Installé à Eygalières (13) depuis une douzaine d’années, Pierre Marlot a poussé une éco-réflexion qui l’a amené à faire des choix, dont celui de l’électromobilité. Après des années de bons et loyaux services de son premier VE, – un Kangoo Electri’Cité de 2003 -, il a voulu le remplacer par un modèle Maxi Z.E. 5 places. C’est finalement une Zoé, plus polyvalente, qui est venue s’ajouter à la flotte de l’hôte du Mas du Bout.

Préambule

A l’origine de cet article, il s’agissait de donner la parole à un utilisateur de l’ancienne génération de Kangoo électriques, passé ensuite à celui du programme Z.E. de Renault. L’idée était de recueillir un témoignage comparatif entre les 2 modèles. De passage en Bretagne, un ami me fournissait un nom et une adresse de messagerie.

Un rendez-vous téléphonique a rapidement été pris avec Pierre Marlot. Mais s’il a bien été question pour lui d’acquérir un Kangoo Z.E. en remplacement d’un vieillissant Electri’Cité de 2003, le prix des véhicules électriques neufs a finalement poussé notre interlocuteur à opter pour une Zoé. Son expérience n’en demeure pas moins très intéressante, liée à un parcours de vie original.

De la Belgique à la Provence

Après une formation scientifique en Belgique, Pierre Marlot est devenu ingénieur en architecture dans une précédente vie professionnelle. Le décès de son beau-père va le conduire à reprendre la maison familiale située à Eygalière, dans les Bouches-du-Rhône. « Ca a été un total changement de vie. Je suis parti pour la Provence, avec femme, enfants et bagages », commente-t-il.

C’est dans cette propriété, – Le Mas du Bout -, dressée au pied des Alpilles, qu’en famille il accueille les touristes et voyageurs dans ses chambres et à sa table d’hôtes . Douze ans après, il estime « très très chouette » le bilan qu’il peut tirer de son choix de vie. « Avant, je m’occupais des problèmes des gens, maintenant, c’est à leur bonheur que je me consacre ! », résume-t-il.

Kangoo Electri’Cité

« Depuis mon installation au Mas du Bout, je mène une éco-réflexion qui me pousse à trouver des solutions, en particulier pour la qualité de l’air », révèle Pierre Marlot. « Espérant dégoter un utilitaire électrique pour les chantiers à la propriété et l’approvisionnement des chambres d’hôtes, j’ai fait des recherches sur Internet et suis tombé sur la société Electric’Attitude qui à l’époque rachetait des voitures électriques par dizaines aux domaines. Mon choix s’est porté sur un ancien Kangoo électrique d’EDF, mis en circulation le 10 février 2003. Quand je l’ai acheté en avril 2009, 9.000 euros TTC, il avait 13.345 kilomètres au compteur. Il en a maintenant presque 80.000 », détaille notre interlocuteur.

Un achat assumé

« J’ai très rapidement été séduit par ce véhicule en l’utilisant. Il m’a appris à appréhender la route autrement du fait de sa faible puissance, et à rationaliser mes trajets à cause de sa petite autonomie. Avec 70 kilomètres, je peux, par exemple, faire des courses à Avignon et revenir. J’ai monté une galerie qui m’est parfois indispensable », témoigne Pierre Marlot. « Etonnés, les gens me demandaient d’ouvrir le capot pour voir le moteur.

On m’a parfois félicité pour ma démarche. On m’a aussi proposé de me racheter ce Kangoo. Depuis que je l’ai repeint aux couleurs du mas, en rose et mauve, il est parfois moqué », poursuit-il. Qu’importe ! L’engin continue à rouler et à rendre bien des services à son propriétaire. A noter qu’entre 2002 et 2006, le Kangoo électrique commercialisé par Renault en très petite série existait en 2 versions : Electri’Cité et Elect’Road. La seconde disposait en plus d’un prolongateur d’autonomie à essence de marque Lombardini.

Pannes et entretien

« Jusqu’en 2012, c’est le technicien volant de chez Renault, Alain Rolkowski, qui venait l’entretenir ou le réparer. A sa retraite, heureusement qu’un passionné de ces véhicules, Didier Petitot, a pu prendre la relève. Renault n’assume pas du tout ! Sans ce bricoleur de première, ce Kangoo ne roulerait vraisemblablement plus », estime Pierre Marlot.

Des pannes ? « Oui, et plusieurs ! », répond-il instantanément. A l’unique problème mécanique (perforation du carter d’huile du réducteur à cause de la casse du flexible qui assure l’amortissement de la transmission), se sont ajoutés ceux communément rencontrés sur cette génération de Kangoo, plus proche du prototype que d’un véhicule prêt à produire en grande série. Un connecteur qui fond car sous-dimensionné, un ventilateur de refroidissement qui ne tourne plus, et c’est le Ceve qui est a changé… ou du moins a tenter de réparer. Aussi coûteuse qu’une batterie de traction sur Zoé, et quasiment aussi grosse que l’unité centrale d’un PC, cette pièce gère toute l’électronique sur ces véhicules.

Du Kangoo à la Zoé

« Quand la Zoé est sortie, j’avais déjà signé un bon de commande pour un Kangoo Maxi Z.E. 5 places. Avec lui, j’espérais conduire mes hôtes jusqu’à leurs départs de randonnées et m’en servir comme assistance, au besoin, pour les vélos électriques », se remémore Pierre Marlot. Pourquoi avoir finalement décidé d’annuler la commande au profit d’une Zoé ?

« A cause du prix des Kangoo Z.E. bien plus élevé que celui d’une Zoé. Et puis cette dernière est une vraie voiture électrique, et pas un engin adapté d’un utilitaire thermique. Sur la Zoé, la banquette arrière est rabattable et on peut même l’enlever pour obtenir un petit utilitaire. La présence du chargeur caméléon était également importante à mes yeux, pour une plus grande rapidité de recharge », justifie notre interlocuteur qui est un peu remonté face à l’attitude de certains concessionnaires : « J’étais prêt à me déplacer jusqu’à 200 kilomètres de chez moi pour essayer un Kangoo Z.E., mais je n’ai jamais été rappelé. On dirait qu’ils freinent des 4 roues et ne veulent pas les vendre ».

Une Model 3 pour la suite ?

« J’ai essayé la BMW i3 : suspension très dur et hors de prix ! Et la Volkswagen e-Golf : On voit nettement qu’elle a été réalisée à partir d’un modèle thermique. Nous avons d’ailleurs une Golf pour les trajets plus lointains. Egalement testée la Smart ED, en souvenir du modèle à essence que j’avais en Belgique, – le numéro 80 pour ce pays. J’aimerais maintenant découvrir la nouvelle Nissan Leaf. La Tesla Model S, trop grosse, n’est pas adaptée aux petites routes de Provence. J’attends la Model 3 pour m’en faire une opinion et, pourquoi pas, patienter ensuite, le temps nécessaire à la trouver sur le marché de l’occasion à un prix abordable », énumère Pierre Marlot, lorsqu’il s’agit d’imaginer le renouvellement de son parc automobile dans les prochaines années.

« Mon épouse est encore gênée par l’autonomie de notre Zoé de première génération, et par le temps d’attente pour la recharger lors des déplacements plus longs », complète-t-il.

Des VE en location et des bornes au Mas du Bout

S’il y a des véhicules électriques en location au Mas du Bout, ce ne sont pas des voitures, mais des VAE. « Pour les voitures, et même pour les vélos, c’est compliqué au niveau de l’assurance responsabilité lorsqu’il s’agit d’en proposer à la location. Pour les VAE, nous passons par Sun-e-Bike qui a ouvert en Provence. Cet opérateur fournit les contrats de location et reverse une commission », rapporte Pierre Marlot. Et ça marche ? « Trop tôt pour le dire : nous n’avons ouvert le service que depuis une quinzaine de jours », nous répond-il.

Notre interlocuteur est par ailleurs actif dans le développement des parcours « Destination vélo » des parcs naturels régionaux des Alpilles et de Camargue. Le Mas du Bout est équipé de 2 bornes de recharge pour véhicules électriques. « Il y en a une petite de 3 kW de puissance, placé par Renault avec l’achat de la Zoé. Elle n’a servi que 4 fois ! Et puis nous avons une borne accélérée 22 kW avec télé-information Hager Witty. Elle a été utilisé pour la recharge de plusieurs de nos hôtes : 3 Tesla Model S, une BMW i3 et des Renault Zoé », chiffre notre interlocuteur.

Les bornes du département

« Ici, le maire n’est pas très chaud pour tout ce qui est technologies nouvelles. C’est la communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles qui s’occupe d’installer des bornes. L’agent en charge de cette tâche ne connaissait pas les voitures électriques. Je lui en ai fait essayer une et lui ai donné quelques recommandations : bornes rapides, avec les câbles attachés, et pas à proximité des places réservées au stationnement des personnes à mobilité réduite », relate Pierre Marlot. Amer, il rend compte : « Au final, à Eygalières, c’est une bornes accélérée qui a été installée il y a 3 mois près de l’entrée de la salle des fêtes, sans câble attaché, payante, compatible avec aucune des cartes que nous pouvons avoir ici. J’ai cherché sur Internet : le réseau Alizé, par Bouygues, c’est surtout pour le Nord-Ouest ».

Occasions ratées

Pierre Marlot déplore : « Avec le matériel installé par la communauté de communes, on rate une occasion de promouvoir et développer la mobilité électrique. Une borne de recharge, ce n’est pas pour les habitants du village, mais pour les gens de passage. Mais comme le travail est confié à des personnes qui n’ont ni la compétence ni la volonté, alors le dossier est sous-traité puis mené en dépit du bon sens ».

Des exemples d’occasions ratées, notre interlocuteur en a d’autres à avancer : « Il faut réserver les places pour les bornes de recharge à des endroits peu fréquentés, et non comme le font Ikea ou Leclerc à l’entrée des magasins. A l’Intermarché d’Orgon, les places pour la recharge sont perpendiculaires au stationnement, avec le risque de se faire emboutir la voiture sur un côté. Elles ne sont que peu utilisées, d’autant plus que ce sont des bornes lentes à activer par SMS ».

A Marseille

« On entend de tout et n’importe quoi au sujet des véhicules électriques. En déplacement à Marseille, j’ai interpellé sur l’absence de bornes de recharge une personne qui me semblait être responsable du parking où je venais de garer ma voiture. Il m’a répondu que ce matériel est interdit par la préfecture dans les parkings souterrains à cause des risques d’explosion », se désole notre interlocuteur

. Il pousse aussi un coup de gueule concernant l’équipement du parc Terrasses du Port : « Il y a 36 prises au total, disposées par 6 à chacun des 6 étages du bâtiment. Mais ce sont des prises P17, comme dans les campings ! Inutilisables ! Et ça a été fait il y a 2 ans seulement ! ». Sur ChargeMap, on peut lire concernant ce site que « des adaptateurs sont disponibles à l’accueil du parking », mais que des utilisateurs de Zoé n’ont pas pu en disposer « en raison d’une panne provoquée précédemment par la charge de l’une d’entre-elles ».

Automobile Propre et moi-même remercions vivement Pierre Marlot pour sa réactivité et sa disponibilité.