Voiture électrique flotte entreprise

Sans crier gare, l’Etat a supprimé le bonus écologique sur les voitures électriques pour les entreprises. De quoi faire chuter les ventes ?

Après plusieurs semaines d’attente, et donc de flou, les nouveaux montants du bonus écologique ont été officialisés avec le décret n°2024-102 paru au Journal officiel le 13 février. Ce décret a notamment acté la baisse de l’aide pour la moitié la plus aisée des ménages français.

Mais cela n’était pas une découverte, l’info circulait depuis quelques temps. En revanche, le texte a réservé de nombreuses autres surprises, et pas des bonnes. Pour les entreprises, c’est la douche froide. Déjà, le bonus sur les utilitaires est raboté de 1.000 €. Surtout, sur les voitures, l’aide est purement et simplement supprimée pour les personnes morales.

Pour rappel, avant le décret, les voitures électriques neuves (de moins de 47.000 €) achetées par les entreprises étaient aidées à hauteur de 3.000 €. L’Etat a donc décidé de passer directement à 0 € sans palier intermédiaire !

Cette décision inattendue semble faire suite au succès du leasing social. Face à la demande, avec plus de 50.000 dossiers déposés au lieu de 20.000 à 25.000 souhaités à la base, le leasing va coûter bien plus cher que prévu. Or, l’enveloppe des aides à l’achat en 2024 est de 1,5 milliard d’euros et cela ne changera pas. Il a donc fallu faire des arbitrages après l’envolée des dépenses côté leasing et la volonté de maintenir un bonus de 7.000 € pour la moitié des ménages la moins aisée. Les entreprises en sont les premières victimes.

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Pour ceux qui doivent gérer une flotte, c’est donc une mauvaise nouvelle qui leur tombe dessus, alors qu’ils s’inquiétaient déjà du flou qui régnait depuis fin décembre et qu’ils ne cessent de réclamer de la visibilité à long terme sur ces aides pour mieux gérer les achats.

Moins d’électriques sur le marché de l’occasion ?

La suppression du bonus sur les voitures est d’autant plus surprenante que les sociétés avec une grande flotte ont des obligations légales d’achat de véhicules à faibles émissions. Il y a quelques jours, l’ONG Transport & Environment pointait déjà du doigt celles qui n’étaient pas dans les clous. Mais aussi le fait que certaines privilégient les hybrides rechargeables au détriment des 100 % électriques. Sans bonus, le rythme d’adoption de l’électrique dans les entreprises peut en prendre un coup.

Du côté du ministère de l’Ecologie, on assume. Cité par nos confrères d’Autoactu, le cabinet du ministre Christophe Béchu dit que le maintien de cette aide n’était pas “indispensable”. Il souligne que les utilitaires sont toujours aidés, “pour ne pas léser les PME et artisans”. On peut comprendre entre les lignes que les grosses flottes peuvent supporter la fin du bonus sur les voitures, d’autant que la guerre des prix entre les constructeurs est pleinement lancée et rend les véhicules à grande autonomie plus accessibles.

Justement, les constructeurs ont surement aussi eu une mauvaise surprise face à cette décision, alors que les entreprises sont un débouché important pour écouler les véhicules électriques. Sans bonus qui allège la facture, les ventes d’électriques pourraient baisser dans les prochaines semaines, alors que des marques avaient déjà constaté un ralentissement de la demande.

Indirectement, ce choix peut aussi impacter les particuliers. Car les électriques prises en location par les sociétés servent ensuite à alimenter le marché de la seconde main.