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Face au risque d'incendie des voitures électriques sur les bateaux, la France livre ses recommandations

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Des faits divers relatant des incendies de voitures à bord des navires ont beaucoup fait parler ces dernières années. Mais quels sont vraiment les risques représentés par les modèles électriques en mer ? Un document publié il y a quelques jours à l’initiative du ministère de la Transition écologique formule enfin des recommandations concrètes pour les transporteurs. On fait le point.

Cela ne vous aura pas échappé : les ventes de voitures électriques ont explosé au cours des dix dernières années. Elles sont passées de 100 000 à 6 750 000 unités par an. Avec une telle évolution, et des modèles qui viennent du monde entier, le transport maritime est incontournable. Mais il se trouve que plusieurs incendies spectaculaires ont semé le doute dans l’opinion publique.

Des risques bien identifiés

La présence de véhicules équipés de batteries lithium-ion, connues pour leur potentiel de combustion incontrôlable en cas de défaillance, nourrit des inquiétudes bien réelles. En mer, un départ de feu est bien plus compliqué à maîtriser que sur la terre ferme. Le navire devient un théâtre à haut risque, où chaque minute compte pour éviter une catastrophe. Face à ces préoccupations, le ministère de la Transition écologique a publié des recommandations pour le transport de véhicules électriques.

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Un document inédit, élaboré par la Direction générale des affaires maritimes (DGAMPA) et avec le concours du bataillon des marins-pompiers de Marseille et d’Armateurs de France. Ce rapport apporte enfin un cadre technique à une problématique avérée. Le document ministériel dresse une série de recommandations concrètes pour les transporteurs, les capitaines, les assureurs et les gestionnaires portuaires. Objectif : limiter le risque d’incendie lié au transport de voitures électriques en mer.

Recommandations techniques

Les auteurs du rapport ne minimisent pas les dangers. Selon eux, « un incendie de batterie lithium-ion peut naître d’une défaillance interne, sans signe avant-coureur ». L’incident génère une chaleur intense et produit des gaz toxiques susceptibles d’endommager les équipements électroniques du navire et de mettre en péril la sécurité de l’équipage. Une fois déclenché, le feu peut rapidement se propager à d’autres véhicules, surtout sur des ponts voitures « densément chargés, mal isolés ou insuffisamment ventilés ».

Et contrairement à un feu classique, celui d’une batterie de voiture électrique ne s’éteint pas toujours (même jamais) avec de l’eau ou des extincteurs standards. Le document recommande donc une série d’aménagements précis. Il préconise que les véhicules soient clairement identifiés à l’embarquement en tant qu’électriques ou hybrides. Que des zones de stockage spécifiques soient prévues à bord. Et que les systèmes de détection de température ou de gaz soient adaptés à ce type de cargaison.

Les équipages doivent également bénéficier d’une formation dédiée, afin « d’agir rapidement en cas de surchauffe ». Le rapport suggère aussi que les plans d’évacuation et les consignes de sécurité soient mis à jour pour intégrer ces nouveaux risques. Notamment sur les ferries mixtes qui transportent à la fois des véhicules et des passagers.

Les ports et les assureurs appelés à s’adapter

Ce renforcement des procédures ne concerne pas uniquement les compagnies maritimes. Les ports doivent eux aussi revoir leur copie, en s’assurant que les navires qui embarquent des voitures électriques respectent ces recommandations. À Marseille, l’un des principaux hubs méditerranéens, des contrôles sont déjà en place et ont conduit à des refus d’embarquement en cas de non-conformité. De leur côté, les assureurs maritimes commencent à revoir leurs critères de souscription.

La présence d’un grand nombre de véhicules électriques à bord d’un navire pourrait désormais alourdir la prime, voire remettre en cause la validité de certaines couvertures si les procédures ne sont pas strictement respectées.

Cette nouvelle donne logistique n’est pas sans conséquence pour les armateurs. L’organisation à bord doit être repensée, avec des espaces clairement délimités et potentiellement moins de véhicules par traversée. Cela risque d’engendrer des coûts d’adaptation, tant en matière d’infrastructure que de formation des équipages. Certains acteurs du fret redoutent une baisse de rentabilité, voire un frein au transport maritime de véhicules électriques, notamment sur les lignes transatlantiques ou vers les DOM-TOM.

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Un virage logistique majeur ?

Malgré l’apport précieux de ce rapport, le flou juridique persiste à l’échelle internationale. Si la France s’empare du sujet, l’Organisation maritime internationale (OMI) n’a pas encore statué sur des règles harmonisées concernant le transport de véhicules à batteries. Cela crée un déséquilibre entre les pavillons, certains navires opérant sous des législations plus souples. Le ministère français de la Transition écologique appelle donc à une action coordonnée au niveau européen, voire mondial.

Ce document marque une avancée importante car il met fin à un certain flou opérationnel et fixe une ligne claire pour les professionnels. Pour autant, les défis restent nombreux. L’électrification du parc automobile ne fait que commencer, avec des batteries plus puissantes, des chimies nouvelles et des volumes croissants à embarquer. Sans un cadre international digne de ce nom et sans innovation dans les systèmes de détection, le transport maritime restera exposé à un risque difficilement maîtrisable.

Maintenant, reste à faire appliquer ces recommandations. Comme leur nom l’indique, il n’y a aucun caractère obligatoire pour les transporteurs. Il ne s’agit que de préconisations. Pour gagner en sécurité et accompagner la transition écologique dans son développement, un cadre comme réglementaire comme celui-ci semble nécessaire.

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