Vue sur Lyon – Flickr CC Jeanne Menjoulet.

Pour choisir leur équipe municipale et métropolitaine, les français sont appelés aux urnes les 15 et 22 mars prochain. Mais quelles-sont les promesses de campagne des candidats concernant la mobilité électrique ? A travers une série de trois articles, Automobile-Propre fait le tour des programmes dans les trois plus grandes villes du pays : Paris, Marseille et Lyon. Ce troisième et dernier volet vous embarque dans les annonces des prétendants à la mairie de Lyon.

Notre série spéciale municipales :
Les promesses des candidats à Marseille
Les promesses des candidats à Paris

Le contexte

La capitale des Gaules est une des grandes villes françaises les mieux pourvues en bornes de recharge. Le territoire communal compte 126 points de charge à mi-mars 2020 dont une immense majorité de bornes du service d’autopartage Bluely. Identique à l’ex-Autolib parisien, le réseau permet de recharger les Bolloré Bluecar du service mais également les véhicules électriques des utilisateurs abonnés. La disponibilité des bornes déployées à Lyon semble très bonne, seules quelques-unes apparaissent hors d’usage sur Chargemap. La quasi-totalité des parkings souterrains publics de la commune sont équipés de prises de recharge.

La métropole du Grand Lyon a annoncé fin 2018 l’arrivée de 600 nouvelles bornes AC 22 kW et 31 bornes DC 51-150 kW via un partenariat avec la filiale d’EDF Izivia. Le déploiement doit s’effectuer cette année. Ni la ville ni la métropole ne propose d’aide locale à l’achat d’une voiture électrique. Lyon offre seulement un rabais sur les prix et abonnements du stationnement en voirie pour les véhicules bénéficiant d’une vignette Critair verte. L’offre de transports en commun étant abondante dans la métropole, les résidents sont moins dépendants du véhicule individuel. Par ailleurs, Lyon exploite 131 trolleybus électriques à travers 9 lignes et plusieurs autobus au gaz naturel.

Pour la première fois, les lyonnais sont invités à élire séparément les élus municipaux et métropolitains. Gérard Colomb (LREM), le maire sortant en poste depuis 2001, brigue la présidence du Grand Lyon et ne se présente donc pas à sa propre succession. Huit candidats tenteront dimanche de s’emparer de l’hôtel de ville.

Le service d’autopartage Bluely.

Les promesses des candidats

Grégory Doucet (Maintenant Lyon pour tous)

Le candidat écologiste soutenu par EELV fait peu mention de l’enjeu du véhicule électrique et de l’infrastructure de recharge. Son programme insiste sur le développement du vélo, des transports en commun, de la marche à pied et prône une réduction de l’usage de la voiture personnelle. Grégory Doucet souhaite toutefois développer « une offre massive d’autopartage » avec le gestionnaire des parkings publics Lyon Parc Auto, sans précision sur le type de motorisation. Une solution qui viendrait s’ajouter au service Bluely, qui propose 270 voitures électriques et 100 stations de recharge à travers la métropole.

Concernant le transport de marchandises, le prétendant promet un « réseau d’hôtels de logistique urbaine » assurant des « tournées (…) effectuées avec des véhicules à motorisation non polluante ». Il annonce le « renforcement du dispositif ZFE (zone à faible émissions) » et une « limitation du trafic de transit dans la ville ». Les autocars touristiques fonctionnant au diesel seront tout aussi limités « au profit de transports électriques », annonce Grégory Doucet. Évasivement, il évoque une ville qui doit « rouler (…) au biogaz ou à l’électricité renouvelable ». Enfin, le candidat vert annonce la mise en place d’« aides à l’achat d’un vélo électrique ou d’un vélo-cargo de 200 € (…) augmentées à 500 € en cas de cession d’un véhicule thermique ».

Yann Cucherat (Un temps d’avance)

Le successeur désigné de Gerard Colomb est porté par plusieurs partis, dont LREM, le Modem et l’UDE. Son programme évoque largement la mobilité électrique, et en particulier le véhicule zéro-émission. Il note une « révolution des véhicules électriques (qui) est en marche ». « Cette transition des véhicules individuels à l’électrique est un enjeu majeur pour notre agglomération » annonce Yann Cucherat. Il estime que « d’ici 2030, le plus gros contributeur pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et les économies d’énergie sera la voiture électrique ». Dans ce sens, l’ex-athlète promet « un plan de déploiement de bornes de recharge pour véhicules ».

Concrètement, le candidat annonce « un accompagnement technique et (un) tiers-financement via les opérateurs privés » pour l’installation de bornes sur la voie publique. Des aides sont également prévues pour les particuliers, « notamment dans les copropriétés ». « Notre objectif dans le temps du mandat sera de couvrir 25% du parc de copropriétés (en bornes de recharge) » promet-il. « Notre première priorité ira vers une électrification massive de notre système de transport tant collectif, logistique qu’individuel » annonce le candidat. Il compte également explorer des « énergies alternatives de propulsion telles que l’hydrogène ». Une énergie qui selon lui représente « un complément extrêmement intéressant dans l’optique d’un développement de l’automobile partagé ».

« Nous engagerons dans le même temps des discussions avec les grands fournisseurs d’énergie, en particulier ENEDIS et RTE, pour développer un réseau local adapté pour le développement du véhicule électrique » écrit-il dans son programme. Le prétendant souhaite un « développement rapide de l’électrification » du parc automobile de la métropole. Manifestement bien informé sur l’enjeu, Yann Cucherat explique qu’ « il n’y aura pas de voiture électrique propre, quelle que soit la filière, sans un développement considérable de la production électrique renouvelable ».

Un trolleybus électrique à Caluire-et-Cuire – Flickr CC Anthony Levrot.

Georges Képénékian (Respirations)

Candidat LREM dissident, Georges Képénékian aborde partiellement le sujet du transport électrique. Il annonce la mise en place d’un « forfait mobilité durable » sans détailler son contenu. « Nous ferons en sorte que toutes les lignes de bus traversant Lyon soient à énergie bas carbone et sans pollution locale à la fin du mandat, en privilégiant les bus électriques » écrit-il dans son programme. Le candidat souhaite convertir « la totalité de la flotte des véhicules de la ville vers des véhicules à énergie moins polluantes (électricité, gaz naturel ou hydrogène) ».

Évoquant la pollution atmosphérique, Georges Képénékian promet une « politique de mobilité visant à diminuer le nombre de voitures en ville en dissuadant leur entrée ». Enfin, il annonce qu’il mettra à disposition des services techniques de la ville « des vélos à assistance électrique et triporteurs électriques ».

Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en commun)

La candidate DVG ne fait aucune mention du véhicule électrique et de l’infrastructure de recharge dans son programme. Nathalie Perrin-Gilbert soutien la gratuité « universelle » des transports publics. Elle promet de les développer aux côtés d’un « plan vélo ambitieux avec des voies vélo express ». Elle souhaite également transformer « le périphérique actuel entre la Porte de Gerland et la Porte de Saint-Clair en boulevard urbain privilégiant les modes doux ».

Sandrine Runel (Vivons vraiment Lyon)

Soutenue par le PS et diverses forces de gauche, Sandrine Runel promet de « systématiser les stationnements avec bornes de recharge ». Une mesure pertinente mais isolée. Le programme de la candidate n’évoque en effet que très partiellement la mobilité électrique. Sandrine Runel annonce ainsi la « création de zones logistiques mutualisées pour permettre une livraison du dernier kilomètre en véhicule propre ». Elle souhaite aussi « rendre obligatoire les 2 roues électriques pour les livraisons type pizza » et « consulter les lyonnais.e.s après un débat public sur l’interdiction des diesels en 2024 et sur les mesures d’accompagnement indispensables ». La prétendante annonce enfin un plan vélo de 20 millions d’euros sur la durée du mandat et l’obligation d’aménagement de voies réservées pour les transports publics lors de la création de nouvelles voiries.

Une station du service d’autopartage Bluely – Photo Bluely.

Denis Broliquier (Positivons Lyon)

Pas d’annonces électriques pour le candidat centriste. Denis Broliquier promet simplement des « plateformes logistiques, dans la première couronne de Lyon, pour le stockage des marchandises et la livraison du dernier kilomètre (via des) véhicules décarbonnés ». Il évoque également la mise en place d’une « flotte de triporteurs électriques pour des déplacements à la demande ». Le prétendant estime que les transports en commun « sont la seule alternative durable et fiable à la voiture » et souhaite investir 1,6 milliards d’euros dans leur développement. Dans son programme, il promet un « péage de transit » routier dont les ressources « serviront au financement de nouveaux transports en commun ».

Agnès Marion (Pour l’amour de Lyon)

Le programme de la candidate du Rassemblement National n’évoque pas les thèmes de la pollution de l’air et de la mobilité électrique. Une seule mesure concerne les transports : la création de « deux lignes de transport fluvial express » entre l’île Barbe et Confluence ainsi qu’entre la Cité internationale et Gerland.

Étienne Blanc (Bleu blanc Lyon)

Le candidat LR n’est pas vraiment convaincu par le véhicule électrique. Dans son programme, il annonce clairement sa préférence pour l’hydrogène. Etienne Blanc veut faire de Lyon une « nouvelle capitale de la mobilité hydrogène » en convertissant la flotte d’autobus et de véhicules « standards » de la ville. Il souhaite lancer des incitations pour la transition des taxis et VTC vers cette énergie, qui à cette occasion seraient colorés en « vert pomme » pour créer « un nouvel emblème ». Il promet même le doublement de la prime gouvernementale à l’achat d’un véhicule propre « pour les véhicules à hydrogène ». Pour cela, il précise compter sur le soutien de la région et de la commission européenne.