Faute de bornes, de nombreux utilisateurs de voitures électriques rechargent en tirant un câble depuis leur appartement. Le phénomène à un nom : le « yolocharging ». Une solution clandestine qui pourrait bientôt s’inscrire dans un cadre légal grâce à l’action d’une association.

Recharger sa voiture électrique en ville relève souvent du parcours du combattant. Il n’y a pas assez de bornes publiques et installer une prise dans son parking n’est pas toujours aisé. Les quelques rares bornes en voirie sont prises d’assaut, parfois hors-service ou squattées par des voitures thermiques. Si face à ces obstacles, certains automobilistes renoncent à l’électrique, les plus courageux s’y sont adaptés.

Faire le plein depuis son appartement

Ces aficionados de la voiture à batterie n’hésitent pas à tirer un câble depuis leur bureau ou appartement pour faire le plein. Des fils qui traversent la voie publique, serpentent le long d’un arbre ou d’un lampadaire et sont parfois maintenus par de douteux bricolages. Ce phénomène appelé « yolocharging » prend de l’ampleur au cœur des grandes villes, malgré son caractère totalement illégal. Inquiets d’un assaut des autorités qui anéantirait leur unique solution de recharge, ces MacGyver de la voiture électrique veulent faire entendre leur voix.

Ils viennent de lancer l’association « Shut up and span my cable » (« tais-toi et enjambe mon câble »), dans l’optique de rendre la pratique légale. Très actifs, ses membres seront prochainement reçus au ministère de la Transition écologique. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ils n’y plaideront pas en faveur d’une multiplication des bornes publiques. Les yolochargeurs veulent pouvoir continuer à recharger leur véhicule depuis leur propre prise.

« Les bornes publiques à 40 € le plein, on n’en veut pas »

« Les bornes publiques à 40 € le plein, on n’en veut pas », clame Michel Rascasse, leur président. « Quand on branche chez nous, on paye l’électricité au prix normal, en heures creuses, c’est même pas 10 € la recharge. Et puis on s’embête pas avec des badges, des applis et des abonnements spécifiques », explique le responsable. « Même s’ils installaient 50 bornes par rue, ça ne changerait rien, elles sont squattées par des ventouses, on ne peut jamais être sûr de pouvoir s’y brancher au quotidien » s’agace-t-il. S’ils obtiennent gain de cause, les rues pourraient bien se transformer en vaste toile d’araignée. Spiderman n’a qu’à bien se tenir…