Essai Leapmotor C10 REEV : le SUV électrique avec un prolongateur d’autonomie qui change tout ?

Leapmotor complète sa gamme avec une nouvelle version de son C10 ! La promesse ? Une autonomie maximisée sans s’inquiéter de la recharge. Mais le SUV à prolongateur d’autonomie réunit-il vraiment « le meilleur des deux mondes » ? Notre essai complet du Leapmotor C10 REEV.

Fraîchement commercialisée en France par Stellantis, Leapmotor arrive avec son C10 REEV. La marque chinoise peut ainsi profiter du réseau et de la puissance du groupe français, pour déployer son nouveau SUV. Seulement voilà, entre la théorie et la pratique, il y a un monde. En particulier quand il s’agit de technologies plus communes et populaires en Chine que par chez nous. Alors, que vaut réellement le Leapmotor C10 REEV ? Est-il aussi efficace qu’il veut être séduisant, et ses performances sont-elles à la hauteur de sa présentation ? Direction l’Espagne pour tester le SUV électrique à prolongateur d’autonomie en conditions réelles.

Le Leapmotor C10 côté look : un SUV soigné

Et familier ! Pour ceux qui le connaissent déjà, le Leapmotor C10 REEV (pour Range Extender Electric Vehicle, prononcer « rêve » d’après Stellantis) est calqué sur son aîné C10. Il s’agit, en effet, d’une copie conforme, trait pour trait. On retrouve ainsi une silhouette de SUV tout à fait moderne, avec un format classique de vrai SUV. Oui, votre serviteur n’est pas très « SUV coupé ». La face avant ne prend pas de risques, avec des projecteurs LED reliés par un bandeau. Placé assez bas, l’éclairage nous évoque une Smart #1 un peu triste… Ou une Fiat Tipo. Quelques centimètres plus haut et le look gagnait en dynamisme. Le profil ne fait pas de vagues : surfaces vitrées importantes, ceinture de caisse raisonnable, poignées affleurantes, ça fonctionne. Notre vue favorite, c’est cette partie arrière épurée et très réussie aux airs de Porsche Cayenne.

Sans transpirer l’originalité, le SUV se veut simple et consensuel. Comme pour son jumeau 100% électrique, le Leapmotor C10 REEV bénéficie d’une construction, d’assemblages, et de finitions soignées. Notre modèle du jour dans sa finition haute Design accueille quelques spécificités extérieures : l’éclairage traversant et animé à l’arrière, les vitres arrière teintées, et les balles jantes de 20 pouces. Tout ceci dans un format familial en phase avec le segment. Ses dimensions : 4,74 m de long, pour 1,90 m de large, et 1,68 m de haut. L’empattement s’établit à 2,82 m, gage d’une belle habitabilité au second rang. Cependant, et sans surprise, la capacité d’emport en fait les frais, comme nous le verrons un peu plus tard. Le SUV à prolongateur d’autonomie est en tout cas plutôt soigné sur le plan esthétique, et n’a pas à rougir face à la concurrence.

À bord : ambiance Tesla et confort premium

Ou comment résumer l’expérience à bord du Leapmotor C10 REEV en deux points. On comprend, en effet, l’inspiration dès que l’on s’installe derrière le volant. Habitacle très épuré, planche de bord rectiligne et dépouillée, molettes directionnelles sur le volant… Sans oublier le grand écran central tactile de 14,6 pouces. La seule grosse différence avec le Tesla Model Y, c’est ce combiné d’instrumentation de 10,25 pouces. Du reste, le SUV chinois n’est pas des plus chaleureux, mais a le mérite de faire simple.

À lire aussiEssai – Leapmotor T03 : les temps de recharge et de voyage de notre Supertest

L’intérieur profite d’une bonne qualité de finition, et propose une console centrale fonctionnelle. L’accès à bord se fait en passant la carte sur la zone NFC du rétroviseur conducteur, puis on place cette même carte sur la zone à induction de la console. Sans surprise, qui dit 100% écran, dit 100% tactile. L’intégralité des commandes et réglages est confiée à l’écran central.

Les plus « geeks » aimeront, les amateurs de commandes directes (dont je fais partie) un peu moins. C’est surtout en matière d’accueil et d’habitabilité que l’on apprécie l’intérieur de ce Leapmotor C10 REEV. Le SUV est des plus généreux, tant à l’avant qu’à l’arrière. Conducteur et passager profitent d’une assise moelleuse et d’un maintien latéral plus que correct. Mais les mieux lotis restent les occupants arrière. Espace aux jambes : royal. Garde au toit : excellente grâce au toit panoramique. Seul le passager du milieu devra faire une croix sur l’assise étendue de ses voisins. Pour voyager en famille, c’est parfait. Forcément, cela se paye côté coffre, avec seulement 400 l (contre 435 l pour le C10 tout électrique, ce qui reste faible sur le segment). Et puisque le capot renferme un moteur thermique, pas de frunk non plus sur ce C10 REEV ! En capacité d’emport, le SUV reste donc relativement limité.

Conduite et performances : des qualités dynamiques mais…

Commençons par ce qui va bien. Le Leapmotor C10 REEV est animé par un moteur électrique de 215 ch et 320 Nm. Placé sur le train arrière, il est seul responsable de la propulsion du SUV. Le thermique 4-cylindres 1.5 de 95 ch, sous la capot, a pour unique fonction de recharger la batterie électrique. Concrètement, et on insiste là-dessus : ce prolongateur essence n’entraîne jamais les roues. Il ne s’agit donc pas d’un PHEV. Le SUV se déplace donc toujours en 100% électrique, et il le fait plutôt bien. Accélérations linéaires en douceur, suffisamment de vivacité, mais aussi un comportement dynamique étonnamment bon. Le C10 REEV s’engage volontiers sur les roues en lacets et autres virages plus amusants. Il faut bien l’avouer, côté châssis : ça se tient ! Le client européen privilégiant stabilité et réactivité, Leapmotor a affiné le réglage des suspensions (coussins arrière plus filtrants, ajustage des ressorts arrière).

En matière de tenue de route, c’est une réussite. C’est malheureusement sur tout le reste que le Leapmotor C10 REEV est plus que perfectible. Premièrement, la puissance : les 218 ch sont confortables quand ils sont là. C’est-à-dire tant qu’il y a plus de 10% de batterie. Car, à mesure que la batterie se vide, les performances diminuent… à en devenir frustrantes, voire dangereuses. Pied dedans, le bloc essence gronde (saluons toutefois son insonorisation particulièrement efficace le reste du temps !) pour fournir jusqu’à 50 kW de puissance (68 ch) en soutien au moteur électrique. Mais rien ne se passe. Le SUV perd de la vitesse, peine dans les montées, une catastrophe. S’ajoutent à cela des ADAS complètement à la ramasse (désolé). Distances énormes en régulateur actif, verrouillage du SUV vers la ligne centrale en maintien dans la voie, des bips de partout… Et un parcours du combattant pour les désactiver.

Consommation et autonomie : jusqu’à 974 km ?

Pire, les modes de conduite EV+, EV, Fuel, et Power sont un casse-tête. Concrètement, ils influent sur la mise en route du prolongateur essence selon le niveau de charge de la batterie. EV+ permet de descendre à 9% de batterie, et EV à 25% avant de lancer le thermique. Le mode Fuel permet de définir un état de charge sous lequel ne pas descendre, entre 30 et 80%. PAS une valeur cible à atteindre. Exemple : on définit la valeur à 40% de charge. Si nous sommes au-dessus, le Leapmotor C10 REEV lancera le prolongateur quand on tombera à 40%, pour ne pas descendre en dessous. Et si nous sommes déjà en dessous, le mode Fuel est inutile, car le moteur thermique ne RECHARGE pas la batterie pour atteindre les 40% définis. Enfin, le mode Power est là pour combiner toute l’énergie (moteur thermique en soutien à l’électrique) et délivrer des performances maximales.

À 100%, la batterie de 28,4 kWh (bruts) autorise 145 km à elle seule. Promesse tenue après 130 km en roulage mixte. Batterie vide, le thermique consomme autour de 6,8 l/100 km pour prolonger l’autonomie. En puisant dans le réservoir de 50 l, cela représente plus de 730 km d’autonomie. Ajoutez-y les km sur la batterie uniquement, et le Leapmotor C10 approche aisément les 900 km réels. C’est là la grande force de ce SUV : si le fonctionnement et l’intérêt de 4 modes distincts sont complètement flous, il n’y a qu’une chose à retenir : il parcourt plus de 900 km, exclusivement entraîné par un moteur électrique, et sans l’inquiétude de la recharge. D’ailleurs, puisqu’on ne peut compter sur le prolongateur essence pour récupérer des watts, il faut se brancher. La charge rapide à 65 kW DC demande 30 minutes pour la 10 à 80%, sinon ce sera 6,6 kW AC.

Leapmotor C10 REEV : 37 400€ mais…

Vous l’aurez compris, on n’a pas tout compris. Du moins, on a failli pas tout comprendre, avec ces histoires de modes de conduite et de seuils de charge. Heureusement, le Leapmotor C10 REEV a pour lui quelques atouts intéressants. Son confort routier, sa conception aux ambitions premium malgré le minimalisme à la Tesla à bord, et son autonomie conséquente. Reste que le SUV chinois manque encore de maturité (ADAS, baisse de performances). Ajoutez-y un coffre timide, et on a là un parfait SUV pour rouler en électrique au quotidien, mais moins pratique et serein sur la route des vacances. Heureusement pour la partie logicielle, des mises à jour OTA amélioreront nettement les aides à la conduite.

À lire aussiLeapmotor C10 : le SUV électrique au prix agressif gagne en puissance et en autonomie

Mais le C10 REEV souffre également d’une double peine, matérialisée par une double taxation. D’un côté, il est vu comme un électrique importé de Chine, et est surtaxé de 21%. De l’autre, en France, il est considéré comme… un PHEV ! Le malus au poids de 2 390€ pour 1 950 kg est donc de rigueur. Heureusement, il est vendu au même prix que son jumeau « juste » électrique C10 : 37 400€. Compter 38 900€ pour notre finition haute Design (hayon électrique, éclairage d’ambiance, jantes 20 pouces, sièges/volant ventilés et chauffants). En face, en hybride rechargeable et toujours chez Stellantis, il y a, par exemple, l’Opel Grandland PHEV à 41 990€. Et là, l’expérience est beaucoup plus claire et lisible que celle d’un prolongateur d’autonomie selon nous. Et vous, qu’en pensez-vous ?