Plus de 60 000 bornes de recharge sont désormais disponibles en France, et le secteur est en pleine expansion. Les immatriculations de véhicules électriques ont représenté plus de 10 % de tous les véhicules neufs vendus en France au cours du premier trimestre 2022. Des études récentes ont montré que près de 6 Français sur 10 envisageraient d’acheter une voiture électrique d’ici 2030. Pour les chiffres définitifs, 162 106 voitures électriques vendues en France en 2021, soit une augmentation de 46 % par rapport à 2020. En 2022, il devrait y avoir 600 000 véhicules 100 % électriques sur les routes et 400 000 hybrides rechargeables. Ce qui ferait un total d’un million de véhicules électrifiés.
Ce contexte permet de comprendre l’ampleur du défi que représente l’infrastructure de recharge. Les progrès réalisés dans ce domaine sont également significatifs. Le nombre de bornes de recharge en France pour les voitures électriques était de 53 667 à la fin du mois de décembre 2021. Il s’agit d’une augmentation de 64 %. En outre, plus de 21 000 bornes de recharge supplémentaires ont été installées tout au long de l’année.
C’est une augmentation significative, mais ce n’est pas suffisant. Le gouvernement français s’était engagé à mettre en place 100 000 points de charge en France d’ici 2021. Nous en sommes loin.
Cela étant, la course à la charge rapide est désormais bien lancée, et les acteurs commencent enfin à se bousculer sur ce secteur. De nombreux opérateurs voient le jour, et ceux qui sont déjà installés promettent des lendemains qui chantent avec des offres de plus en plus alléchantes à base de stations et de points de charge toujours plus nombreux et puissants.
Mais certains opérateurs commencent à se faire remarquer en raison de leur offre, que ce soit d’un point de vue qualitatif ou pour l’originalité du service proposé. De nombreux indices semblent vouloir démontrer que trois d’entre eux font actuellement la course en tête. Bien sûr il s’agit d’un podium totalement virtuel qui n’engage que nous, et qui va très probablement être fortement bousculé dans les prochains mois, mais les signaux sont en tout cas encourageants pour la communauté toujours plus nombreuse des électromobilistes.
Fastned, le hollandais volant
Encore inconnu dans nos vertes contrées il y a seulement quelques mois, mais déjà présent dans 8 pays, l’opérateur néerlandais connaît actuellement une croissance éclair en Europe et plus précisément dans l’Hexagone, où le déploiement de nouvelles stations semble se faire au pas de charge. Si Fastned n’est présent en France que depuis quelques mois, puisque les premières stations de l’opérateur ont ouvert fin 2021, le développement dans notre pays accélère sérieusement suite à la signature de nouveaux appels d’offres qui vont très largement étoffer son réseau, avec notamment 3 nouvelles stations dans le sud avec ASF et 18 pour le compte de Sanef, dans le nord. Une fois ces nouvelles stations ouvertes, Fastned comptera déjà une trentaine de sites installés en France. Pas mal pour un « petit nouveau ».
Nouveau ? Pas vraiment en fait. Si le nom de cet opérateur était encore méconnu récemment par ici, il faut savoir que ses fondateurs ont eu le nez creux puisque la société a été fondée en 2012. Pas très vieux à l’échelle de l’économie traditionnelle, mais la préhistoire en matière d’électromobilité.
La recette du succès de Fastned et des excellents retours de ses utilisateurs repose sur quelques principes qui paraissent évidents de prime abord, mais qui ne le sont finalement pas tant que cela quand on voit l’offre de certains concurrents : des stations proposant au minimum 14 points de charge, dont 8 « haut débit » (entre 150 et 300 kW), abritées, avec une facturation transparente au kWh, acceptant le paiement par carte de crédit… et qui fonctionnent. Simple, basique. Résultat, il suffit de lire les forums et commentaires consacrés au sujet dans les blogs et sur les réseaux sociaux pour comprendre la cote de popularité de cet opérateur qui a tout compris.
Erratum : dans cette section, nous indiquions que Fastned était déjà rentable, alors que c’est faux. Nous corrigeons donc : si la croissance de Fastned est très forte et devrait conduire à la profitabilité rapidement, l’opérateur a encore enregistré 24,6 millions d’euros de pertes lors de son dernier exercice pour un chiffre d’affaires de 12,4 millions (le CA a doublé par rapport à l’exercice précédent). Sur le même exercice L’EBITDA opérationnel a progressé de 171% à 2,4 millions d’euros. Merci à l’auteur de ce commentaire pour sa vigilance.
Electra, la start-up qui a tout d’une grande
Electra est une entreprise française créée il y a à peine deux ans, et qui semble déjà bien lancée sur la voie du succès, et de la consolidation qui va avec. Quand on observe l’offre de cet opérateur très récemment arrivé sur le marché de la recharge, on constate que tous les signaux semblent favorables. Tout d’abord une importante levée de fonds d’amorçage (15 millions) qui témoigne de la confiance du marché dans la feuille de route des fondateurs. Ensuite, une vision claire de la stratégie de déploiement, visant un segment de marché pour le moment peu investi par les autres opérateurs, à savoir la recharge en agglomération. Ce qui conduit Electra à afficher une ambition de développement résolument volontaire d’ouverture de 150 stations d’ici fin 2023 (pour comparaison, Ionity compte aujourd’hui une centaine de stations en France). Pour financer cette croissance express, Electra va recourir à une nouvelle levée de fonds. Mais ce n’est pas son seul atout. Comme Fastned, Electra a bien compris comment faciliter la vie de l’électromobiliste, et propose en bonus un service original et pour le moment exclusif, la possibilité de réserver sa borne à l’avance (dans un laps de temps réduit pour ne pas pénaliser les autres utilisateurs).
Ionity, la force tranquille
On ne présente plus le géant d’origine teutonne de la recharge rapide. Si ses premiers pas en France semblent avoir été quelque peu chaotiques, avec une fiabilité assez aléatoire des bornes et un déploiement freiné par la pandémie, Ionity a désormais atteint son rythme de croisière, et les ouvertures se succèdent avec une régularité presque métronomique. Il faut dire que l’opérateur dispose de quelques moyens, puisqu’il est le fruit d’un consortium regroupant les principaux constructeurs automobiles allemands et maintenant coréens (et même Nissan plus récemment). Résultat, une centaine de stations haut débit en France, et de nouvelles ouvertures presque tous les mois sur tout le territoire. Le tout accompagné par une hotline efficace et réactive si l’on en croit les retours des clients. La fiabilité semble désormais au rendez-vous, même si certains utilisateurs reprochent encore à cet opérateur sa facturation à la minute et non pas au kWh (alors que cela arrange ceux qui disposent d’une voiture capable d’encaisser une grosse puissance de charge), et le fait que la grande majorité de ses stations ne comptent généralement que 4 bornes à haut débit.
Côté programme de déploiement, Ionity, qui compte actuellement 400 stations en Europe, prévoit justement non seulement de poursuivre l’ouverture régulière de nouvelles stations, mais également de densifier le nombre de points de charge sur les stations déjà en service. Au total, Ionity prévoit l’ouverture de 1 000 stations en Europe d’ici à 2025, dont plus de 170 en France. Pas mal pour une entreprise lancée en 2017. Un programme boosté par la dernière levée de fonds de 700 millions d’euros, avec cette fois dans le tour de table le fonds d’investissement Blackrock, signe que le secteur commence à sérieusement attirer les géants de la finance internationale.
Voilà pour le podium. Mais comme nous l’indiquions en introduction, celui-ci est appelé à bouger, et de nombreux challengers sont prêts à prendre la place, citons par exemple et entre autres ChargeGuru, Allego, Stations-E et bien d’autres. N’oublions pas évidemment le pionnier Tesla, qui continue à faire la course en tête avec plus de 100 stations en France représentant 1 000 points de charge (Tesla est l’opérateur installant le plus grand nombre de bornes par station) et plus de 600 en Europe, pour plus de 6 000 points de charge, et qui devrait ouvrir progressivement son réseau à toutes les marques d’ici fin 2022, en tout cas en France et dans d’autres pays tests.
Sans faire preuve d’un excès d’optimisme, et à condition que tous les opérateurs déjà présents respectent leur feuille de route, on peut d’ores et déjà dire que la question de la recharge ne sera plus vraiment un sujet d’ici un à deux ans, et qu’il sera pratiquement aussi facile de se déplacer sur les principaux axes européens en électrique de n’importe quelle marque qu’en Tesla… ou qu’en thermique.
Peut-être alors que ce maillage du réseau de recharges incitera les constructeurs à mettre un coup d’arrêt à la course à l’autonomie, aux grosses batteries, et donc au surpoids des voitures. Pour le bénéfice de tous ?
Je suis assez surpris de ne pas voir Total dans ce classement. Ils ont choisi la stratégie du déploiement dans leur station service. ais dans les faits; Total a déployé plus de stations qu’Electtra. Et pas un mot de DBT non plus.
Bonjour à tous,
Je m’étonne d’un tel enthousiasme pour Fastned. A 0,80 € le kWh c’est de l’arnaque.
Total pratique le même prix dans ses rares stations équipées.
Il est impératif de fuir ces fournisseurs qui rendent l’utilisation d’un VE au moins deux fois plus cher que le thermique !
Comment peut-on mettre Electra dans dans le top 3 du classement, alors qu’ils n’ont que deux stations en exploitation, si on n’y met pas Tesla ou Allego (bien que cités dans les petites lettres), qui ont clairement une longueur d’avance et déjà fait leur preuve ? Sans parler de Power Dot dont on n’a jamais entendu parler et qui débarque aujourd’hui avec une levée de 150 M€ et déjà plus de 40 stations en France.
Il y a un petit opérateur aussi qui ouvre de plus en plus de bornes à tout le monde. Je crois qu’il s’appelle Tesla. Vous connaissez? :-)
Étonnant qu’il n’y ait aucun pétrolier dans la liste… Que font Total, Shell et les autres ?
J’apprécie la démarche d’Electra: ce qui manque le plus à mon sens ce sont les bornes urbaines à 40-50 kwh qui permettent à ceux (j’en fais partie) qui ne peuvent charger à domicile d’envisager sereinement le VE pour un usage courant. Avec ma TM3 de base, en 45 minutes j’ai de quoi rouler toute la semaine. Par contre la borne de cette puissance la plus proche est à 10km, du coup je me contente le plus souvent des 11 kwh des bornes classiques.
on est au milieu du niveau 3 de l’échelle que j’ai inventée :
niveau 1 : on cherche les bornes
niveau 2 : on cherche les bornes avec un moyen de paiement compatible avec ce qu’on a : badge machin, appli truc, cb qui fonctionne….
niveau 3 : les stations sont partout, plus besoin de chercher, et plus besoin de badge, c’est appli smartphone sans abonnement ou CB (Fastned, Tesla…)
niveau 4 : plug and charge sur toutes les bornes
niveau 5 (le Graal) : plug and charge ET interopérabilité > aucun badge ou appli nécessaire, et la borne applique elle-même l’abonnement ou le forfait le plus avantageux auquel vous êtes abonné… oui je rêve un peu !
Merci pour cet article, très instructif.
J’ai découvert Electra, un réseau auquel je n’avais pas prêté attention jusqu’à présent.
Il fournit, ou fournira, des alternatives intéressantes à Ionity pour certains de mes trajets. Le tarif est très attractif, et les stations sont facilement accessibles depuis les autoroutes. En plus, 8 places, c’est l’idéal.
Il faudrait que Ionity se bouge sur le nombre de bornes par station, car la concurrence est clairement en embuscade. Pour le plus grand bien des électromobilistes !
« Ah, et au fait, Fastned est déjà rentable… » Si seulement ! (voir p71 du rapport annuel https://presspage-production-content.s3.amazonaws.com/uploads/2519/2021annualreport.pdf?10000 )
ABRP ne connait pas Electra comme « réseau » , des infos ?
l’étape d’après et la plus importante : le prix !
Aujourd’hui force est de constater que (pour une tesla model 3 LR) , ionity est particulièrement compétitif : 0.79€/min ca donne du 0.38€/kWh de 10-20 à 70%.
Et pas besoin d’abonnement.
Juste après ionity dans le classement, les supercharger tesla qui sont toujours loin devant en terme de nombre, de simplicité (même pas besoin de carte ou code, on arrive on branche et ca recharge) et de fiabilité. Mais le prix est autour de 0.50€/kWh maintenant….
Fastned est loin derriere , avec les autres de cet article , parce qu’ils sont quasi inexistants en nombre de bornes , comparé à ionity et encore plus tesla supercharger.
Tiens, je ne savais pas que Ionity faisait des stations de recharge off-shore… Pour les bateaux électriques?
Qu’attendons-nous d’une station de recharge? Certains font des grandes enquêtes, dépense du pognon de dingue dans des cabinets pour trouver la solution. Et pourtant elle tient en une phrase, prononcée ici à propos de Fastned:
« abritées, avec une facturation transparente au kWh, acceptant le paiement par carte de crédit… et qui fonctionnent »
Watt else? :-)