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En France, la commercialisation de la très attendue Renault ZOE aurait du être une petite révolution dans le monde de l’automobile. Techniquement très aboutie, financièrement accessible, fabriquée en France, la voiture électrique de Renault a de nombreux atouts pour séduire tout en apportant des réponses concrètes aux enjeux de notre époque. Hélas, dans le monde irrationnel de l’automobile, beaucoup continuent de penser que la révolution peut encore attendre.
Que l’autonomie encore limitée d’un VE soit un frein pour certains clients potentiels, c’est une réalité. Que le manque criant d’infrastructures de recharge aggrave sensiblement la situation en est une autre. Quant au coût global utilisateur, malgré les aides à l’achat dont bénéficient les acquéreurs, il faut bien avouer que le coût kilométrique d’une Renault ZOE n’a rien à envier à celui d’une Clio IV 1.5 dCi qui roule avec du gazole à 1,35€/L.
Voilà pour les inconvénients. Mais le VE a aussi quelques atouts, qu’il serait bon de ne pas systématiquement oublier. Comme par exemple, son silence de fonctionnement, son efficacité énergétique très supérieure à celle d’une voiture à pétrole, sa capacité à être rechargé par des énergies renouvelables, la longévité potentielle de son moteur électrique, etc…
L’analyse personnelle que j’en fais, c’est que le VE est une nouvelle fois victime d’un important déficit de culture scientifique autour de l’énergie, notamment de la part des professionnels (concessions automobiles, commerciaux, journalistes auto, etc…). Un constat qui vaut aussi chez les citoyens hélas, qu’ils soient accrocs ou non à l’automobile à pétrole.
Depuis plus de 30 ans, l’électricité contribue à faire du TGV, une icône de l’excellence française de la grande vitesse ferroviaire. Elle contribue aussi à faire du train un mode de transport très efficace d’un point de vue énergétique.
Hélas, en dehors du train et des transports urbains tels que le métro ou le tramways, l’électricité peine à s’imposer dans le secteur des transports faute de pouvoir se stocker facilement en grande quantité.
Alors, pour écouler les grandes quantités d’électricité produites par le parc électronucléaire français aux heures creuses, les pouvoirs publics ont préféré encourager l’usage massif de l’électricité à des fins thermiques. C’est ainsi que plus de 10 millions de ménages utilisent la précieuse électricité pour produire de l’eau chaude sanitaire tout au long de l’année, y compris en été lorsque le soleil seul suffirait à couvrir la quasi-totalité des besoins correspondants.
En y ajoutant les nombreux équipements publics (écoles, hôpitaux, crèches, gymnases, centres nautiques, bâtiments administratifs, cuisines centrales, etc…), le marché français des chauffe-eau électriques atteint près de 1,4 millions d’unités par an ! 1,4 millions de chauffe-eau électriques vendus chaque année dans l’hexagone. Oui, oui vous avez bien lu ! Pour un nombre total installé qui avoisine les 15 millions d’unités1 !
Avec les mêmes quantités d’électricité que celles lamentablement dissipées en chaleur dans de vulgaires résistances, on pourrait techniquement alimenter plus de 8 millions de VE qui parcouraient chacun 15 000 kilomètres par an environ ! Peu importe le chiffre précis et le kilométrage exact, ce qu’il faut retenir ici, c’est l’ordre de grandeur. Certes, ce transfert nécessiterait dans certains cas de figure, des renforcements ponctuels sur le réseau de distribution électrique mais étant donné les milliards d’euros potentiels économisés en pétrole, ces investissements s’avéreraient d’une très grande rentabilité pour la nation !
Les économies engendrées à terme pourraient également servir à financer, au moins en partie, le remplacement des chauffe-eau électriques anciens par des chauffe-eau thermodynamiques, des chauffe-eau solaires ou tout simplement des chauffe-eau électriques plus économes (cas des petits ballons notamment). Dans certains cas de figure, on pourrait même envisager la suppression pure et simple des ballons ECS dès lors qu’ils ne servent qu’à produire de l’eau chaude pour le lavage des mains (ex : toilettes publiques, etc…) ! Après tout, après avoir réussi à diminuer l’éclairage nocturne superflu dans beaucoup de petites villes, pourquoi ne pas s’attaquer désormais aux cumulus électriques qui produisent de l’eau chaude toute l’année pour quelques minutes d’utilisation par semaine ?
À l’instar de ce qui vaut déjà en Norvège, il y a urgence en France à développer très vite un véritable réseau d’infrastructures de recharges pour véhicules électriques. Et transformer ainsi la contrainte du « modèle pavillonnaire français » en un atout pour le développement de l’électromobilité ! Car comme le disent souvent les sociologues, en matière de changement de comportement, en général, mieux vaut « faire avec » plutôt que « aller contre ».
Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille continuer dans la voie du pavillonnaire pour tous, étant donné les conséquences désastreuses qui en résulte en matière d’artificialisation des sols. En revanche, pour ce qui est de l’existant, autant encourager sans tarder le passage à l’électrique plutôt que de persévérer dans la voie sans issue du tout pétrole.
Autre atout dont dispose la France pour électrifier massivement les transports : la qualité du réseau électrique HTA et BT. Une caractéristique que beaucoup d’autres pays d’Europe nous envient et dont il serait dommage de se priver pour sortir progressivement de l’impasse pétrolière, celle du tout gazole, dans laquelle la France a sombré depuis quelques années déjà (avec le soutien appuyé des pouvoirs publics, ne n’oublions pas!)
S’agissant de la problématique des pics de consommation régulièrement pointée du doigt lorsqu’on parle du véhicule électrique, rappelons qu’en France, les cumulus électriques génèrent quotidiennement une augmentation de la puissance électrique appelée d’environ 2500 MW entre 22h30 et 23h, soit une puissance suffisante pour permettre le rechargement simultané de près de 1 million de VE en charge lente. De plus, le déploiement annoncé des réseaux électriques dits « intelligents » (smart grids) sera bientôt en mesure d’apporter des réponses concrètes à ce problème.
Enfin, n’oublions pas que l’énergie solaire photovoltaïque, parce qu’elle est relativement abondante tout au long de l’année (plus encore dans le Sud de la France) se marie magnifiquement bien avec le rechargement de batteries de véhicules électriques. À ce sujet, on signalera les progrès spectaculaires enregistrés par la technologie des couches minces ces cinq dernières années. Une technologie qui offre dès à présent un potentiel considérable pour alimenter tout au long de l’année ou presque des véhicules électriques avec un impact environnemental minimum.
Ca n’est d’ailleurs pas un hasard si le californien Tesla Motors, l’allemand BMW ou encore le français Bolloré s’apprêtent à commercialiser des stations de recharge utilisant l’énergie solaire photovoltaïque pour recharger leurs propres VE.
Vive le futur sobre et intelligent !
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