Selon le baromètre EVBox de la mobilité, 4 automobilistes français sur 10 passeraient à l’électrique si les bornes de recharge (ultra)rapides se multipliaient.

Rien de bien nouveau

Comment nombre des décideurs privés et surtout publics pour le développement des réseaux de recharge, et même des constructeurs de voitures électriques et hybrides rechargeables, ont-ils pu passer à ce point à côté de cet élément essentiel qu’est la recharge rapide ? Depuis une dizaine d’années, Automobile Propre et les pionniers de la mobilité branchée souvent réunis en associations, puis les nouveaux électromobilistes, tirent continuellement le signal d’alarme à ce sujet.

Puisque les ménages utilisent leurs voitures aussi bien pour se rendre au bureau à quelques kilomètres que pour les escapades du week-end et les vacances à l’autre bout de la France, et même dans les pays limitrophes et au-delà, il est nécessaire de doter les territoires d’infrastructures de recharge compatibles avec ces scénarios.

Se contenter d’implanter massivement des bornes 22 kW ne répondra que très partiellement aux besoins. Maintenant que les batteries des voitures électriques permettent de plus en plus d’avaler plusieurs centaines de kilomètres sans s’arrêter, il faut un maillage à la hauteur. C’est incontournable !

Un des principaux points d’incertitude

Zones blanches, réseaux de recharge rapide arrêtés, borne à haute puissance unique par station et n’acceptant qu’une voiture électrique à la fois, moyens de paiement compliqués, affichages déficients, etc. : tous ces problèmes rapportés par les médias, un voisin, ou un membre de la famille bloquent les automobilistes dans leur volonté de passage à l’électrique.

Ce nouveau baromètre de la mobilité confirme que les conducteurs français sont parmi les mieux renseignés d’Europe, 68 % d’entre eux sachant faire la différence entre recharge rapide et recharge normale. Les voitures électriques sont matures, les systèmes de recharge le sont aussi : il ne reste plus qu’à développer des maillages efficaces et accessibles.

C’est en substance ce que rappelle une nouvelle fois l’enquête réalisée par Ipsos pour le compte d’EVBox : « L’incertitude de trouver des points de charge le long de la route est citée comme l’un des principaux freins à la mobilité électrique. Seulement 25 % des citoyens français pensent qu’ils seront capables de recharger sur la route ». Un pourcentage qui grimpe cependant à 42 % auprès de ceux qui sont déjà devenus électromobilistes. C’est mieux dans les territoires qui proposent des réseaux plus étoffés. Ainsi aux Pays-Bas (52 %) et en Allemagne (60 %).

Recharge majoritairement chez soi

Une nouvelle fois, l’étude communiquée par EVBox souligne que les conducteurs européens rechargent leurs voitures électriques principalement à la maison (73 %), et de plus en plus sur le lieu de travail (40 %). Des habitudes qui peuvent se satisfaire de bornes de 22 kW, et même 7 kW de puissance.

Pour les déplacements longs, les automobilistes européens souhaitent trouver des chargeurs (ultra)rapides sur les parkings publics en ville (41 %), sur ceux des supermarchés (35 %), les aires et stations-service d’autoroutes (35 %), les centres commerciaux et autres grandes surfaces (32 %), mais aussi sur les lieux de travail (32 %). Actuellement, ce matériel est principalement exploité sur les autoroutes (55 %), à proximité des commerces (48 %), et dans les parkings des zones urbaines (47 %).

 

En France, seulement 22 % des conducteurs sont hostiles à payer plus cher la recharge rapide. Parmi les attentes exprimées pour les chargeurs à fortes puissances : des indicateurs qui affichent l’état de l’opération en cours et la disponibilité de la station (40 %), des écrans tactiles interactifs (34 %), un bon éclairage (28 %), et un système efficace de gestion des câbles (25 %).

Montée en puissance de la recharge rapide

Désormais, les électromobilistes européens sont 43 % à exploiter les chargeurs à haute puissance entre 3 et 10 fois par mois. « Le baromètre EVBox de la mobilité confirme le besoin en bornes de recharge ultrarapides afin d’accélérer davantage la transition énergétique du parc roulant automobile français », souligne en commentaire de l’étude Corinne Frasson, directrice France d’EVBox.

Elle espère que la situation dans l’Hexagone va positivement évoluer avec les différentes actions du plan de relance et, en particulier, l’engagement du gouvernement de proposer un maillage composé de 100 000 points de recharge au moins. À condition que les responsables des réseaux n’oublient pas les chargeurs à haute puissance.

La nouvelle version du programme Advenir rend éligible à une aide de 9 000 euros l’installation d’un tel matériel ouvert au public. Le gouvernement compte mobiliser une rallonge de 100 millions d’euros pour soutenir le développement de la recharge ultrarapide le long des aires d’autoroutes et des nationales.

Il faut faire vite : la hausse du nombre des voitures et utilitaires électriques en circulation provoque de plus en plus de files d’attente à certaines heures et certains jours. Tout simplement inconcevable pour les automobilistes français !