Les deux constructeurs allemands ont pris de l’avance dans un domaine critique : le passage du graphite au silicium pour le matériau de l’anode des batteries.

L’autonomie des voitures électriques reste perçue comme limitée par les plus irréductibles fanatiques du thermique, incapables visiblement pour la plupart de calculer la faible distance moyenne de leurs déplacements quotidiens ou des progrès considérables effectués ces dernières années dans le maillage du réseau de bornes de recharge pour les transhumances plus exceptionnelles.

Et cela continue d’être un problème pour les constructeurs automobiles. Il faudrait en conséquence des batteries à la capacité toujours plus grande pour augmenter l’autonomie, et donc toujours plus lourdes, ce qui entraîne d’autres problèmes. La masse excessive use en effet les routes plus rapidement et entraîne plus de dégâts lors des accidents, sans parler du coût environnemental de produire des packs toujours plus imposants. Cependant, un changement dans la chimie des batteries pourrait offrir le beurre et l’argent du beurre et certains constructeurs comptent bien le mettre en production durant cette décennie.

Actuellement, les batteries au lithium font appel dans leur grande majorité à des anodes en graphite, une variété de carbone cristallisé dont le succès entraîne déjà des menaces de pénurie. De plus, précisément pour les voitures électriques, le manque de densité de ce matériau est problématique. Les derniers développements ont révélé que passer du graphite au silicium permettrait de créer des batteries contenant une charge jusqu’à dix fois supérieure. Donc plus d’autonomie pour moins de poids. Cerise sur le gâteau : les batteries avec des anodes contenant du silicium présentent une résistance interne moindre, ce qui permet des recharges plus rapides.

Selon Reuters, deux start-ups, Group14 Technologies et Sila Nanotechnologies, ont déjà bien avancé dans le développement d’une production à grande échelle de batteries au graphite remplacé par du silicium, et l’un comme l’autre ont su s’attirer les faveurs de constructeurs. Porsche a ainsi investi 100 millions de dollars dans la première et deviendra son premier client de l’industrie automobile. Une usine devrait ouvrir dès l’année prochaine avec une capacité initiale de pouvoir produire suffisamment d’anodes pour équiper jusqu’à 200 000 voitures électriques, avec la possibilité de pouvoir jusqu’à tripler ce chiffre dans un futur proche. Mercedes, de son côté, s’est associé avec Sila et, si la production démarrera en 2025, soit un an après le tandem Porsche/Group14, a déjà dévoilé le nom du modèle qui sera équipé en premier de cette technologie, l’EQG, dont la densité énergétique des cellules de batterie sera supérieure de 20 à 40 %.

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Si cette technologie s’avère aussi miraculeuse qu’elle en a aujourd’hui l’air, tout porte à croire que d’autres constructeurs l’adopteront aussi. Il faudra cependant être patient pour voir le silicium remplacer totalement le graphite en tant qu’ingrédient principal des anodes de batterie : selon Gene Berdichevsky, PDG et co-fondateur de Sila, cela pourrait prendre plus de dix ans.

Source : CarScoops