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Le gouvernement français a réuni les acteurs de la filière automobile pour échanger sur l’avenir et s’accorder sur une position claire vis-à-vis de Bruxelles. Finalement, il semble que la France soit prête à des flexibilités. En parallèle, l’Allemagne insiste pour faire perdurer le thermique après 2035.
Au-delà de l’unité affichée, la réunion organisée à Bercy ce 2 décembre visait à clarifier la position française sur l’échéance de 2035. En réalité, elle a surtout révélé les zones grises qui persistent. En rassemblant constructeurs, équipementiers et représentants de la filière, le gouvernement a voulu montrer qu’il avance avec ses industriels, dans un moment charnière pour la transition électrique. L’objectif officiel était de défendre une position cohérente à Bruxelles, alors que la révision du règlement européen sur les émissions de CO2 doit être présentée le 10 décembre. Officieusement, Paris tente surtout d’éviter une fracture entre ses engagements climatiques et la réalité du tissu industriel.
Dans le communiqué de presse publié par le ministère de Transition Écologique, on comprend que la France insiste sur une « préférence européenne » intégrée directement dans la future réglementation. L’idée serait de favoriser les véhicules produits sur le continent en leur accordant certains avantages dans le calcul des émissions. Cela pourrait passer par des critères qui valorisent les composants stratégiques fabriqués en Europe (batteries, moteurs électriques, électronique, logiciels, etc.) dans le but d’éviter un décrochage industriel au profit de l’Asie, et en particulier de la Chine.
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Le patron de Mercedes s’oppose à la fin des voitures thermiques en 2035Cette position s’appuie sur un diagnostic partagé par la filière : un marché électrique en croissance, mais encore trop dépendant des incitations publiques et exposé à une concurrence redoutable. Les industriels soulignent que les investissements consentis pour développer une filière européenne des batteries ou moderniser les chaînes d’assemblage sont considérables. Ils alertent également sur la pression exercée par les Chinois, capables d’afficher parfois plus de 30 % d’écart sur les prix.
D’où la volonté française de maintenir, voire renforcer, des dispositifs tels que les droits de douane ou les bonus écologiques ciblés. Dans cette optique, Paris ouvre aussi la porte à une forme de flexibilité sur l’objectif de 2035. La fin du thermique ne semble plus être une priorité absolue.
Bien que le cap d’une mobilité sans émissions reste officiellement non négociable, le gouvernement reconnaît qu’une approche « tout électrique » pourrait fragiliser certains segments ou accélérer des pertes d’emplois dans les territoires industriels. Les ministres parlent désormais de « neutralité technologique conditionnelle », ce qui laisse entendre que des aménagements sont possibles si ceux-ci favorisent la production européenne.
Face à cela, l’Allemagne affiche une ligne beaucoup plus permissive. Berlin veut maintenir la vente des voitures thermiques « hautement efficaces » après 2035. La coalition au pouvoir défend l’idée que les carburants de synthèse, les hybrides ou certaines technologies de combustion à faible émission peuvent jouer un rôle dans la transition. Selon le Handelsblatt, le gouvernement allemand a arrêté une position commune, que le chancelier Friedrich Merz doit transmettre par écrit à la Commission européenne. Pour Berlin, restreindre l’avenir automobile au tout-électrique serait inapproprié.
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Contrairement aux marques européennes, Kia défend l’objectif de 2035 pour mettre fin au thermiqueL’approche allemande s’explique par la structure même de son industrie automobile. Berlin doit composer avec un secteur où les marques historiques, dont la plupart fabriquent encore des blocs thermiques, pèsent encore lourd dans l’emploi. Plusieurs Länder, dont la Bavière et le Bade-Wurtemberg, ont officiellement appelé le gouvernement fédéral à « garantir l’avenir du moteur à combustion » et à éviter une rupture trop brutale avec un savoir-faire national stratégique. L’Allemagne veut préserver ses champions nationaux.
La Commission européenne devait théoriquement publier une proposition révisée du règlement le 10 décembre. Mais plusieurs sources évoquent déjà un report. Les divergences entre constructeurs et États membres compliquent l’équation pour Bruxelles. À dix ans de l’échéance, l’objectif de mettre fin au thermique semble plus que jamais incertain.
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