Image : CTR

Si Carlos Tavares veut du lithium américain, ce n’est pas pour son amour de la Californie. Cet investissement massif dans la société Controlled Thermal Resources (CTR) devrait permettre aux véhicules électriques de Stellantis de bénéficier des subventions à l’achat prévues dans le cadre de l’IRA (l’Inflation Reduction Act).

Objectif : bénéficier des subventions américaines

En mettant des billes sur le projet Hell’s Kitchen de CTR (un groupe minier américain) qui se trouve à proximité d’un grand lac salé à l’est de San Diego, le géant de l’automobile voit les choses en grand. Nos confrères d’Automotive News rapportent qu’il pourrait même s’agir du « plus grand projet d’extraction de lithium par géothermie ». Stellantis peut espérer une capacité annuelle de 330 693 tonnes en équivalent de carbonate de lithium.

À lire aussi États-Unis : un plan Biden de 150 milliards d’euros pour la voiture électrique

Un investissement sur le sol américain stratégique pour le groupe automobile. Grâce à ces 100 millions de dollars investis chez CTR, Stellantis va rendre ses véhicules électriques éligibles aux subventions américaines. Dans son communiqué de presse, l’entreprise précise justement que « le lithium produit à Hell’s Kitchen permettra aux véhicules électriques de Stellantis d’être éligibles aux primes à la consommation de la loi américaine sur la réduction de l’inflation ».

L’entreprise s’engage sur une durée de dix ans. Les premières livraisons de lithium doivent débuter en 2027. Un porte-parole de Stellantis précise que le site sera en mesure de livrer « 65 000 tonnes d’hydroxyde de lithium monohydraté ». De quoi fabriquer suffisamment de batteries pour environ un million de véhicules électriques. Un coup de pouce de 3 750 dollars déduits du prix des véhicules électriques. Seulement ceux qui répondent aux critères du texte signé il y a quelques mois par Joe Biden.

Pour profiter des aides, il faut que les batteries des véhicules contiennent au moins 40 % de minerais extraits ou traités aux États-Unis. Ce taux va progresser au fil des années pour atteindre 80 % en 2027.

Stellantis est sur la voie de l’électrification

L’accord signé avec CTR rentre dans le plan Dare Forward 2030 présenté par Stellantis l’année dernière. Le groupe franco-italo-américain a annoncé son intention de livrer 100 % de véhicules électriques en Europe d’ici à 2030 et 50 % aux États-Unis. L’entreprise semble sur la bonne voie pour atteindre cet objectif. Les nombreux investissements réalisés témoignent de cette volonté. Désormais, Stellantis s’assure une capacité de batterie d’environ 400 GWh grâce à six usines de fabrication de batteries en Amérique du Nord et en Europe.

L’industrie craint que l’accélération de la production des véhicules électriques n’entraîne une pénurie des matériaux nécessaires à la fabrication des batteries. Voilà pourquoi Stellantis sécurise et s’assure de disposer de son propre approvisionnement en lithium. Avec les 25 véhicules 100 % électriques que le groupe a promis de mettre sur le marché nord-américain au cours des prochaines années, cela sera nécessaire. Selon le patron de CTR, « avec un approvisionnement local des batteries, Stellantis va minimiser les risques liés aux pénuries ».

À lire aussi Stellantis veut mettre les voitures électriques au régime avec une batterie lithium-soufre

Sans parler des nombreux emplois qui vont être créés sur un territoire souvent considéré comme « abandonné ». Le sud de la Californie ne ressemble pas au nord de l’État. Du côté de San Diego, à la frontière du Mexique, le taux e chômage est plus élevé qu’à San Francisco. Dans le cadre du projet Hell’s Kitchen de CTR, l’entreprise prévoit de créer 480 emplois dans le secteur de la construction et plus de 940 emplois directs pour faire tourner l’usine une fois qu’elle sera construite.

Un projet basé sur la géothermie

Parallèlement au développement des véhicules électriques, le groupe met également tout en œuvre pour « devenir une entreprise neutre en carbone d’ici à 2038 », toutes activités confondues. Pour atteindre cet objectif, l’entreprise mise notamment sur la géothermie. En France, l’usine de Mulhouse sera par exemple bientôt alimentée par de cette énergie. À Hell’s Kitchen, en Californie, Stellantis fait le même pari. L’hydroxyde de lithium sera récupéré à partir des saumures géothermiques de Salton Sea.

D’après l’entreprise minière, il n’est plus nécessaire d’utiliser des bassins d’évaporation, des mines à ciel ouvert et des procédés de traitement du lithium alimentés par des combustibles fossiles. La géothermie permet aussi d’extraire le lithium. Carlos Tavares précise que « le fondement de notre campagne de décarbonisation comprend une production à faibles émissions et un approvisionnement durable, deux éléments de base sur lesquels reposeront nos véhicules électriques ».