Dans un nouveau rapport, l’ICCT a fait le point sur l’atteinte des objectifs CO2 des différents constructeurs. Si certains groupes sont dans les clous, d’autres sont en plus grande difficulté.

Quelques explications préalables nécessaires

Avant de commenter les chiffres fournis par l’ICCT (Conseil international pour un transport propre), quelques explications s’imposent afin de comprendre comment et pourquoi certains constructeurs s’en sortent mieux que d’autres.

Différents mécanismes leur permettent une relativement grande souplesse dans les objectifs à atteindre. Ainsi, les 5% de nouvelles immatriculations pour les modèles de voitures particulières les plus émissives sont ignorées. Ce qui permet de gagner entre 2 et 5 grammes. Il est encore possible de grappiller jusque 7 g au titre des nouvelles technologies d’éco-innovation déployées.

En outre un super crédit est accordé qui revient à comptabiliser 2 fois les véhicules émettant moins de 50 g/km de CO2, toujours selon la norme NEDC. L’ensemble finit par donner des objectifs très différents, de 92 g pour Peugeot à 109 pour Volvo.

Enfin, par les fameux rachats de crédits CO2, des groupes sont associés à des constructeurs ne produisant que les véhicules électriques. Ainsi Tesla avec FCA (Alfa Romeo, Fiat, Jeep, Lancia), et MG avec Volkswagen (Audi, Porsche, Seat, Skoda, VW). Renault et Nissan, au contraire, font bande à part. Kia et Hyundai aussi. Mercedes, quant à lui, est naturellement associé à Smart.

Au bout du compte, ceux qui n’auront pas atteint leurs objectifs seront sous le coup d’une pénalité de 95 euros par gramme de dépassement multipliés par le nombre de VP vendues.

PSA, seul dans les clous

En calculant la moyenne des ventes de voitures particulières sur les 8 premiers mois de l’année, le groupe PSA (Citroën, DS Automobiles, Opel, Peugeot, Vauxhall) est le seul à satisfaire en 2020 à ses objectifs fixés à 92 grammes de CO2 par kilomètre. Sur cette période, il a vendu 1.057.662 VP en Europe, en baisse de 40% par rapport à l’année précédente, dont 6% de modèles branchés (électriques à batterie ou PAC H2 et hybrides rechargeables). En 2019, les ventes de ces derniers étaient négligeables.

Une progression impressionnante pour le Lion, puisque Renault compte seulement 7% de véhicules rechargeables (3% en 2019) sur 724.882 ventes de VP (-36%) entre janvier et août 2020. Il manque au Losange 3 points pour faire aussi bien que PSA (95 g en moyenne pour une cible à 92 g).

Volvo et Nissan sont entre les 2, à 2 grammes de leurs objectifs. Le premier se distingue comme bénéficiant du plus fort taux de modèles rechargeables dans ses voitures vendues : 26% sur 162.854 unités (en baisse de 24% par rapport à janvier-août 2019). L’année dernière, Volvo était déjà sur la première marche du podium avec 9% d’exemplaires branchés.

Les lanternes rouges

Sera-t-on étonné de trouver en lanterne rouge Daimler (440.147 ventes, en baisse de 34%), à 15 points de ses objectifs (117 contre 102 g) ? Le taux de modèles rechargeables a heureusement pour le groupe progressé de 2 à 12% en 1 an, avec même un pic à 21% pour août 2020. Seuls Volvo (32%) et Kia (22%) font mieux sur ce seul mois.

Il manque respectivement 12, 11 et 8 points à FCA-Tesla, Volkswagen et Ford pour rentrer dans les clous. Grâce à son rapprochement avec Tesla, FCA est crédité de 10% de voitures rechargeables vendues sur les 8 premiers mois de 2020 pour 464.348 VP nouvellement immatriculés (en baisse de 39%), contre 7% sur la même période de 2019. Bien que communiquant très largement sur ses électriques, le groupe Volkswagen ne peut prétendre qu’à 7% de modèles branchés dans ses ventes 2020 (1.827.967, en baisse de 31%).

Chez Ford : 5% d’unités émettant moins de 50 g/km de CO2 dans les ventes de janvier à août 2020 (417.068, -38%). C’est presque le plus petit taux de représentation en modèles électriques et hybrides rechargeables en Europe. Cependant, rien que pour août dernier, Ford fait mieux : 9%. Ce qui est supérieur à PSA (6%) et Renault (8%).

Hors petits constructeurs dont les chiffres des ventes sont peu significatifs, c’est le regroupement Toyota-Mazda qui s’illustre comme à la traîne en matière d’électriques et Plug-In Hybrid : 0% en 2019, 0% en 2020, mais 1% en août. Ce qui ne l’empêche pas d’être à seulement 4 points de ses objectifs (99 pour 95%).

Les pays les plus électriques

Sur la période qui s’étend de janvier à août 2020, la part des voitures électriques et hybrides rechargeables s’élève en Europe à 8% (11% juste pour août 2020) sur 7.128.753 VP vendues (en baisse de 34%), contre 3% sur la même période de 2019. Les meilleurs élèves sont la Norvège (69%), l’Islande (39%), la Suède (27%), la Finlande (16%), les Pays-Bas (14%), le Danemark (12%) et le Portugal (11%).

L’Allemagne et la France n’arrivent qu’après, avec 9% – tout de même un peu au-dessus de la moyenne européenne – pour respectivement 1.776.604 (en baisse de 29% par rapport à 2019) et 977.416 (-33%) voitures particulières nouvellement immatriculées. En revanche, outre-Rhin, le pourcentage s’élevait à 14% rien que pour août, contre seulement 11% pour l’Hexagone.

L’ICCT a souhaité faire un petit focus sur la Belgique où une progression assez régulière des modèles rechargeables (35% d’électriques / 65% de Plug-In Hybrid) est observée depuis 1 an, passant de 2,5 à 10,4% des ventes. Et ce, alors que les aides à l’achat ne sont pas régulières selon les régions.