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La Toyota Yaris hybride est aujourd’hui la voiture hybride la moins chère du marché.

Exception faite des coréens Kia et Hyundai qui commercialisent depuis peu de nouveaux modèles hybrides assez aboutis, depuis plus de 15 ans, le marché du véhicule hybride se résume assez simplement à la situation suivante : Toyota/Lexus seuls face au reste du monde.

Une situation paradoxale compte tenu du potentiel élevé qu’offre cette technologie à travers le monde.

Une question de bon sens

En 2016, il suffit de regarder l’usage réel que les automobilistes font de leur voiture pour prendre la mesure du formidable potentiel qu’offre la technologie hybride. Que ce soit en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Asie ou au Moyen Orient, le monde s’urbanise chaque jour un peu plus à une vitesse sans précédent.

Face à cela, les inconditionnels du VE et des modes alternatifs à la voiture particulière répondent invariablement que l’hybride classique est un leurre dès lors qu’elle reste une technologie totalement dépendante du pétrole.

Une réalité qu’il convient pourtant de nuancer à plusieurs titres : dans de très nombreux pays, le mix-énergétique de l’électricité produite est tel que le bilan environnemental d’un véhicule hybride fait facilement jeu égal avec un VE, sinon mieux. Et il est très probable hélas que cela soit encore vrai dans 10 ans…

Quant aux transports alternatifs à la voiture individuelle – transports collectifs en tête – est-il besoin de rappeler ici les nombreux cas de figure où ces alternatives peinent à rivaliser avec la voiture individuelle étant donnés les nombreux cas de figure où elles répondent mal aux besoins des usagers (tissu urbain peu dense, voyages aux horaires creuses, déplacement professionnel, déplacements à plusieurs, etc…) ?

Bref, pour beaucoup d’autres raisons encore, la technologie hybride constitue dans bien des situations une bonne alternative à l’auto 100% pétrole. D’autant que contrairement à l’électrique, même en l’absence d’aide publique, l’hybride est désormais une technologie compétitive face au thermique malgré une architecture beaucoup plus complexe.

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Avec le Niro, Kia fait un premier pas sur le segment des crossovers hybrides

Un (tout) petit pas vers l’électrique…

Si l’autonomie EV d’un véhicule hybride classique est de fait limitée par la faible capacité de la batterie hybride, la présence d’un (puissant) moteur électrique et d’une petite batterie s’avère néanmoins suffisante pour gouter aux joies de la propulsion électrique dans bien des situations. A commencer bien sûr par les inévitables trajets effectués en zone urbaine, où la vitesse maxi autorisée dépasse rarement 50 km/h voire encore moins dans bien des cas.

Autant de situations au cours desquelles, les conducteurs de véhicules hybrides prennent rapidement conscience du formidable gaspillage que constituent les véhicules thermiques, SUV diesel en tête.

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Bien qu’éphémère, le mode électrique des voitures hybrides n’en demeure pas moins utile, notamment en milieu urbain…

On rappellera à ce sujet qu’en milieu urbain, les émissions à l’échappement d’un véhicule hybride bien conduit sont beaucoup plus proches de celles d’un pur VE que d’un véhicule thermique non hybride, fût-il équipé d’un dispositif stop & start. Car aussi modeste soit la batterie hybride, sa capacité s’avère au final suffisante pour éviter le recours au moteur thermique dans bien des cas de figure. Or, on rappellera une fois encore que si la propulsion électrique offre de nombreux atouts, c’est surtout en ville que sa valeur ajoutée est la plus forte comparativement à l’auto à pétrole.

Autre atout bien connu de l’hybride : l’encouragement à passer au 100% électrique ou à l’hybride rechargeable. Une évolution attendue de la part de nombreux propriétaires d’hybride, sous réserve bien entendu de trouver des modèles compétitifs, adaptés à leur besoin et à leur moyen financier.

Avec l’HYbrid 4, PSA a bien tenté ces dernières années d’apporter sa contribution dans la catégorie « hybride-diesel ». La suite de l’histoire, tout le monde la connait : trop couteuse et trop complexe du fait d’une architecture moteur adaptée aux contraintes du moteur diesel, l’hybride-diesel tirera discrètement sa révérence d’ici quelques mois pour céder la place à l’hybride-essence à partir de 2018/2019…

A propos de l’hybride rechargeable

Pour nombre d’automobilistes qui suivent avec attention les évolutions technologiques en cours en matière de motorisation, l’hybride rechargeable constitue bien souvent la solution idéale par rapport à leur besoin. Soulignons à ce propos que depuis cette année, même les Norvégiens commencent à plébisciter ce type de motorisation, y compris face à l’électrique pur !

Reste un point sur lequel la technologie hybride rechargeable peine encore à convaincre face à l’hybride classique : le prix.

En l’absence d’aide publique, le surcoût à l’achat de ce type de motorisation se révèle très difficile à amortir par rapport à l’hybride classique. Excepté sur les véhicules haut de gamme où le critère prix est généralement moins prépondérant que sur les modèles d’entrée et de milieu de gamme, on voit mal comment cette technologie pourrait réussir à concurrencer les motorisations thermiques et les hybrides classiques eu égard au coût actuel de la technologie hybride rechargeable…

Sans parler des difficultés à intégrer en plus des 2 moteurs, une batterie de capacité suffisamment importante pour offrir une autonomie électrique de 30 kilomètres minimum sous le capot d’un véhicule compact…

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Encore trop chers à l’achat, les voitures hybrides rechargeables ne sont pas encore prêtes à investir le “mass market”. Ici, une Volkswagen Golf GTE

Innover pour exister

Face aux contraintes techniques et financières qui s’imposent à la majorité des constructeurs automobiles, quel sera celui qui osera innover à la faveur d’une nouvelle architecture innovante plutôt que de se contenter d’innovations de façade ou de pales copies de ce qui existe déjà ailleurs ?

Quel sera le 1er constructeur à abandonner le moteur 100% thermique sur ses modèles d’entrée et de milieu de gamme au bénéfice de l’électrique pur, éventuellement complété d’un prolongateur d’autonomie en option pour améliorer la polyvalence d’usage et répondre ainsi aux attentes et/ou aux besoins de certains usagers ?

Régulièrement critiqué sur ce blog pour son manque d’ambition en faveur de la voiture électrique, le géant Toyota fait paradoxalement partie des constructeurs ayant le plus innové au cours des 20 dernières années pour réduire l’impact environnemental de l’automobile en ville.

Si sa technologie hybride reste dépendante du pétrole, sa diffusion à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde a déjà permis de réduire dans des proportions importantes les émissions de polluants en milieu urbain. On aimerait beaucoup pouvoir en dire autant de la concurrence. Hélas, même chez les constructeurs ayant fait le choix de l’électrique (souvent au détriment de l’hybride…), jusqu’à présent, les volumes de ventes sont tel que le leader mondial de l’hybride n’a pas vraiment de raison de s’inquiéter ni de remettre fondamentalement en cause ses choix stratégiques face à ses concurrents.

Espérons alors que de nouvelles innovations de rupture viendront bouleverser un peu la donne dans les prochaines années. Sans quoi, les villes du futur continueront à porter les stigmates d’une industrie qui peine plus que toutes les autres à faire sa révolution…