Les infrastructures de recharge se développent au pas de charge, mais il reste encore de la place pour optimiser l’expérience de l’électromobiliste.

Chez Automobile Propre, on aime bien les voitures (électriques) mais il ne vous aura pas échappé qu’on aime aussi beaucoup un truc légèrement indispensable pour les faire rouler : les infrastructures de recharge.

Si ces dernières sont désormais sur la bonne voie d’un développement puissant, rapide et à la courbe exponentielle, il reste encore a améliorer l’expérience de recharge pour l’électromobiliste en vadrouille. Certains réseaux l’ont déjà bien compris en proposant des services et des innovations, comme Electra avec son système de réservation ou encore Fastned avec ses stations “traversantes” et ses auvents de protection équipés de cellules photovoltaïques.

Mais est-ce suffisant ? Oui, dans la plupart des cas. Mais comme nous sommes pointilleux et que nous aimons chercher la petite bête, notre expérience d’utilisateurs nous conduit régulièrement à imaginer des services et fonctionnalités qui n’existent pas encore (ou en tout cas pas à grande échelle ou pas à notre connaissance), et qui pourraient faciliter un peu plus la vie des conducteurs de voitures électriques.

Voici 7 idées de dispositifs que nous soumettons à votre sagacité. Si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à les indiquer dans les commentaires, sur un malentendu ça pourrait marcher.

Le câble de recharge avec enrouleur intégré dans la voiture

Vous connaissez tous le proverbial aspirateur-traineau, et son fil rétractable avec un système d’enrouleur à ressort. Avec cette innovation, les constructeurs ont réglé le problème du fil électrique et de la rallonge qu’on ne sait jamais où ranger et qui ramasse autant la poussière que ledit aspirateur. Un système similaire rendrait vraiment la vie plus facile à l’électromobiliste. Car on ne va pas se mentir, sortir ce câble du coffre (ou du frunk), le déplier, le brancher aux deux extrémités – prise de la voiture et prise de la borne – est vraiment une contrainte désagréable au possible, salissante et même potentiellement génératrice de traumatismes pour certains organismes fragiles vu le poids du bazar. Voire pire : je connais quelqu’un qui a… cassé le toit en verre de sa Tesla en le percutant avec la prise Type 2 de son câble alors qu’il le sortait du coffre (en gros le câble lui a échappé et a rebondi sur la partie arrière de la vitre, la brisant net). Alors certes, le dispositif prendrait sûrement un peu de place et de poids, et poserait peut-être aussi des questions d’ordre réglementaires liées à sa sécurité, mais rien qui paraisse vraiment insurmontable. Et la place prise serait autant de place gagnée dans le coffre…

Limiter le temps de recharge sur les stations saturées

C’est l’un des arguments favoris des anti-VE : la saturation (réelle ou supposée) des stations de recharge les jours de grand trafic, en réalité quelques journées ou heures par an lors des grandes migrations estivales. Quoiqu’il en soit, étant donné la croissance rapide du parc automobile électrifié, il serait peut-être intéressant d’imaginer un système qui limite le temps de recharge à X minutes en cas de gros rush. Alors bien sûr cela poserait des problèmes d’équité car toutes les voitures ne rechargent pas à la même vitesse et n’ont pas la même autonomie, mais de toute façon aucun système n’est parfaitement égalitaire. Une moyenne pourrait être trouvée pour garantir de récupérer a minima entre 100 et 150 km avant que la charge s’arrête et que l’on doive laisser la place. Rappelons que les jours de fort trafic, les bornes Tesla coupent la recharge à 80% et un message s’affiche sur l’écran, demandant de laisser la place. Cela étant on peut relancer la charge et rester si l’on estime qu’on a besoin de plus.

Un ticket pour prendre son tour

Toujours sur les stations à forte fréquentation, afin d’éviter les conflits entre conducteurs qui vont fatalement arriver avec la généralisation de l’électrique et le civisme à géométrie variable, on pourrait envisager l’installation d’un système de ticket numéroté (oui, comme à la sécu ou chez McDo) pour prendre son tour. Quand la borne est libre et que c’est votre tour, elle sonne et affiche le numéro de votre ticket. C’est horrible ? Stupide ? Il y a bien déjà le système de réservation d’Electra, qui est plutôt vu comme une initiative intéressante et intelligente. Ce serait la version “guichet”, rien d’autre. Et au passage, ce dispositif pourrait être intégré dans l’app du réseau, ce qui permettrait d’aller faire autre chose en attendant et d’être prévenu par une notification sur le téléphone quand c’est votre tour.

Une application cross-platform pour gérer la charge

Bien sûr il y a déjà de nombreuses applications, chaque marque automobile et chaque réseau ayant la sienne, sans compter les Chargemap et autres. Mais il reste des cas spécifiques d’usage de plus en plus répandus qui nécessiteraient vraiment d’être facilités et fluidifiés. Un exemple : les bornes de recharge dans les parkings publics. Pour les résidents en ville sans parking privatif ni borne privée, qui n’ont pas d’autre possibilité que recharger sur ce type de borne, avoir une app “cross-platform” fonctionnant avec tous les réseaux et toutes bornes serait vraiment un plus pour gérer le charge. Notamment pour connaitre les bornes libres et pouvoir en réserver une plutôt que s’engouffrer dans un parking souterrain et devoir en ressortir parce que tous les point de recharge sont pris.

Un indicateur du nombre de bornes libres dans les lieux publics

Dans le même ordre d’idée et d’un usage comparable, il ne serait pas superflu que les électromobilistes soient informés visuellement des disponibilités de recharge situées dans un périmètre immédiat. Par exemple avec un compteur à l’entrée ou à proximité des parkings publics indiquant le nombre de bornes total, le nombre de bornes disponibles, et, soyons fou, éventuellement leur puissance et les tarifs. Après tout, lesdits parkings affichent bien le nombre de places libres à l’entrée, pourquoi pas le nombre de bornes de recharges libres ?

Un badge avec QR code et messagerie privée pour indiquer son temps de charge

Il vous est sûrement déjà arrivé de rejoindre en itinérance une borne de recharge installée sur la place principale d’une commune dans l’espoir de charger. Pas de chance, les deux points de charge sont pris, et vous n’avez aucune idée du moment auquel l’un des propriétaires des voitures en charge va venir récupérer son carrosse. C’est là qu’un système de badge serait pertinent. Installé sur le pare-brise, il indiquerait comme un disque de stationnement l’heure prévue de départ, de façon à savoir s’il vaut le coup d’attendre ou s’il vaut mieux continuer sa route vers une autre borne. Ce type de badge existe déjà, mais le geek en nous nous souffle à l’oreillette qu’une version digitale dématérialisée apporterait d’autres services. Le badge n’afficherait plus qu’un QR code qui, une fois scanné, afficherait dans une app dédiée l’heure de départ prévue, préalablement renseignée par la personne qui charge, mais aussi une messagerie instantanée et sécurisée permettant de joindre le propriétaire pour savoir quand il va vraiment libérer la place. Et peut-être d’autres services (comme par exemple pouvoir changer l’heure en cas de retard). L’app serait sécurisée et nécessiterait de prouver son identité (voire le VIN de sa voiture) pour pouvoir l’utiliser, afin d’éviter dérives et abus. Autre avantage : plus d’affichage en clair de son heure de départ sur le pare-brise… Alternative plus low-tech : pouvoir indiquer son heure de départ en la saisissant directement sur la borne afin qu’elle s’affiche tout simplement sur son écran.

Le yield management pour moduler les tarifs en fonction de la charge

C’est une méthode de gestion très connue des hôteliers, des compagnies aériennes, des loueurs de voiture et de tous les prestataires de service liés aux voyages. Partant du principe qu’une chambre, une place ou une voiture non louée est perdue car le service n’est pas stockable, tous les géants du voyage et de l’hébergement ont mis en place de solides et sophistiqués programmes de modulation de leurs tarifs en fonction de la demande. En gros, plus il y a de demande et plus c’est cher, et vice-versa. C’est même sur ce principe qu’a été fondé Lastminute.com, entre autres. Étant donné que le secteur de la recharge de voiture électrique peut parfois aboutir à des saturations, qu’à d’autres heures les stations sont vides, et que les besoins ne sont pas les mêmes partout et au même moment, avec un produit par définition servi en flux tendu (sauf quelques cas encore rares), il ne parait pas inopportun d’imaginer un yield management du tarif des bornes, programmé le plus finement possible en fonction de la demande et de nombreux autres critères à rentrer dans l’algorithme. Tesla propose déjà un système d’heures creuses avec des tarifs plus bas, ce qui est un bon début, mais il est fort à parier que cette démarche va s’étendre et se segmenter de façon beaucoup plus fine.

En conclusion

Il y a deux ans, nous exprimions notre souhait que les stations de recharge musclent leur offre. C’est en bonne voie, et même une réalité pour nombre d’entre elles. Le marché est peut-être mûr aujourd’hui pour une deuxième phase, plus cosmétique, faite encore une fois d’audace et d’innovation, tant du côté des constructeurs que des opérateurs et infrastructures.