AccueilEssaisEssai : Bentley Continental GT Speed, la Bentley la plus puissante peut-elle être écolo ?

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Depuis sa présentation en 2002, la Continental GT incarne à la perfection le virage opéré par la vénérable marque britannique suite à la prise de contrôle de Volkswagen. Depuis quelques mois, la quatrième génération de ce luxueux coupé est disponible, pour ceux qui ont déjà tout. Mais si cette nouvelle évolution conserve les lignes et le concept de ses aînées, elle troque son fabuleux moteur W12 contre un V8… hybride rechargeable. Shocking !

Soyons clairs d’emblée. La question n’est pas de savoir si cette Bentley Continental GT Speed First Edition a un meilleur rapport prestations/prix qu’une Dacia Spring ou si on peut y installer facilement un siège bébé et une poussette. Au moment de presser le précieux bouton Start situé au centre de la console centrale, ces basses questions matérielles et logistiques s’envolent. Aucun marmot ne posera un pied dans cette voiture, la Bentley s’apprécie à deux maximum, en silence.

Le monde du silence

C’est justement cette absence de bruit qui nous intéresse aujourd’hui. Après s’être délicatement installé dans les merveilleux fauteuils en cuir anglais, réglé au millimètre le siège conducteur et sélectionné le mode massage pour Madame, il est temps de prendre l’ascenseur social. Le contact est mis, l’indicateur “Ready” s’affiche sur le tableau de bord, la Bentley s’élance sur les pavés des Champs-Élysées avec autant de douceur qu’un chat sur la moquette du salon. Et pour cause, en mode Confort, la Bentley démarre en électrique, et pourra rejoindre l’aéroport du Bourget ou Neuilly-sur-Seine sans consommer une goutte d’essence. Ça devait arriver un jour, Bentley a mis à la retraite le mythique W12 et l’a remplacé par une motorisation hybride rechargeable, mais pas n’importe laquelle. Un bloc V8 de 600 ch et 800 Nm de couple, associé à un moteur électrique de 190 ch et 450 Nm. En puissance cumulée, notre carrosse développe 782 ch et 1 000 Nm de couple. Les grincheux rappelleront que ce véhicule pèse son poids. Mais, avec 2 459 kg, cette Bentley s’en sort presque bien au vu de son gabarit et de son rang.

Digne de son rang

Le raffinement de l’habitacle aussi se montre digne du prestigieux blason. L’ambiance est toujours aussi unique, incomparable à n’importe quelle Mercedes, BMW, Audi ou même Aston-Martin. Une fois installé dans les sièges “Comfort spécifications” de série, on découvre un intérieur biton “Hotspur” et “Beluga” spécifique à cette version Speed. Comme toujours chez Bentley, les peaux viennent de troupeaux broutant à haute altitude en Europe du Nord, afin d’éviter toute piqûre d’insectes qui pourraient tacher le cuir. Conduire une Bentley, c’est sentir l’odeur de ce cuir, complètement disparue de l’industrie automobile aujourd’hui. Pour le reste, expliquer la différence entre une Bentley et une autre marque, c’est comme expliquer la différence entre une Breitling et une Apple Watch. Les deux donnent l’heure, mais l’élégance ira plutôt du côté de ces finitions authentiques, imprégnées d’histoire, de cette montre analogique sur la planche de bord ou encore dans la manipulation de ces tirettes chromées commandant le flux d’air des aérateurs.

Notre modèle Speed est doté d’un intérieur en aluminium teinté du plus bel effet. Pour les allergiques à toute forme de modernité, cette Continental reprend évidemment l’indispensable panneau central à trois faces. Au démarrage, le panneau bascule sur la face “digitale” dévoilant une dalle tactile de 12,3 pouces. Mais vous pouvez également opter pour une face en aluminium dotée d’un chronomètre, d’un thermomètre et d’une boussole. Vous avez le droit de trouver ça too much, mais ne vous y trompez pas, les commandes de cette Bentley sont infiniment plus pertinentes et logiques que sur n’importe quelle voiture “high-tech” avec la climatisation, la ventilation, les modes de conduite, le système multimédia ou encore les assistances à la conduite accessibles d’une simple pression sur un bouton physique. Il suffisait d’y penser. On en vient même presque à regretter que Bentley n’ait pas poussé le bouchon encore plus loin en conservant une instrumentation avec de vrais compteurs. Mais la dalle numérique est certainement devenue indispensable sur une voiture de ce prix en 2025.

Le luxe en mode électrique

Restons donc en mode Confort pour profiter de la fée électrique. Un mode zéro émission accessible jusqu’à 140 km/h à condition de ne pas accélérer en forçant la pédale à plus de 75%. Dans ces conditions, le constructeur promet 81 km d’autonomie en mode 100% électrique. Dans la vraie vie, cela se traduit par la possibilité de faire au moins 70 km en conduite normale, sans effort particulier grâce à une batterie de 25,9 kWh de capacité brute. Ce mode tout électrique fait vraiment illusion en ville avec les 190 ch de la partie électrique et surtout les 450 Nm de couple instantané. Côté recharge, la Bentley Continental GT Speed embarque un chargeur de 11 kW. Ce qui se traduit par un temps de recharge de 2 h 45. Avec les limites que cela implique, rouler en mode électrique sied parfaitement à l’esprit voluptueux de notre Bentley. Mais cette anglaise est bipolaire.

Docteur Jekyll et Mister Hyde

Une fois sorti de Paris, il devient impossible de résister à l’envie de réveiller le V8, ce vieil ami déjà vu sur les Porsche Panamera, Lamborghini Urus et autres Audi RS6. Détail qui a son importance, Bentley a augmenté la pression d’injection, la faisant passer de 200 à 350 bars et s’est débarrassé de la désactivation partielle des cylindres. Une pression sur le mode Sport va transformer cette paisible électrique douce comme un petit chaton en lion prêt à rugir. La bande son change instantanément et fera dresser les poils au plus blasé des journalistes auto. Non seulement la poussée est plus franche qu’un commentaire de votre belle-mère sur l’éducation de vos enfants, mais dans ce cas aussi, celle-ci semble ne jamais vouloir s’arrêter. Pour les esprits chagrins qui regrettent le W12, sachez qu’on passe de 659 à 782 ch, de 900 à 1000 Nm et de 3,5 s à 3,2 s pour expédier le 0 à 100 km/h. La vitesse de pointe annoncée à 335 km/h devrait finir de convaincre les réfractaires à l’hybridation.

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Comme toujours chez Bentley, ce qui surprend le plus finalement, ce n’est pas tant la performance, ahurissante et brute, mais la manière si subtile dont elle est obtenue. Le son est rauque mais jamais vulgaire, la poussée parvient à se montrer à la fois violente et confortable, vos sens étant à la fois bercés par ce si chic cocon enveloppant et les lois de la physique, implacables et définitives. Par moment, cette Continental GT fait penser à une jeune femme de bonne famille en col Claudine, jupe plissée sous les genoux et petits souliers brillants, qui pour une raison inconnue se mettrait soudainement à vous tirer la langue majeur levé.

Surprenante d’efficacité

Ne perdez pas de vue que l’humeur de cette Bentley est inversement proportionnelle à vos chances de conserver votre permis de conduire. Sur autoroute, après avoir fumé quelques vulgaires haut de gamme allemands au premier péage, bien calé sur la voie de gauche, on se retrouve rapidement en position de faire la une du journal de 20h. L’occasion rêvée de sortir de l’autoroute et d’emprunter le réseau secondaire. C’est finalement ici que notre Continental GT Speed se montre la plus surprenante. Répartition des masses idéale avec 51% sur l’avant, suspension pneumatique, transmission intégrale à différentiel central piloté, vectorisation du couple, barres antiroulis actives, rien n’a été laissé au hasard. Cette Bentley bénéficie en plus de roues arrière directrices, bien utiles pour “enrouler” en virage serré. Le comportement routier se montre bluffant, quelles que soient les conditions. Le train avant se montre très efficace et directif, le train arrière est imperturbable, alors que la direction se montre d’une précision chirurgicale en rythme soutenu. Malgré un couple d’avion de chasse, la motricité n’est pas mise à mal, en tout cas dans les conditions sèches de notre essai. Le freinage se montre à la hauteur avec de gigantesques disques carbone céramique de 440 mm à l’avant et 410 mm à l’arrière, une option à 12 740€ dont était pourvu notre modèle d’essai.

Combien ça consomme en électrique ?

On peut philosopher et même ironiser sur la vocation “écologique” de cette Bentley Continental GT Speed. Comment une voiture disposant d’un gros V8, de 782 ch, de pneus de 22 pouces et d’un troupeau de vaches mortes pour recouvrir l’habitacle pourrait avoir une conscience environnementale ? Mais, une fois évacuée cette question, il convient de reconnaître le tour de force de Bentley. Tout d’abord, c’est une “vraie” hybride rechargeable avec une autonomie très honnête comprise entre 70 et 80 km dans la vraie vie. Sur le réseau secondaire, à allure normale, on peut se contenter de 26-28 kWh/100 km. Sur autoroute, on dépasse évidemment les 35 kWh/100 km. Mais la consommation moyenne en mode électrique restera un poil en dessous des 30 kWh/100 km. Ce qui, compte tenu de la masse, du gabarit et de la vocation de notre Bentley, n’est pas honteux.

Consommation d’essence

C’est certainement la plus grosse surprise : la consommation une fois la batterie vide se montre presque raisonnable. Si en ville, on peut facilement dépasser les 16 l/100 km, la consommation moyenne ne va jamais dépasser les 13 l/100 km en combinant ville, autoroute et réseau secondaire. Lors d’une journée en conduite paisible sur routes de campagne et départementales, nous sommes même descendus à 9,6/100 km. Un trajet à haute vitesse, sur autoroute allemande bien entendu, nous a gratifié d’une consommation sous les 14 l/100 km, ce qui est une vraie performance comparé aux Bentley dotées d’un W12. Cette dernière pouvait dépasser les 25 l/100 km en ville et vite atteindre les 20 l/100 km avec un pied droit trop lourd. Plus de performances, moins de consommation, la mission “hybride-rechargeable” semble remplie.

Peut-on partir en week-end avec ?

La Continental a toujours été la GT de la gamme. Comme précisé plus haut, on sera plus à l’aise à deux qu’à quatre, l’accès aux places arrière imposant une souplesse peu compatible avec la nécessité de rester digne en toute circonstance. Côté confort, rien à redire, entre isolation parfaite, sièges princiers et réglages optimum. À deux, le coffre de 260 litres seulement (contre 358 litres sur le précédent modèle, dépourvu de batterie hybride) pourra vite montrer ses limites. Deux solutions s’offrent à vous : transporter un ou deux sacs sur la banquette arrière ou investir dans la ligne de bagages Bentley disponible en accessoires. Composée de trois éléments réalisés sur mesure en cuir italien, cette ligne de bagages vous permettra d’optimiser l’espace disponible au maximum.

Combien ça coûte ? Combien ?!

La Bentley Continental GT Speed débute à 246 386,55€, et au risque de choquer, je pense que les centimes sont négociables. Mais, ce qui n’est pas négociable, c’est le passage dans la boutique des options. Notre modèle d’essai n’échappe pas à cette règle avec une peinture “Magnetic” facturée 9 085 €, des jantes 22 pouces à 3 000 €, le pack “First Edition Spécification” à 30 520 €, les freins carbone céramiques à 12 740 €, et deux ou trois bricoles faisant grimper la facture finale de 67 745,00 € pour atteindre les 314 131 €. Vous n’échapperez pas au malus écologique, et au malus au poids. Mais n’est-ce pas un peu vulgaire de parler d’argent ?

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Bilan de l’essai

Cette Continental GT Speed est avant tout une Bentley. Extrêmement raffinée, confortable, douce, elle offre tout ce qu’on est en droit d’attendre d’une Anglaise de ce rang. En devenant la Bentley de route la plus puissante jamais produite, elle devient également incroyablement efficace, offrant un plaisir des sens unique. Cette Bentley a un côté rassurant, avec son look qui traverse les années sans grosse modification, mais sans vieillir et sa présentation unique qui fait d’elle une Bentley et rien d’autre. La marque anglaise n’oublie pas de vivre avec son époque avec une motorisation hybride rechargeable qui peut faire sourire mais qui est finalement fort convaincante. Après tout, se déplacer en silence en ville au volant d’une Bentley, profiter du V8 pour se rendre à Deauville, et jouir du mode Sport sur les routes de campagne correspond bien à l’esprit Bentley. Cette Continental GT Speed peut faire tout ça à la fois. C’est cher, mais ça tombe bien, ça ne s’adresse pas à tout le monde.

Fiche technique de la Bentley Continental GT Speed 2025

Moteur thermique

  • V8 essence biturbo
  • Cylindrée : 3 996 cm³
  • Puissance et couple : 600 ch et 800 Nm

Moteur électrique

  • Puissance et couple électrique : 190 ch et 450 Nm
  • Batterie : Capacité utile de la batterie : 22 kWh
  • Puissance du chargeur AC : 11 kW
  • Autonomie en mode électrique : 81 km (WLTP Mixte)
  • Puissance et couple cumulés : 782 ch et 1 000 Nm
  • Type de transmission : intégrale.
  • Boîte de vitesses : automatique à 8 rapports

Performances

  • Vitesse maxi : 335 km/h
  • Vitesse maximale en mode électrique : 140 km/h
  • 0 à 100 km/h 3,2 s
  • Vitesse maximale 335 km/h
  • Rejets de CO2 : 29 g/km

Dimensions des pneus

  • Avant : 275/35 ZR 22
  • Arrière : 315/30 ZR 22

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Bentley Continental GT Speed

78 à 81 km
Cabriolets
Hybride rechargeable
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