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France 5 a diffusé hier un reportage sur la voiture électrique. Un reportage à charge comme le laissait présager son titre : « La voiture électrique, pas si écolo ! ». Voici quelques commentaires sur ce film de Martin Mischi.
On a beau être favorable au véhicule électrique, on ne peut nier qu’il y a encore quelques points à améliorer, voire quelques difficultés : autonomie trop faible pour certains trajets, manque d’infrastructures de recharge ou difficultés à s’y recharger, concessionnaires parfois pas très bien informés, etc. Tout ça, on vous en parle sur Automobile Propre.
Le reportage diffusé sur France 5 vient toutefois semer le doute dans l’esprit des consommateurs : la voiture électrique ne serait pas propre.
Je pourrais passer quelques heures à expliquer point par point ce qui mériterait d’être précisé sur cette « enquête ». Je ne dis pas que tout est faux ou injustifié, simplement que l’explication n’est pas complète. Pour faire court, voici quelques éléments pour contrebalancer ce qui est dit dans ce reportage.
Nous avons ainsi eu droit à la traditionnelle « escroquerie journalistique » (Turbo et France 2 nous l’ont déjà faite) qui consiste à sortir la voiture électrique de son contexte d’utilisation : notre journaliste, Martin Mischi, essaie de faire un trajet de 200 km en voiture électrique, sur autoroute, d’une traite, sans préparation.
Il présente ces 200 km comme étant « une distance que peut parcourir une voiture électrique ». C’est faux. Toute personne qui achète ce type de voiture sait (ou est informé par le concessionnaire) que l’autonomie normalisée (NEDC) n’est en phase avec l’autonomie réelle. Nissan explique d’ailleurs très bien ce point sur son site, une explication fondamentale pour ne pas décevoir les clients.
Mais visiblement Martin Mischi n’a pas bien enquêté sur la question de l’autonomie… ou il a omis avoir connaissance de cette information pour rajouter un peu de « sensationnel » dans son reportage.
Sur l’accueil en concession, sur la borne de recharge à Auchan, on est d’accord, ça dysfonctionne. Par contre cette borne n’était à priori en service que depuis peu de temps, peut-être le temps de roder le système. Rappelons que nous sommes au début de l’installation des bornes de recharge. Est-ce qu’au début de l’automobile à pétrole il y avait des bornes partout ?
Autre passage mémorable, celui de Bluecub et des Autolib. On y retrouve Stéphane Lhomme, créateur de l’Observatoire du nucléaire et farouche opposant à la voiture électrique, en train de débrancher des voitures électriques du service d’autopartage. Au delà de l’aspect condamnable de ce geste, l’accent est mis sur la consommation des voitures Bolloré. Leurs batteries spécifiques consomment de l’électricité même quand elles ne sont pas utilisées, pour se maintenir à température.
Si ce mode de fonctionnement n’est pas souhaitable pour la voiture d’une seule personne, immobilisée 95% du temps, cela est bien moins gênant quand cette voiture est utilisée par des dizaines de personnes dans la journée. La démarche d’autopartage permet de favoriser la mutualisation d’une automobile entre plusieurs personnes, n’est-ce pas là du « bon sens écologique » ? Ce point n’est toutefois pas relevé…
Autre question, pourquoi ne pas avoir expliqué que cette consommation d’électricité par la voiture sans être utilisée est spécifique à la Bluecar et ne concerne pas les autres voitures électriques ? Voilà qui aurait certainement nuancé les propos tenus…
Revenons sur le sujet du reportage, l’aspect écologique du véhicule. Il y aurait beaucoup à dire. Deux points sont abordés : la production d’électricité et la production des véhicules, leurs batteries notamment.
La production d’électricité est abordée sous l’angle du nucléaire et des centrales à charbon. Mais pourquoi ne pas avoir mentionné qu’il est possible de charger sa voitures avec des énergies renouvelables (ce que je fais personnellement) ? Pourquoi ne pas expliquer que les capacités de stockage des voitures électriques permettent justement d’exploiter au mieux l’utilisation des énergies renouvelables ?
Sur la production de la voiture, on parle notamment de l’exploitation du lithium utilisé pour la fabrication des batteries. Si l’impact environnemental est compréhensible, pourquoi ne pas le mettre en perspective la faible proportion du lithium extrait pour les véhicules électriques par rapport à celui utilisé pour les smartphones par exemple ? L’extraction du lithium n’est-elle pas un moindre mal par rapport aux ravages de l’exploration pétrolière et de ses catastrophes écologiques ? Pourquoi ne pas avoir au moins soulevé la question ?
Ce reportage aurait pu être intéressant, mais encore une fois on envoie ici un mauvais message : la voiture électrique c’est galère et en plus ça n’est pas propre. Que retiendra le grand public ? Que la voiture électrique n’a aucun intérêt.
Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder les articles qu’à généré ce reportage dans la presse en ligne (articles écrits avant que le reportage soit diffusé) :
Sans dicter aux journalistes ce qu’ils doivent dire ou non, je trouve dommage de ringardiser sans arrêt la voiture électrique en cherchant le buzz et sans essayer de comprendre la démarche qui se trouve derrière. La critique est facile, mais quelles sont les alternatives proposées ?
On le rappelle, la voiture électrique n’est pas adaptée à tous les usages mais elle constitue – à mon sens – une alternative plus propre aux véhicules thermiques, d’autant plus si elle est utilisée avec une production d’électricité d’origine renouvelable.
N’était-ce pas un message plus constructif et plus proche de la réalité à faire passer ?
Plus d’infos : Revoir le reportage sur le site de France 5
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