Suite au premier essai nous ayant permis de « toucher du doigt » la fonction « AutoPilot » de Tesla, voici maintenant venu le temps de la mettre à l’épreuve sur longue distance. Et comme monture, Tesla Motors nous a confié la plus démoniaque des Model S : La P90D option « Démesurée » (Ludicrous en VO) garnie de toutes les options et d’un intérieur cuir beige / inserts piano laqué.
La fonction AutoPilot, disponible en option sur les Model S produites et pouvant être ajoutée sur celles déjà livrées (moyennant finance et compatibilité hardware), n’est plus à présenter tant elle a fait couler de l’encre sur ses dangers potentiels souvent à mettre au crédit d’usages non autorisés par le constructeur. Reste à savoir si en se limitant justement aux conditions adéquates (routes pour automobiles, autoroutes), cette dernière tient ses promesses sur longue distance et permet un réel gain de confort et un retour positif quant à la fatigue du conducteur.
L’aller : en nocturne, un sans faute
Le trajet Aller entre Cergy et Dinard via Le Mans (450 km) n’est pas le plus court (au lieu de 390 km via Caen) entre ces deux points mais assure une recharge garantie à mi-chemin sans dépendre d’un horaire d’ouverture de supermarchés et ultra rapide grâce à la puissance du SuperCharger qui permet une recharge 4 fois plus rapide qu’une borne 230V / 32A généralement disponible ailleurs.
Dès le départ, lundi 4 janvier à 17h, sur l’A15, j’ai repris mes marques dans ce tapis volant qu’est la Model S, juste le temps de tester l’Autopilot sur les quelques kilomètres avant la sortie en direction des Mureaux pour rallier l’A13 puis l’A12 ou j’ai pu remettre en route la fonction y compris dans les bouchons du début de Trappes en entamant le N10.
La traversée Trappes – Rambouillet fut, comme quotidiennement, en accordéon et les multiples intersections ne permettaient pas de maintenir l’Autopilot. Le régulateur auto-adaptatif fut quant à lui très appréciable lors des arrêts / relances aux feux rouges et pour le suivi du flux de circulation assez dense. La gestion accélération / freinage du régulateur est relativement douce malgré quelques situations (ex : arriver à 90 km/h derrière un véhicule arrêté au feu rouge) dans lequelles le système devient plus brutal mais assure toujours le travail.
Nous voilà enfin sur l’A11 en direction du Mans, pour plus d’1 heure à me laisser « autopiloter » en nocturne et par très faible circulation. Evidemment, la prudence fut de mise avant de se décontracter réellement mais il faut avouer que le suivi de lignes autoroutières est bluffant et les courbes se prennent avec souplesse en regardant le volant tourner sagement selon la courbe… cela fait toujours très drôle lors des premiers kilomètres.
La consigne de dépassement ou de rabattement reste du ressort du conducteur en engageant le commodo des clignotants tout en saisissant légèrement le volant de la même main. Et il faut dire que mise à part cette action, qui peut être très répétitive lors de la présence récurrente de poids lourds, le reste du trajet s’effectue sans aucune intervention mais sans pour autant relâcher toute son attention.
Au final, de l’entrée d’autoroute après Rambouillet jusqu’à la sortie du Mans (1h17 / 153 km), de nuit et donc par faible circulation, le trajet, à 90% autopiloté, fut reposant ne serait-ce que par le fait de ne pas tenir le volant, même si l’attention visuelle se devait de rester active. Le premier bilan énergétique tombait à point lors de la recharge de l’homme et de la machine… (Trip B)
1 heure de dîner plus tard, la Model S était quasiment rechargée à plein pour finir les 210 km restants via l’autoroute pour Rennes, son périphérique Nord Est et la voie rapide RD137 jusqu’à Dinard. Mise à part pour prendre les bretelles de sorties ou d’accès, je laissais aisément la main à l’AutoPilot pour filer aux allures réglementaires vers notre destination atteinte sur les coups de 23 heures. Les statistiques de la journée furent donc : (Trip B)
La borne mise à disposition par le Renault local dans le parking souterrain des Halles de Dinard fut idéale (je l’utilise régulièrement avec la Volt lors de mes déplacements professionnels) pour recharger en 4 heures la totalité de la batterie (limite à 100% pour le retour du lendemain après ma visite client).
Le retour : marquages et soleil frontal
Mardi 8 janvier 12h30 : suite à la visite client prévue, il est temps de repartir sous un soleil radieux et des routes justes humides de la pluie nocturne… ce qui posa quelques soucis à l’AutoPilot lors des séquences avec le soleil de face.
Le système perd facilement de vue dans ces conditions les lignes de la voie express RD137 qui ne sont pas non plus de première jeunesse. Moi-même ébloui par le soleil, j’imagine qu’il en est de même pour la caméra sensée suivre les lignes devant souffrir de cette luminosité élevée diminuant le contraste.
Deux autres cas particulier se sont également produits concernant les marquages (non relevé la veille en fait) :
Dans le premier cas, La perception d’une ligne à petits pointillés permet de générer logiquement une voie de circulation au-delà de cette ligne sur l’écran du tableau de bord. Sur Autoroute, seules les séparations entre voies de circulation ou bretelles possèdent ces pointillés alors que la ligne d’arrêt d’urgence et la ligne du côté gauche au niveau du terre-plein central sont toujours constituées de larges bandes de délimitations.
Mais sur route nationale ou départementale aménagée en route pour automobile ou voie express à 2 x 2 voies, la délimitation de la bande d’arrêt d’urgence est parfois réalisée par des petits pointillés au lieu de larges bandes. Le système croit alors à une voie de circulation et la représente. Le même cas existe du côté gauche. L’action sur le clignotant permet alors à la voiture de se décaler sur une voie en réalité inexistante.
Dans un second cas, à l’inverse, si des raccords ou réparations bien marqués de bitume suivent les lignes pointillées séparant les voies de circulation, le système les considère comme des lignes « continues » (équivalentes aux lignes à bandes larges) et ne représente temporairement plus la voie existante. Cette petite contrainte oblige donc à « forcer la main » à l’AutoPilot (qui se désactive donc) en reprenant fermement le volant pour dépasser ou se rabattre dans ce cas particulier.
Mise à part ces quelques situations très occasionnelles, j’ai grandement apprécié le fait de me laisser conduire plus de 90% du temps sur les voies rapides et ainsi diminuer mon état de fatigue de manière significative. L’indice majeur de mon état fut fatalement les 2 heures digestives après les repas qui sont souvent les plus difficiles lors d’un long voyage.
À l’aller, après le diner, les 2 heures de nuit passèrent très facilement, surement grâce aussi à l’excitation de cet essai. Le lendemain, celles après le déjeuner furent tout aussi plaisantes et j’ai vraiment pu encaisser la digestion sans sentir de fatigue prononcée comme cela m’est déjà arrivé lors du même trajet au volant de la Volt. Je serai donc tenté de dire que cette fonction présente un effet positif sur le conducteur qui, ne « s’épuisant » pas à maintenir le cap via la gestion de son volant, conserve un certain état de « fraicheur ».
Voici un résumé vidéo de notre Road-Trip :
Conclusion
Après ce Road-Trip de 900 km plus quelques 300 km d’extra hors voies rapides, je confirme clairement ce que furent mes impressions du premier essai de l’AutoPilot.
En résumé, étant de ceux n’appréciant guère ce genre d’exercice, quitte à se morfondre des heures sur d’interminables voies rapides quasiment rectilignes, autant le faire en se fatiguant le moins possible sans pour autant tout déléguer (pour l’instant) à la machine.
La prise de décision reste du ressort du conducteur (dépassement / rabattement) et les aléas, autant climatiques que concernant les marquages, doivent être surveillés comme le ferait un antivirus vis-à-vis de logiciels malveillants. Cette activité nécessite ainsi moins de ressources mentales et permet un voyage plus reposant.
Cette fonction « AutoPilot » constitue un vrai premier pas vers le véhicule autonome mais reste limitée à de l’intelligence « primaire » : suivre des lignes et surveiller son environnement proche… et c’est déjà pas si mal à 130 km/h de jour comme de nuit.
Inconscience « rare » d’un conducteur de Tesla avec son autopilot engagé, lui passé sur le siège passager et roulant à 60 km/h !
– http://www.01net.com/actualites/il-active-l-autopilot-de-sa-tesla-et-ecope-d-une-suspension-de-permis-il-etait-sur-le-siege-passager-1433518.html#utm_term=Autofeed&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter&link_time=1525165260
Pour ce qui doute encore des capacités de l’auto-pilote:
https://www.youtube.com/watch?v=dJQ1TKJz68o
Moi ce qui m’inquiète c’est ce qui vont s’endormir pendant que la voiture les conduits et qui vont ce retrouver là où il ne voulaient pas allé par-ce qu’il ne pensaient pas s’endormir et n’avaient pas pris soin de programmer leurs Gps. ;)
Autonomie, automatisme…
La consommation observée au cours de notre essai est égal au test cité ci-dessus, puisque nous avons relevé une moyenne de 24,5 kWh/100 km à l’issue de 1.300 km. Cela demeure élevé dans l’absolu : une Renault Zoé ou une Volkswagen e-Golf tournent plutôt aux environs de 14 kWh/100 km. pour un poids à vide 1 585 kg et 317 Kg de batterie Golf pour une autonomie réelle de 140 Km avec une puissance 115 ch. pour 36 800 € – Bonus de 6 300 €. Nous ne sommes pas dans la même catégorie, mais après plusieurs essais de la Tesla 85 D et 90 D, vaut-il la peine de dépenser 120’00 € pour un véhicule comme Tesla ?
Qui hormis la puissance de son départ arrêté, se trouve largué en puissance pure par des berlines thermiques à partir de 130Km/H. pour une autonomie de 310 Km. La question se pose ? Ratio/Prix / Puissance/autonomie.
L’achat d’une Tesla avec un prix de 120’000 € pour un chargement tous les 250 Km/ sur les 310 Km par sécurité. ou un achat à 30’000€ soit un ratio de 4 pour une autonomie réelle de 140 Km soit un ration de 2. Mis à part l’égo et la fabuleuse démonstration que la conduite d’un véhicule Tesla électrique est une transition à un mode de transport propre, le résultat final reste mince en terme d’économie d’énergie.Pour Tesla c’est plus à sa gigantesque batterie qu’à un travail poussé sur les économies d’énergie que la Model S, lourde de 2.108 kg, doit son autonomie confortable réelle de 310 Km.
Pour la conduite dite assistée, à chacun ses priorités, pour avoir fait l’essai en conditions réelles, je considère que c’est un instrument en plus pour la sécurité, lors de freinage d’urgence ou d’obstacle déboulant sur la chaussé, elle reste et demeure une assistance. Car dans ce cas c’est le pilote qui fait la différence. Pour ce qui est du pur plaisir de conduire, mais oui, je ne vois pas ce que cela change, en mode automatique autopilot… j’ai été autant fatigué en regardant mes écrans de contrôle à l’idée de la recharge, des analyses des différentes informations du système, que lors de mes essais sur un véhicule thermique.
Dans une société robotisée, la conduite reste un espace de pseudo-liberté, avec les objets connectés, la porte est ouverte à la publicité à l’intérieur de votre voiture, etc. no limite. à la revente des informations personnelles etc.
Je ne conçois qu’une manière de voyager plus agréable, le train… pour les longues distances, l’avion, avec en point de chutes un véhicule électrique en location. Pour ma part, Tesla fait avancé les mentalités mais dans les faits pour le moment…celà reste un véhicule pour quelques Geeks fortunés désirant flatté leur égo.
A suivre….
Feedback très intéressant ! Non seulement l’AP va révolutionner la conduite automobile, mais il n’est pas illusoire de penser que l’infrastructure routière devra l’intégrer. Les pouvoirs publics pourront même mettre en place des accès, lignes ou centres urbain exclusivement réservés aux VE avec AP. Faire des trains de voitures qui vont plus vite et en meilleur sécurité que les voitures non automatisées et polluante.
La prochaine étape est un logiciel qui fasse qu’en mode « sortie de bureau à 18h », mon VE va plus vite que tous les autres pour rentrer à la maison.
Les VT sans AP sont des perturbateurs et une source de danger pour tous. Il faudra surement un nouveau feu diurne sur le VE pour indiquer aux perturbateurs que le véhicule à coté d’eux est un VE avec AP et donc s’ils font une queue de poisson, la caméra envoie directement la contravention !
L’auto pilote est une très bonne chose pour le partage de voitures. On veut faire un Rennes-Bordeaux ? Rien de plus simple on peut même faire de l’autopartage. On s’inscrit pour un trajet et le service met en relations les gens. Il suffit d’avoir une personne avec un permis et le tour est joué.
Les trains pour Orléans-Paris c’est ~20€, en autocar c’est ~5€, un covoiturage électrique sera de ~3€ + prix de la location ~10€ divisé par 4 personnes, c’est à dire ~3,25€ et comme c’est un trajet très demandé, les départs seront beaucoup plus fréquents que les bus ou les trains.
Je suis certain que l’auto pilote participera au développement de l’autopartage+covoiturage. La SeuNeuCeuFeu devra le développer pour anticipé son déclin certain.
Tesla montre la voie.
En tenant compte du renouvellement du parc automobile (de l’ordre de 18-20ans), l’AP sera présent sur les véhicules de 2035 comme aujourd’hui les aides à la conduite que sont GPS et régulateur de vitesse, par exemple.
j’imagine, dans 20 ans, dans ma rue, plus aucune voiture garée. elles sont toutes autonomes et disponibles à partir d’un smartphone. et donc elles n’arrêtent plus de circuler.
l’AP préfigure la disparition progressive du volant et donc du conducteur. et à partir de là, pourquoi posséder une auto, puisqu’on pourra programmer un parcours sur smartphone et voir arriver le véhicule autonome devant sa porte.
l utilisation de l AP sur autoroute semble etre optimum.
pourquoi ne pas aller encore plus loin ds cette direction:
– câblage sous la route pour faciliter la localisation (au frais des compagnies autoroutieres qui se gavent sur notre dos depuis trop longtemps)
– zone de décélération/parking en sortie d autoroute. tu mets ton GPS, tu dors sur l autoroute, la voiture s arrete en sortie d autoR, tu reprends les commandes tranquille ;-)
– zone de recharge par induction (ds un avenir lointain)
– conduite en convoie pour optimiser l aerodyn.
etc…
l autoroute est de loin la partie la plus ch#
Un petite corrections nécessaire, le SuC est 16x plus rapide que du 32A a 230V (120kW vs 7kW).
J’ai peur hélas qu’on reste longtemps à une intelligence « primaire ». Je ne vois aucune révolution dans le domaine de l’IA qui pourrait laisser penser le contraire. Mais bon ce sera peut-être suffisant pour que les voitures soient autonomes dans un environnent très « civilisé », surtout avec une approche ultra prudente de la part du logiciel.
Dans l’avenir peut-être une peinture de signalisation avec de la poudre métallique ajoutée, pourra mieux rassurer le guidage, avec des détecteurs de métaux sous la voiture.
Ne serait ce pas plus facile (voir honnête) de dire que c’est moins stressant de conduire soit-même plutôt que de surveiller la machine qui risque à tout moyen de faire une erreur imprévisible ?…
Avoir ce type d’engin entre ces mains sans le maîtriser soi-mêmes, quel intérêt ?