Selon une étude, une voiture hybride rechargeable qui utilise de l’E85 aurait un bilan carbone équivalent à celui d’un modèle électrique.
Grâce à son prix attractif, l’E85 ne cesse de faire des adeptes. Mais ce carburant avantageux pour le budget des automobilistes est menacé. La Commission européenne souhaite en effet interdire la vente de tous les véhicules neufs qui rejettent du CO2 à l’échappement dès 2035. En clair, c’est un peu tout sauf les électriques !
Plus d’un an après la première annonce de la Commission européenne à ce sujet, les ultimes négociations viennent de commencer entre les trois grandes instances du Vieux Continent (Commission, Conseil, Parlement) pour fixer les règles de la décarbonation du marché automobile.
Il y a quelques semaines, le Conseil a lui-même ouvert la porte à deux alternatives au tout électrique, ce dernier étant rejeté par plusieurs États membres : l’utilisation de carburants s’ils sont neutres en carbone et l’hybridation rechargeable. En France, la collective du bioéthanol tente donc de plaider sa cause pour sauver l’E85. Grâce à une étude réalisée par l’IFPEN, elle met notamment en avant l’intérêt de la combinaison de l’hybride rechargeable avec l’E85. Pour elle, ce duo est aussi bénéfique pour le climat que le 100 % électrique.
La batterie pèse lourd pour l’électrique
L’IFPEN a étudié le bilan CO2 pour un modèle compact (segment C) vendu en 2022, utilisé pour de courts trajets du quotidien et de plus longs déplacements, type vacances. Le bilan tient compte de la production du véhicule et de 150 000 km parcourus. Si pour un véhicule essence sans trace d’électrification, le total est de 26 tonnes d’équivalent CO2, avec un modèle tout électrique, ce ne serait que 13 tonnes. À noter que l’IFPEN a pris en compte l’origine de l’électricité, avec un résultat meilleur en France qu’en Europe grâce au parc nucléaire hexagonal.
À lire aussi Essai Ford Kuga Hybrid Flexifuel E85 : les consommations issues de notre SupertestLe fait intéressant est que l’étude arrive aussi à 13 tonnes d’équivalent CO2 avec un modèle hybride rechargeable abreuvé à l’E85. L’étude a supposé que le véhicule fait 40 % des déplacements en électrique, le reste donc à l’E85 (avec pour mélange trois quarts de bioéthanol et un quart de sans-plomb classique). Si l’hybride a un bilan carbone plus élevé sur le plan de l’énergie utilisée pour faire avancer l’auto, sa batterie est bien plus petite. Or, celle-ci pèse lourd dans le bilan du modèle électrique.
Le carburant de synthèse améliorerait le bilan
Est-ce que cela en fait pour autant une solution pérenne ? Oui, toujours selon l’étude de l’IFPEN, qui a fait une projection en 2040 en prenant en compte des avancées technologiques, notamment dans la production des batteries pour les modèles électriques. Mais celles-ci profiteraient aussi aux plug-in. De plus, le bioéthanol pourrait être associé à un carburant de synthèse, sans pétrole, pour améliorer son bilan. Pour la production du véhicule et cette fois 250 000 km (ce qui fait quand même beaucoup), l’équivalent CO2 serait de 9 tonnes des deux côtés.
Pour la collective du bioéthanol, l’hybride rechargeable serait donc tout aussi intéressant que le 100 % électrique. La batterie de taille raisonnable permet de consommer moins d’énergie et de ressources naturelles pour sa production. Cela donne aussi des véhicules moins onéreux et plus polyvalents, en étant moins dépendants des bornes de recharge.
Reste qu’il faut convaincre l’Europe d’étudier les émissions tout au long du cycle de vie, ce qu’elle ne fait pas vraiment. Et convaincre aussi les marques, qui ne se bousculent déjà pas pour proposer des véhicules E85 !
Commentaires
Je roule avec une ioniq phev et fais 1,8 litre / 100 km.
En ce moment je mets du sp98 et de l'E85.
Je fais plus de 2 000 km par mois.
Avec de tels chiffres, on bat déjà toutes les voitures gasoil et essence.
J'ajouterai que cette technologie permet de jongler entre les énergies et leur coût.
D'autres études avait déja montré un résultat équivalent.
Car pour faire 40 km/jour pas besoin de se timballer 80 kWh de batterie dont la fabrication a necessité 110 kg de CO2/kWh...
Et puis on peut faire confiance a un organisme d'état, mondialement reconnu pour son expertise technique plutot qu'à des youtubeurs ou autres ONG a la rigueur scientifique discutable.
Et puis les lecteurs d'AP en moyenne sont conscient de l'interet des pHEV. 55% des lecteurs sont favorables aux pHEV
le E85 c'est assez performant, et non, même avec l'emprinte batterie, aucune autre étude n'a conclu que ça faisait mieux.
Mais le vrai problème n'est pas là : il n'y a juste pas assez de ressources nécessaire pour produire les volumes attendus.
Le E85, c'est destiné a rester une grosse niche d'un marché en conversion vers le VE, pas à remplacer le thermique, il manque un facteur 100.
Le problème, c'est qu'il n'y a pas non plus les ressources pour faire passer le parc mondial de VT a l'electrique : -( .
Donc en résumé l'idée c'est d'alimenter nos voitures avec de la bouffe qui consomme énormément d'eau, c'est ça ?
Si j'ai bien compris en lisant un peu de partout:
On plante du blé, maïs, betterave à sucre
On arrose : 400 litres d'eau par kg de céréale produit
On fabrique de l'huile (2,5 kg de céréale par litre d'huile) donc 1 m3 d'eau par litre d'huile
Un plein de 50 litres de E85 dans la voiture = env 42 litres d'huile = env 42 m3 d'eau
15 000 km / an = env 1000 litres essence = 850 litres huile = 850 m3 d'eau
Quand on sait que la consommation totale eau agriculture + domestique en France est de 100 litres d'eau par personne ou 200 litres par foyer ; avec le E85, on multiplierait donc la conso totale d'eau du pays par 5 ?
Ensuite on brûle l'huile dans le moteur (à 85%) : ça émet autant de CO2 que le moteur à essence (!!!)
Puis on déduit le CO2 capté par les céréales pour pousser.
On rajoute tout le gaz oil pour planter, faire pousser, récolter et transformer en huile les céréales
Et à la fin les plus enthousiastes sur la solution trouvent que les émissions CO2 en E85 sont de 60 à 70% de celles d'un moteur à essence normal.
Tout ça pour ça ?
Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que le bilan écologique global du E85 frise l'escroquerie
J'ai beau lire, j'ai plus qu'un doute. 42m3 d'eau par plein d'essence !
Alors oui c'est populaire parce que le carburant est vendu sans taxe donc 2 fois moins cher que l'essence. Mais ça ne veut absolument pas dire que c'est écologique.
Alors que le VE existe, fonctionne, pollue beaucoup moins ... mais demande un minimum d'effort pour planifier 3/4 grands trajets dans l'année ...
Je ne sais pas d'où vous sortez les chiffres d'une diminution des émissions de CO2 de 30 à 40%. Après quelques recherches, je suis tombé sur -60% à -70% d'émissions de CO2 du puits à la roue.
Quant à l'eau, elle ne disparaît évidemment pas après avoir servi à l'arrosage. En l'occurrence, elle se reforme lors de la combustion de l'E85.
La production de superéthanol est forcément limitée par les surfaces disponibles et il ne sera jamais possible de faire rouler tout le monde à ce carburant. Ca n'en reste pas moins de mon point de vue une piste intéressante pour diminuer les émissions de CO2 tout en assurant une certaine indépendance énergétique.
Sans parler de chiffres, je pense qu'il y a déjà malheureusement trop de personnes qui meurent de faim, donc cela ne sert à rien d'utiliser des céréales et autres (voir même huile de palme...) pour faire rouler des véhicules, non?
La question a se poser est : combien de pétrole brut faut-il utiliser pour obtenir un litre d'E85 ? Pour l'E85 il y a déjà avec 25 cl d'essence sans plomb (cela représente déjà plus de 25 cl de pétrole brut).
Plus on se rapprochera de 1l de pétrole brut pour produire 1 litre d'E85, plus il sera stupide d’aller extraire du pétrole…
Je ne vais pas m'attarder sur l'étude qui, comme toutes les études, va dans le sens de celui qui l'a commandée ! C'est quasiment impossible à vérifier. L'E85 est sans doute une bonne alternative à l'essence mais est-on en capacité d'en produire pour tout le monde ? J'ai un gros doute la dessus ou alors, ce sera au détriment du reste de nos cultures agricoles ce qui n'est pas envisageable !