Ce mercredi le parlement européen a adopté un projet de réglementation visant à réduire les émissions de CO2 des voitures neuves de 40 % d’ici 2030. Les députés veulent aussi soutenir la production de voitures électriques ou à faible émission (moins de 50 g CO2/km). En 2030 elles devront représenter 35 % des ventes de voitures neuves.

Il y a deux semaines, nous annoncions la volonté de la commission Environnement du parlement européen de réduire de 45 % les émissions de CO2 des voitures neuves d’ici 2030. Ce mercredi, à Strasbourg, le projet a été soumis en séance plénière au vote du parlement. Celui-ci a modéré l’ambition : 40 % en 2030 (au lieu de 45 %), avec un objectif intermédiaire de 20 % d’ici 2025. Ce vote obtenu par une majorité de 389 voix pour, 239 contre et 41 abstentions est le résultat d’un compromis entre la gauche (écologistes et socialistes) et le centre droit.

Le rétropédalage des députés s’explique par un lobbying intense exercé par l’industrie automobile (emmenée principalement par les constructeurs allemands) et par le PPE (démocrates-chrétiens), principal parti du parlement européen, sensible aux intérêts des industriels.

Le transport est le seul secteur de l’Union Européenne où les émissions de gaz à effet de serre sont toujours en augmentation”, rappellent les députés pour justifier leur vote. “Afin de respecter les engagements pris lors de la COP21 en 2015, la décarbonisation de l’ensemble du secteur des transports doit s’accélérer, pour atteindre zéro émission d’ici 2050

Comme nous l’expliquions dans un article précédent, l’ACEA (Association des constructeurs automobile européens) entendait freiner ce qu’elle appelle la « marche forcée » vers la voiture électrique et proposait, en agitant la menace pour l’emploi, un objectif minimaliste de 20 % de réduction des émissions en 2030. A l’opposé, les Verts européens plaidaient pour une réduction de 50 %. Quant aux climatologues ils expliquent qu’il faudrait réduire ces émissions de 70 % en 2030 et de 100 % en 2050 pour satisfaire aux objectifs fixés par la COP21 à Paris (hausse des températures de maximum 2 % en 2100). C’est notamment le discours tenu par Jean-Pascal van Yperzele, professeur de climatologie à l’université de Louvain (Belgique) et ancien vice-président du GIEC.

Notons que les objectifs adoptés seront calculés sur base des émissions constatées en 2021. Ils seront contraignants pour les constructeurs : ceux qui ne les respecteront pas devront payer des amendes qui seront versées au budget de la Commission européenne. Elles seront utilisées pour former les travailleurs du secteur automobile afin que leurs compétences puissent s’adapter à l’évolution technologique du secteur.

La production de voitures électriques doit s’accélérer

Le texte adopté par le parlement vise aussi à accélérer la production de véhicules électrifiés. En 2025, les voitures électriques ou à faibles émissions (moins de 50 gCO2/km) devront représenter 20 % de parts de marché et 35 % au moins en 2030. Des objectifs identiques sont fixés pour le marché des utilitaires légers. Ici aussi, la commission Environnement s’était montrée plus exigeante, proposant une part de marché de 30% en 2025 et de 40% en 2030.

Autre mesure emblématique adoptée par le parlement européen sur fond de dieselgate :  des dispositions réglementaires sont prévues pour éviter que les constructeurs ne manipulent les tests. D’ici 2 ans, la Commission européenne devra présenter des règles à respecter pour éviter les fraudes lors des tests en conditions réelles.

Prochaine étape

Ce vote historique n’est qu’une première étape. Pour que les mesures votées par le parlement entrent en vigueur, elles doivent aussi être adoptées par le Conseil des ministres de tous les Etats membres. Celui-ci se réunira le 9 octobre pour en débattre. Il semblerait que 19 pays sur 28 soient favorables aux mesures votées à Strasbourg. Par contre, l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie s’y opposent. Pour Julia Poliscanova de l’ONG Transport & Environment, “nous ne pouvons pas accepter que l’Allemagne tienne tout un continent en otage en raison de sa stratégie ratée en faveur du diesel. Mardi prochain, les ministres doivent approuver la décision du parlement”.