de vente) sur le Vieux continent, Xiaomi devra aussi composer avec des réglementations différentes. Plus strictes. En Europe, et notamment en France, la transparence sociale et la responsabilité de l’employeur sont des critères particulièrement scrutés. Si le constructeur veut s’imposer comme un acteur crédible face à Tesla ou BYD, il devra prouver que sa quête de vitesse et de performance ne se fait pas au détriment de l’humain.

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