Avec l’apparition des boîtes robotisées, la législation autour du permis de conduire a évolué. Intéressé par le segment, Anthony a poussé l’idée un peu plus loin en faisant le choix de l’électrique pour ses élèves, de plus en plus nombreux.

Le permis de conduire est toujours une étape redoutée par les futurs automobilistes pour sa complexité. Mais aussi pour son coût final, dépassant de très loin le budget des plus jeunes. Avec l’arrivée des boîtes automatiques toutefois, la législation a donné un second souffle à l’épreuve : avec des rapports de boîtes qui passent seuls, le permis réclame moins d’heures de leçons et devient de ce fait plus abordable.

Professionnel du métier, Anthony a toutefois eu l’idée d’offrir une expérience de conduite plus inédite à ses élèves, en proposant un permis de conduite réalisé exclusivement sur des voitures électriques. Et il semblerait que le gérant d’Electric Conduite, située à Aix-Les-Bains en Savoie, ait fait un pari gagnant.

L’électrique : un choix évident

Il n’est plus nécessaire de justifier de 20 heures de leçons de conduite minimum pour se présenter à l’examen du permis de conduire : la législation française ne réclame désormais que 13 heures d’apprentissage pour faire face à l’inspecteur, qui délivrera le papier rose sous forme de carte à puce. Une évolution qui permet d’accéder au permis plus facilement (la formation mécanique et la difficile gestion des pédales et de la commande de boîte disparaissent) et à moindre coût : car avec 7 heures économisées, la balance finale penche en faveur de l’élève.

Devant cette nouvelle réglementation, Anthony a donc décidé de se relancer dans l’aventure avec l’auto-école Electric Conduite. « Ancien moniteur de conduite, j’ai été emballé par la conduite des voitures électriques. J’ai essayé une Tesla Model S il y a quelques années et ça été le déclic. Je suis électromobilien depuis 3 ans et grâce à cette nouvelle législation, j’ai décidé de relancer une auto-école, mais désormais uniquement électrique », nous raconte-t-il.

Des avantages financiers à la clé, mais pas que

Anthony de continuer sur les raisons de son choix : « Le passage à l’électrique pour l’auto-école était comme une évidence. Electric Conduite est d’une part plus rentable en raison de coûts de fonctionnement plus réduits, mais la motorisation électrique apporte aussi des avantages en matière de conduite, qui facilitent les premières heures d’un élève. Ce qui n’est pas forcement le cas d’une hybride, qui conserve tout de même les inconvénients du thermique sans forcément avoir les avantages d’une 100 % électrique ».

Car à la différence d’un véhicule thermique ou hybride doté d’une boîte automatique, la voiture électrique n’en dispose pas, justement. Cela permet ainsi de fluidifier la conduite, comme le souligne Anthony, ainsi que Clara et Lorine, les inséparables élèves qui nous ont transportés ce jour-là sur les rives du lac du Bourget. Les deux amies s’accordent à dire que, comme bien d’autres élèves, elles apprennent plus vite à rouler avec une électrique. Et qu’elles sont principalement attirées par l’avantage tarifaire de la formule. Anthony de préciser : « J’ai une préférence pour l’électrique en raison du couple instantané et de l’absence totale d’à-coups. C’est plus confortable, plus simple et plus silencieux ».

À ces critères de conduite, le gérant de l’auto-école soulève également les nombreux avantages financiers. À commencer par la rentabilité de son affaire : « Avec une voiture électrique, les frais de fonctionnement sont très largement réduits. Il n’y a pas ou très peu d’entretien courant. Les remplacements d’embrayages, réguliers en auto-école, sont oubliés alors que les changements des disques et plaquettes sont retardés grâce au freinage régénératif des voitures électriques ».

Des recharges offertes par la municipalité

À ce titre, Anthony tire pleinement parti de son choix en positionnant le frein régénératif de sa Hyundai Ioniq sur le niveau 3 : « Bien entendu, j’apprends aux élèves à freiner normalement, notamment en situation d’urgence. C’est un volet important dans l’apprentissage de la conduite. Mais une fois la leçon acquise, je remets le système au niveau 3. Cela permet aussi aux jeunes d’apprendre une conduite plus efficiente, qui passe par les économies d’énergie. C’est l’une de mes volontés pédagogiques pour la nouvelle génération ».

Comptant parmi l’un des premiers à faire confiance à la technologie électrique pour son auto-école, Anthony profite ainsi du soutien de la municipalité : « Le maire d’Aix-les-Bains m’offre les recharges. Je peux ainsi faire le plein sur les bornes du réseau de la ville ou sur les bornes CNR (NDLR, qui compte 50 bornes le long du Rhône, depuis le lac Léman jusqu’à Marseille). Le maire est particulièrement investi dans le développement de la mobilité verte. Il attend d’ailleurs son Hyundai Nexo à hydrogène. Il pourra se recharger dans la station de Chambéry fraîchement inaugurée ».

Une auto-école en Hyundai Ioniq Electric

Pour mettre en application ses ambitions, le gérant a fait le choix de la Hyundai Ioniq Electric, pour l’heure la seule habilitée à se présenter à l’examen final du permis de conduire : « J’ai essayé les citadines qui servent typiquement à l’apprentissage. Les Peugeot e-208 et Renault Zoé sont très sympas, mais elles n’ont pas le confort et l’espace à bord de la Ioniq. J’ai aussi tenté l’expérience avec un Hyundai Kona, mais je ne pense pas que les plus grands gabarits puissent y trouver leurs aises à bord, ce qui m’a conforté dans le choix de la Ioniq ».

Une valeur sûre pour assurer l’exercice de ses fonctions. Car rappelons que la Hyundai Ioniq Electric est l’une des électriques les moins énergivores que nous avons essayées. À la question de l’autonomie, Anthony est toujours confiant : « En hiver avec le chauffage activé et sur des parcours typiques de l’examen, j’ai une consommation moyenne de 15,8 kWh/100 km (près de 242 km). Avec des températures plus douces, je peux descendre à 12,2 kWh/100 km (près de 315 km). Ce qui est suffisant pour une journée habituelle de leçons. Si je suis en manque d’énergie, je peux faire une recharge rapide entre deux leçons ».

Une autorisation fastidieuse avec Tesla

Toutefois, la Hyundai Ioniq n’était pas le choix initial d’Anthony pour ses élèves. Cet ancien pilote de course en Formule Renault, Formule 3 et Superkart 250 a lorgné de près la Tesla Model 3. Cependant, des raisons administratives l’ont poussé à s’en séparer, faute d’exploitation dans les temps : car pour donner des leçons de conduite et présenter la voiture à l’examen, la carte grise doit porter la mention véhicule-école. Cette case s’obtient après l’installation d’un dispositif de commandes déporté (pédales côté passager et boîtier de contrôle des avertisseurs lumineux et sonores), elle-même conditionnée par une autorisation écrite de la part du constructeur.

Et c’est là qu’Anthony a fait face à un parcours du combattant avec la firme californienne : « J’ai effectué ma demande auprès de Tesla. Mais celle-ci est d’abord partie aux Pays-Bas puis a été envoyée jusqu’au fief de la marque à Palo Alto. En attendant une réponse, un confrère m’a alors indiqué qu’il a attendu plus de neuf mois avant d’avoir son autorisation. Je ne pouvais pas me permettre d’attendre aussi longtemps, sachant que Hyundai France a été bien plus rapide ».

Prochaine étape ? La Citroën Ami

Mais l’idée d’une aventure avec une Tesla n’est pas totalement abandonnée par Anthony, qui y voit aussi un argument de plus auprès de la jeunesse, pour qui une voiture électrique n’est rien d’autre qu’une Tesla. Mais en attendant, d’autres voitures électriques pourraient rejoindre le parc d’Electric Conduite. À commencer par le Mazda MX-30 et la Mini Cooper SE. Mais aussi la Citroën Ami, qui servira notamment à l’auto-école pour la formation au permis AM, l’équivalent de l’ancien BSR exigé pour conduire l’électrique aux chevrons.

Rappelons que si le permis sur boîte automatique peut être passé en seulement 13 heures de leçons (Anthony précise qu’il est possible d’avoir son permis en une semaine avec un rythme soutenu, mais réglementaire), il reste parfaitement conforme au permis standard à l’examen. Aussi, il n’est pas possible au jeune conducteur de conduire autre chose qu’une boîte automatique pendant trois mois en raison du code restrictif 78. Passé ce délai, le conducteur pourra en revanche envisager une formation de 7 heures sur boîte manuelle (sans nouvelle épreuve du Code de la route et de l’examen de conduite).